Selon certaines données, jusqu'à 90% des automobilistes québécois avaient déjà la bonne habitude de chausser leurs véhicules de pneus d'hiver. Quoi qu'il en soit, le gouvernement en a rendu l'usage obligatoire l'an dernier.

Chaque année, de nouveaux produits font leur apparition. Certains font appel aux plus récentes technologies, alors que d'autres sont de pâles copies des meilleurs et correspondent à peine aux normes minimales.

La plupart des manufacturiers de notre match de 2009-2010 sont des invités réguliers (par exemple Michelin, Pirelli, Yokohama et Nokian); d'autres, comme Continental, ont augmenté leur participation. Certains ont refusé notre invitation, invoquant des restrictions budgétaires, ce qui explique que vous ne verrez pas leurs produits dans notre tableau comparatif.

Comme d'habitude, nous avons évalué chaque pneu sur différentes surfaces (glace, neige durcie, macadam mouillé). Nous remercions le complexe ICAR de Mirabel, qui a mis à notre disposition ses installations pour les tests mesurés par ordinateur et quelques exercices spécifiques. Les essais portent également sur des routes secondaires et des portions d'autoroutes - notamment pour nos essais au sonomètre - afin de corroborer toutes les données. Les tests classiques comprennent des accélérations et des freinages, différents types de virages, des changements de voie et des slaloms. Finalement, une évaluation subjective, qui compte pour une infime partie de l'évaluation globale, ajoute une touche personnelle et nous permet d'établir notre classement. Les différences entre certains produits sont minimes, mais d'autres sont marquantes.

Voici le classement de notre test de pneus d'hiver 2009 dans la dimension 185/65R15; ces pneus sont destinés à des voitures sous-compactes comme la Honda Fit. Les pneus pouvant être munis de crampons sont indiqués par la mention (c).

On peut consulter le classement et la description complète des pneus testés en cliquant ici.

1- Michelin X-Ice II

Aucun candidat n'est parvenu cette année à déloger le X-Ice II de son piédestal. Nous avons pourtant été implacables à son endroit, et nous avons vérifié deux fois nos données pour déterminer s'il était encore la référence. Sa semelle ne semble pas la plus accrocheuse, mais le composé de sa gomme fait merveille. Il s'agit d'un pneu symétrique et directionnel avec une bande centrale pour la stabilité et des blocs lamellisés qui servent de ventouses au sol. Il est assurément le plus agréable en conduite normale. Mais il s'agit de l'un des concurrents les plus chers du match.

2- Nokian Hakkapeliitta 5 (c)

Il s'agit d'un autre classique. Nokian conçoit ses pneus d'hiver au nord de la Finlande, dans le cercle polaire, depuis des générations. Chacun de ses produits est le fruit d'études poussées, et aucun n'a vraiment déçu au fil des ans. Certains sont équipés de crampons en usine. Pour ses performances pures, notre Hakka 5 était le meilleur, mais il manquait un peu d'adhérence latérale à basse vitesse et a perdu de précieux points sur le plan du silence de roulement et de l'agrément de conduite face au X-Ice Bibendum. Il est cher, comme le produit Michelin; mais, comme le dit l'adage: c'est plus que du bonbon...

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Michelin X-Ice II.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Nokian Hakkapeliitta 5.

3- Continental Extreme Winter Contact

Une belle surprise qui nous a fait dire que Continental avait finalement compris que nous avions des vrais hivers au Québec et que nous ne roulions pas continuellement à haute vitesse sur des autoroutes. Au mois de mars dernier, nous avons eu droit aux premiers exemplaires de l'Extreme, arrivés par avion le matin même du test. Ce Continental possède une semelle asymétrique impressionnante qui permet de bien garder le cap, de fournir des performances louables et de fournir une douceur de roulement comme l'aiment les Québécois. Après tout, n'oublions pas que la majorité des automobilistes roulent sur l'asphalte sec plus de 85% du temps en hiver. Certains acheteurs vont se laisser séduire par son design attirant et ils n'auront pas tort.

4- Bridgestone Blizzak WS-60

Longtemps le roi des pneus d'hiver, le Blizzak est encore fort recommandable. Arrivé en renfort, le modèle WS-60 redore le blason de Bridgestone. Mais pas assez pour monter sur le podium, qu'il rate par quelques dixièmes de point. Malgré tout, il demeure dans le peloton de tête. Bridgestone privilégie les semelles conventionnelles et symétriques, mais le secret de son adhérence réside encore une fois dans la gomme, ce qui confère au WS-60 de solides accélérations et un excellent freinage. Il est cependant moins accrocheur à haute vitesse que ses principaux rivaux (X-Ice et Hakka 5) et aussi plus bruyant. Ceux qui affectionnaient le WS-50 (qui s'usait un peu plus rapidement) ne seront pas déçus, puisque la longévité et la résistance aux impacts du WS-60 sont supérieures.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Continental Extreme Winter Contact.

Photo Bridgestone

Bridgestone Blizzak WS-60.

5- Yokohama Ice Guard IG 20

L'IG 20 est un harmonieux compromis qui n'est doublé au classement que par des pneus de dernière génération plus avancés sur le plan technologique. Sûrement un des plus doux et des plus silencieux sur la route, l'IG 20 accuse cependant déjà son âge, et Yokohama doit déjà concevoir son remplacement au Japon. À noter le peu de différence de points entre les 3e et 5e rangs de notre classement. Deux des atouts de l'IG 20 sont probablement son prix plus abordable que celui de ses concurrents ainsi que les réactions plus prévisibles de sa semelle fortement lamellisée face aux éléments extérieurs.

6- Continental ContiWinter Viking 2 (c)

Jusqu'à ce que l'Extreme débarque chez nous, les Conti Viking 2 et 3 étaient ce que Continental nous offrait de mieux. Des produits bien pensés avec leur semelle asymétrique capable d'avaler les kilomètres sur la grande route grâce à leurs deux nervures centrales longitudinales. Ce qui, par contre, réduit un peu leur performance dans la neige profonde ou sur la glace. Même si le Viking 2 est déjà en phase de remplacement par l'Extreme, sur lequel Continental fonde beaucoup d'espoir, il constitue encore un pneu fort recommandable. Par contre, on ne les retrouve pas dans les mêmes réseaux de distribution cette année.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Yokohama Ice Guard IG 20.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Continental ContiWinter Viking 2.

7- Pirelli Winter Carving Edge (c)

Bienvenue dans le domaine de la copie conforme! Comment un produit fabriqué en Espagne comme le Winter Carving Edge peut-il être quasi identique à un autre fait en Allemagne et à un troisième provenant de Chine? C'est pourtant ce que le consommateur averti constatera s'il place côte à côte un Pirelli Winter Carving, un General Altimax Arctic et un Sunny Winter-Grip. C'est comme si les manufacturiers s'étaient échangé les moules tout en gardant jalousement et précieusement la formule chimique de leur gomme. En effet, c'est le Pirelli qui s'en tire avec les meilleurs résultats à notre test (face à ses deux clones), grâce à une semelle nettement plus progressive et une douceur de roulement vraiment étonnante, et ce, par rapport aux cinq pneus du peloton de tête.

8- Gislaved Nord Frost 5 (c)

Un de nos coups de coeur d'il y a quelques années (la version 3 en 2006), le Nord Frost en version 5 n'a plus ce petit quelque chose que nous aimions. La principale différence vient de la gomme plus dure de la semelle, qui peut lui donner une longévité améliorée, mais qui peut nuire à sa capacité de s'accrocher. Le Gislaved - le nom d'une ville suédoise et d'un fabricant de pneus passé dans le giron de Continental - a surtout été le lot des concessionnaires Volvo pour les pays nordiques. On apprécie le Nord Frost 5 pour son adhérence latérale et sa traction, mais il demeure plus bruyant et moins agréable sur la route que ses principaux rivaux.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Pirelli Winter Carving Edge.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Gislaved Nord Frost 5.

9- General Altimax Arctic (c)

Continental, qui a lancé une importante offensive en Amérique du Nord, a fait de l'Altimax Arctic un harmonieux compromis qui représente une bonne valeur qualité-prix. Les accélérations et les freinages sont moins sentis qu'avec les cinq pneus du peloton de tête, mais l'Altimax s'en tire assez bien à basse vitesse, grâce à une bonne traction en virage. Dépourvu de nervure centrale, il est cependant moins stable et inspire moins de confiance à grande vitesse sur les autoroutes. Par contre, il est tout désigné en ville (exemple: pour se sortir de sa place de stationnement après une grosse bordée de neige!) ou sur les routes de campagne.

10- Semperit Speed-Grip

Voici un pneu atypique qui a le mérite d'être plus abordable parce qu'il est fait en Slovénie. Pour la petite histoire, Semperit est davantage une entreprise multidisciplinaire qui produit autant des courroies que des gants chirurgicaux. Malgré tout, les pneus portant la griffe Semperit ont tout de même une réputation et une tradition qui se traduisent par des performances moyennes dans la neige et un silence de roulement acceptable. Si le prix du Semperit est l'équivalent d'un pneu d'origine chinoise, le Speed-Grip sera cependant un meilleur choix. Par ailleurs, sa distribution est limitée et il faut parfois chercher les détaillants.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

General Altimax Arctic.

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Semperit Speed-Grip.

11- Aurora W 430 Winter Radial (c)

Cette marque associée à Hankook offre des pneus à neige dont le rendement est comparable à celui d'il y a une décennie. On garde la meilleure technologie pour la marque principale et on refile l'ancienne à la marque secondaire. Son usure est modérée et on peut lui ajouter des crampons, ce que nous avons fait avec un résultat aussi intéressant que bruyant.

12- Sunny Winter-Grip SN3830 (c)

Le parfait exemple de l'industrie chinoise: on part d'une carcasse classique sur laquelle on vulcanise une semelle qui donne une excellente impression, mais dont le rendement est plutôt limité. À première vue, on est attiré par le design, mais les performances ne suivent pas. Le Sunny (curieux nom pour un pneu à neige...) présente une semelle copiée chez d'autres manufacturiers. Le plaisir de la conduite est aléatoire et tout au plus pourra-t-on apprécier son rendement à basse vitesse. Son principal avantage est son prix alléchant.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Aurora W 430 Winter Radial.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Sunny Winter-Grip SN3830.

13- Saxon Snow Blazer (c)

Le Saxon fait partie de ces produits qui se vendent à prix coupés. Ils sont légion dans notre marché et leur nom contient souvent des mots évocateurs comme «Glacier» et «Winter». Les commerçants spécialisés en offrent comme produit bas de gamme, mais ce sont surtout les grandes surfaces qui en font leurs choux gras. Certes, ils sont certifiés «hiver» et affichent fièrement le pictogramme réglementaire, mais leurs performances sont bien en deçà de nos attentes. Ce Saxon à la technologie vétuste est fabriqué aux États-Unis et ne devrait pas être utilisé au nord du 49e parallèle. Il ne faut pas s'attendre à des miracles, et son adhérence équivaut à un bon pneu quatre saisons, sans plus.

Les crampons

Il restera toujours un groupe d'automobilistes qui aiment bien les crampons pour des raisons aussi diverses que la hantise de la glace sur laquelle ils font merveille ou parce qu'ils vivent ou se rendent au fond des bois.

Rivés dans une semelle au départ très moyenne, les crampons (ou petits clous) ajoutent confiance et traction sur des chemins de traverse. Il en coûte entre 15$ et 20$ pour ajouter une centaine de crampons dans des orifices prévus pour cela.

Il faut cependant les changer pour des pneus quatre saisons dès les premiers rayons de soleil printaniers, puisqu'ils sont permis au Québec du 15 octobre au 1er mai. Si vous voyagez beaucoup, prenez note que les pneus à crampons ne sont pas acceptés dans tous les États américains et les provinces canadiennes.

L'auteur tient à remercier Michel Poirier-Defoy, chroniqueur automobile à CKAC Sport 730 et pour L'Auto 2010, pour sa précieuse collaboration à ce match, ainsi que le complexe de sports motorisés ICAR de Mirabel, Atelier Yvon Lanthier de Saint-Hippolyte (pour la pose des pneus), Pneus Mondial, Honda Canada (pour les Honda Fit) et Les Pneus Robert Bernard.

Photo Jean-François Guay, collaboration spéciale

Saxon Snow Blazer.