Les ventes de Ford et ses parts de marchés sont en hausse en Europe et dans plusieurs autres régions du monde, ce qui semble indiquer que la réorganisation mondiale du numéro 2 américain de l'automobile fonctionne.

C'est ce que rapporte le quotidien Detroit Free Press dans une analyse publiée lundi. « Nous vendons désormais plus de véhicules hors des États-Unis qu'ici » a déclaré au Free Press Jim Farley, le vice-président mondial au marketing et aux communications de Ford. Outre l'Europe, où ses ventes en hausse défient la tendance du marché, Ford marque des points au Canada, en Chine et en Australie.

 

En Europe, Ford a gagné des parts de marché dans 18 des 19 pays du Vieux Continent où il se vend le plus de véhicules automobiles (la seule exception est l'Espagne).

 

Jim Farley souligne deux détails importants : Ford gagne des parts de marché sans augmenter les incitatifs, et les consommateurs achètent des véhicules dotés de nombreuses options, qui haussent substantiellement les marges de profit. « Si les clients apprécient le produit, ils achètent généralement des versions mieux équipées. » Bref, ce ne sont pas des produits de bas de gamme et de bas profits.

 

En Europe, la part de marché de Ford était de 9,2 % au mois de mai, une hausse légère par rapport à l'an dernier à la même date. Cette hausse s'explique en partie par le lancement de deux sous-compactes, la Fiesta et la Ka, ainsi que du Kuga, un petit multi-segment.

 

La Fiesta est désormais la deuxième voiture la plus vendue d'Europe, derrière la Volkswagen Golf.

En Chine, les ventes de Ford sont en hausse de 21% depuis six mois. Ford demeure à la traîne de GM en Chine, mais la croissance de ses ventes est plus rapide que la moyenne de l'industrie (17,7 %).

 

Le succès de la Fiesta à travers le monde est encourageant pour Ford, dit Jim Farley, parce que cela semble montrer que la compagnie de Dearborn a choisi la bonne stratégie en décidant de concevoir des modèles universels, offerts partout pareils, au lieu de commercialiser des véhicules différents en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et ailleurs.

 

Reste à voir comment sera accueillie la Fiesta en Amérique du Nord; son lancement ici est prévu pour 2010.

« La Fiesta nous donne une grande confiance, parce qu'elle a été bien reçue aussi bien dans des marchés matures comme l'Australie que dans des marchés nouveaux et en développement comme la Chine », a dit M. Farley.

 

La Fiesta a été redessinée et lancée l'automne dernier en Europe et en Chine. Outre la Fiesta, Ford veut lancer en Amérique du Nord la version européenne de la Focus. Ford espère vendre deux millions de voitures par année construites sur la même plate-forme que la Focus.

 

Une dette importante à gérer

 

Par contre, Ford devra aussi composer avec une dette en hausse substantielle. Elle est la seule des Trois de Detroit qui n'a pas demandé l'aide de l'État et déclaré faillite pour se restructurer et réduire ses dettes. La compagnie a une dette de 25,8 milliards de dollars US, dont une bonne partie a été contractée pour générer les liquidités pour passer à travers une récession que Ford a vu venir des années à l'avance.

 

General Motors, en contraste, a frappé un mur dès le début de la crise financière. Mais elle est sortie de son passage devant la cour de la faillite avec une dette bien inférieure de 17 milliards.

 

De plus, la dette de Ford pourrait atteindre 36 milliards en 2011, l'année où le constructeur automobile s'attend à renouer avec le profit. « En dépit d'un redressement très impressionnant, on parle encore d'une dette deux fois plus importante que celle de ses concurrents, a noté l'analyste Itay Michaeli, de la Citibank. Qu'est-ce que Ford fera d'ici 2011 pour que sa comptabilité soit conforme aux objectifs? »

 

L'entreprise a néanmoins démontré beaucoup de créativité récemment sur les marchés afin de réduire sa dette et attirer des capitaux frais. En avril, la compagnie s'est recapitalisée et a réduit sa dette de 9,9 milliards. Cela a fait bondir le prix de l'action et Ford en a profité pour émettre de nouvelles actions qui lui ont amené 1,6 milliard en nouveau capitaux.

 

« Ford a été très, très adroite dans son usage des marchés des capitaux » a dit au Free Press l'analyste en obligations Shelly Lombard, de la firme Gimme Credit. De plus, le président de Ford, Alan Mulally, a annoncé en juin que la firme est à la recherche de nouvelles occasions de restructurer ses finances.

 

Pour lire les articles originaux :

 

https://www.freep.com/article/20090712/BUSINESS01/907120509/1014/

https://www.freep.com/article/20090712/BUSINESS01/907120508/1014/Growing-debt-burdens-Ford