Le gouvernement allemand a lancé lundi en grande pompe une initiative pour encourager le développement des voitures électriques, mais n'entend subventionner qu'à moindre frais ce secteur où l'Allemagne a pris du retard.

En présence de 400 invités de l'industrie, de la politique et de la recherche, la chancelière Angela Merkel a mis en place des groupes de travail, qui plancheront notamment sur la conception des moteurs ou les infrastructures de recharge.

«Nous avons besoin de standards et de normes», a dit Mme Merkel, qui espère voir émerger en quelques mois «un concept national» capable de transformer l'Allemagne en «un marché leader» de l'électromobilité.

Il faudra «travailler de manière intensive car d'autres pays ont déjà entrepris des efforts considérables», a reconnu la chancelière.

Si certains constructeurs étrangers, notamment asiatiques, sont en pointe sur les véhicules électriques (Mitsubishi, les Chinois, mais aussi Renault-Nissan ou Peugeot), la plupart des constructeurs allemands n'envisagent de produire en série qu'en 2013.

Or le gouvernement, qui mise sur les vertus écologiques à long terme des véhicules électriques, rêve d'en voir circuler au moins un million d'ici à 2020 sur les routes du pays.

Plusieurs experts jugent cet objectif ambitieux: l'Allemagne compte aujourd'hui à peine 1600 voitures électriques sur 46 millions de véhicules en circulation, et un véhicule électrique coûte entre 10 000 et 15 000 euros de plus qu'un modèle classique.

Mais «il ne s'agit pas seulement d'un million d'E-voitures chez nous d'ici à 2020, il faut en placer 10 millions à l'étranger», l'Allemagne exportant l'essentiel de sa production automobile, a souligné l'ancien patron du fabricant de progiciels SAP Henning Kagermann, qui dirige un groupe de travail.

Dans un pays où l'automobile est reine, Mme Merkel a promis que «le gouvernement (allait) jouer un rôle central» car le sujet est «stratégique».

Berlin n'a toutefois pris aucun engagement financier concret lundi et compte sur les propres forces de l'industrie. Celle-ci veut injecter 10 milliards d'euros sur 3 à 4 ans pour développer des moteurs électriques performants.

Le gouvernement fait valoir qu'il a déjà consacré 500 millions d'euros l'an dernier pour subventionner la recherche et le développement automobiles, et 700 millions d'euros via un partenariat public-privé en cours sur les moteurs à hydrogène. Il renvoie à plus tard le déblocage de fonds supplémentaires, quand «le concept» aura mûri.

Aucune prime à l'achat n'est prévue, contrairement à ce qui se fait en Chine, aux Etats-Unis, ou encore en France et à ce qu'espéraient les constructeurs allemands.

Les caisses publiques sont à sec et Berlin craint qu'une prime profite surtout aux concurrents étrangers, étant donné leur avance.

«Des avantages pour les utilisateurs» sont en revanche à l'étude, a dit le ministre des Transports Peter Ramsauer, comme des places de parking gratuites ou l'utilisation des couloirs de bus pour les voitures électriques.

Chez Daimler, Herbert Kohler, qui travaille sur le sujet, faisait grise mine. «Ce n'est pas le bon signal qui a été envoyé aujourd'hui. Dans un contexte de concurrence, le gouvernement n'a pas dégainé les bonnes armes», a-t-il dit à l'AFP.