Alors que Nissan et Renault foncent tête baissée vers la production en grand nombre de voitures électriques, Honda, no 2 japonais de l'auto, s'affirme très sceptique. Et plusieurs experts et analystes de l'industrie en arrivent aux mêmes conclusions pas très encourageantes pour les partisans de la voiture électrique.

«Nous n'avons pas très confiance» en la viabilité commerciale des véhicules tout électriques, a déclaré Tomohiko Kawanabi, directeur de la recherche et développement chez Honda, cité par l'agence de presse Bloomberg News. «L'acceptation par le consommateur de l'autonomie réduite des électriques est un point d'interrogation; tout comme le temps nécessaire pour recharger. C'est sûr qu'on fait des recherches sur la voiture électrique, mais je suis incapable de la recommander de tout coeur.»

 

Honda a déjà été un chef de file de la voiture électrique, en mettant sur le marché l'EV Plus, sa voiture électrique. À la fin des années 90, Honda avait loué plus de 300 EV Plus au Japon et aux États-Unis, mais l'expérience n'avait pas été concluante. L'EV Plus avait des batteries d'ancienne génération et avait une autonomie d'environ 200 km. Mais il y a 10 ans, Honda a abandonné ce segment de marché et cessé de produire l'EV Plus.

 

Lors du dernier salon de l'auto de Tokyo, l'automne dernier, Honda avait présenté l'EV-N, une petite voiture concept, mais les priorités de la compagnie sont d'un tout autre ordre: Honda se concentre sur de nouveaux modèles hybrides, qui viendront s'ajouter à l'Insight, et sur l'amélioration de ses moteurs à essence, a aussi dit M. Kanawabi à Bloomberg.

 

Trop chère et pas assez autonome?

 

La semaine dernière, la firme d'experts-comptables Deloitte Touche a publié une analyse de prospective dans laquelle elle prévoit que les voitures tout électriques auront capturé seulement entre 2% et 5% du marché américain en 2020. Selon Deloitte Touche, le prix élevé des électriques et leur court rayon d'action sont deux facteurs qui pèseront très lourd dans les décisions des consommateurs.

 

À l'échelle mondiale, ce pourrait être encore bien moins que ce que prévoit Deloitte Touche: au plus 1%, pense Menahem Anderman, président de la firme de consultants californienne Advanced Automotive Batteries.

 

Mais chez Nissan, le président Carlos Ghosn affirme que 10% des véhicules sur les routes du monde entier seront électriques d'ici 2020. La Leaf tout électrique, que Nissan pourra fabriquer à une cadence de 500 000 par année, devrait être lancée sur les marchés japonais et américain d'ici décembre 2010. Elle a une autonomie d'environ 160 km, après quoi, elle doit être branchée et rechargée.

 

Honda aussi a l'intention de vendre des voitures électriques sur la Côte Ouest américaine et sur certains autres marchés régionaux d'Amérique du Nord. Mais c'est essentiellement pour se conformer aux exigences des normes anti-pollution de l'État de Californie, qui placeront un plafond d'émissions par marque. La moyenne d'émissions polluantes de toutes les voitures d'une marque donnée devra être inférieure à une certaine limite. Ainsi, tous les constructeurs automobiles trouveront utile d'avoir en concession une ou deux voitures non polluantes, pour abaisser la moyenne de tous les modèles pris ensemble.

 

À long terme, Honda pense que le vrai véhicule électrique «zéro-pollution» de l'avenir sera alimenté par une pile à combustible à hydrogène. Mais comme il n'y a aucune infrastructure pour distribuer l'hydrogène, il coulera beaucoup d'eau sous les ponts et beaucoup d'essence dans les réservoirs d'auto avant que cela n'arrive.

 

Source: Bloomberg News, Reuters