Ford Motor Co. a annoncé ce matin ses résultats financiers du printemps dernier et il y avait dans le texte un mot qu'on ne lit pas souvent ces jours-ci dans l'industrie automobile : profit.

Ford a annoncé avoir un engrangé 2,3 milliards de dollars américains en profits durant le trimestre du 1er avril au 30 juin, bien mieux que ce que les analystes de Wall Street s'attendaient à lire. Ces résultats tranchent avec le pessimisme des analystes, qui s'attendaient à une perte d'environ 1,5 milliard. Mais -et c'est un gros mais - Ford souligne dans son annonce de ce matin que le profit trimestriel est le résultat d'un gain de 3,4 milliards qui n'arrivera qu'une fois. Ce gain est un effet non récurrent de la restructuration récente de sa dette, une opération qui se révèle encore plus avantageuse que prévu.

Sans ce gain dû à ses prouesses financières, Ford aurait inscrit une perte d'exploitation de 434 millions (638 millions$, si on ajoute diverses taxes). Or même à 638 millions, cette perte trimestrielle est encourageante à plusieurs niveaux.

D'abord, comme on l'a dit, les analystes et investisseurs s'attendaient à ce que ce soit plus de deux fois pire (1,5 milliard). En outre, c'est moins mauvais que la perte abyssale de 8,7 milliard qu'elle avait subi au printemps 2008, à l'époque où les ventes de 4X4 frappaient un mur à cause de la flambée du prix de l'essence.

Autre signe encourageant, Ford a aussi annoncé qu'elle a réduit considérablement ses dépenses, si bien qu'au lieu de dépenser 3,7 milliard de plus que ses revenus, comme au printemps 2008, elle a baissé cet excédent à 1 milliard.

L'amélioration des finances de Ford s'est fait malgré des revenus trimestriels 29% moins bons (27,2 milliards) que ceux du printemps 2008 (38,6 milliards).

Cette bonne gestion donne de la crédibilité au vaste programme de transformation lancé par Ford bien avant la crise. Ford a encore du pain sur la planche pour table pour retrouver la rentabilité, mais il y a beaucoup moins de gens aujourd'hui qui craignent de voir Ford obligé d'emprunter des fonds d'urgence au gouvernement américain.

Si une embellie économique survient, Ford pourrait s'en tirer et demeurer la seule des Trois de Detroit à avoir évité la honte de quêter le gouvernement pour survivre à la présente crise.

Maintenant, la plupart des analystes pensent que Ford va se rendre sans difficulté jusqu'à la fin de 2010, mais ils sont préoccupés par sa dette de plus de 28 milliards. La compagnie a déjà annoncé qu'elle travaille activement à des solutions financières pour améliorer cet aspect de son bilan et prévoit qu'elle sera rentable en 2011.

Est-il besoin de rappeler que General Motors et Chrysler ont dû non seulement être quasiment nationalisées par les gouvernements américain et canadien, mais en plus ont dû se mettre en faillite pour réduire leurs dettes.

«La conjoncture économique mondiale demeure un défi extrême, mais nous avons fait de grandes avancées dans notre plan de transformation» a écrit le président et chef de la direction de Ford, Alan Mulally.

Peu avant la crise financière et la récession --que Ford a vu venir-- la compagnie a emprunté de l'argent pour traverser la tempête et elle a étendu dans le temps sa dette déjà existante, ce qui a permis de réduire ses paiements. L'action en Bourse a bondi et Ford en a profité pour émettre de nouvelles actions, récoltant ainsi 1,6 milliard en capitaux frais, ce qui a amélioré son bilan.