Malgré des milliards de liquidités allongés aux banques américaines par l'Oncle Sam, les consommateurs qui cherchent un prêt automobile trouvent les banquiers difficiles.

Les prêteurs américains sont frileux et font ce qu'un banquier est censé faire (mais qu'ils avaient cessé de faire durant les années folles du crédit facile): au lieu de se fier aveuglement aux cotes de crédit du client, les banquiers examinent combien il doit d'argent et comparent avec son revenu. C'est ce que rapporte le quotidien Detroit Free Press, qui fait un panorama de la situation du crédit automobile dans le Midwest américain.

Pour un banquier canadien, cette approche est le B-A BA des affaires depuis des siècles, mais aux États-Unis, ce retour du balancier est mal vécu par les consommateurs et les concessionnaires automobiles, habitués au crédit facile.

«Ils scrutent les antécédents hypothécaires» dit Joe Ricci, de Detroit, qui a converti sa concession Dodge fermée par Chrysler en centre de courtage automobile offrant tous les modèles des Trois de Detroit. Et bien des emprunteurs se font dire non: «Je ne parle pas du type qui s'est fait saisir sa maison; ce sont des gens qui ont pu faire un paiement en retard.»

La location-bail, jadis, permettait aux multitudes de partir au volant de l'auto de leurs rêves. Les banques ont aussi coupé à la hache dans cette pratique: elles craignent d'encaisser une perte à la fin du bail.

La rareté du crédit retarde la reprise du secteur automobile, où les ventes annuelles totales sont passées de 16 millions d'unités il y a quelques années à moins de 10 millions.

«Le crédit est si serré que les ventes annuelles sont à 1,5 million ou 2 millions d'unités en deçà de la norme», dit le principal analyste des ventes de GM, Michael DiGiovanni. Deux millions de véhicules représentent environ huit usines d'assemblage et au moins 16 000 emplois.

Mais il y a une bonne nouvelle: les coopératives de crédit (cousines américaines lointaines des caisses populaires du Québec) s'avancent dans ce marché et comblent une partie du vide.

Elles offrent des taux d'intérêts plus bas et plus de flexibilité. Depuis peu, elles font plus d'un prêt automobile sur quatre aux États-Unis; leur part de marché na jamais été aussi élevée.