La gestion à distance d'applications grâce aux télécommunications et à l'informatique pourrait transformer l'assurance automobile. En Europe et aux États-Unis, on essaie d'utiliser la télématique à des fins d'assurance. Le «Pay-As-You-Drive» ou «Pay-Per-Use» fait son apparition.

Depuis trois ans, Amaguiz, filiale de Groupama (groupe français d'assurance et de services financiers), propose une assurance automobile au kilomètre. Chaque mois, l'assuré ne paie que pour ses kilomètres parcourus. Ou presque. Ce «Pay-As-You-Drive» propose un abonnement mensuel de 10,90 euros et un tarif débutant à 0,01 euro par kilomètre, tarif variable selon le contrat choisi et le profil de l'assuré. Pour en bénéficier, «il suffit de faire installer gratuitement sur son véhicule un compteur de kilomètres», précise cette compagnie d'assurances en ligne. «Celui-ci n'enregistre que la distance parcourue chaque mois», assure-t-elle. La facture d'assurance automobile varie ainsi chaque mois en fonction de l'utilisation réelle de la voiture. Voilà pour la pratique.

En théorie, ce genre d'assurance dite «télématique» va beaucoup plus loin. Elle peut rassembler des données sur le comportement du conducteur afin d'ajuster la prime. Pour développer un modèle de tarification, elle collectera, autre que le kilométrage, les périodes et les durées d'utilisation, le nombre de trajets, la vitesse, le nombre de freinages et d'accélérations, et le type de routes empruntées. Autrement dit, mieux vaut ne pas avoir le pied trop lourd...

Certains pourraient d'ailleurs considérer le principe comme une atteinte à la vie privée. «Oui, cela soulève des questions, mais, à partir du moment où l'on ne va pas dans l'analyse comportementale, cela ne dérange pas le client», affirme Nelly Brossard, directrice générale adjointe d'Amaguiz.

Rappelons que la télématique peut aussi permettre de constituer une banque de données sur les accidents et leurs caractéristiques.

«Avoir accès aux données d'un véhicule grâce aux applications télématiques est très important pour aider les compagnies d'assurances à combattre les fraudes», prétend Octo Telematics, fournisseur italien de services et systèmes télématiques pour le secteur des assurances automobiles.

Et le fait d'avoir un mouchard sur sa voiture incite à la prudence, si l'on en croit les tenants de cette utilisation des télécommunications.

Peu considérée

Bien des compagnies d'assurances ont tenté l'expérience de la télématique en Europe et aux États-Unis. Cette idée circule depuis une bonne demi-douzaine d'années. Aux États-Unis, MileMeter et Progressive sont des pionniers en la matière. Au Canada et au Québec, cette pratique est apparemment inexistante et quasiment inconnue. C'est tout juste si on en a déjà entendu parler au Bureau d'assurances du Canada et à la Société d'assurance automobile du Québec.

Chez AXA Canada, filiale du groupe français AXA, «on n'a pas considéré cela», dit Anne Pedicelli, une de ses porte-parole.

Il faut dire que l'expérience n'est pas toujours concluante pour les assureurs. Certains ont mis un terme au «Pay-As-You-Drive» en Europe, car trop compliqué à gérer.

La compagnie d'assurances Aviva Canada a testé un tel programme en Ontario, dénommé «Autograph» et arrêté l'an dernier. «Comme les frais d'exploitation du programme étaient prohibitifs, cela n'était plus économiquement viable alors qu'il fallait en plus garder des tarifs abordables pour nos clients», explique Glenn Cooper, directeur des relations publiques chez Aviva Canada.

Le principe est surtout tout indiqué pour les petits portefeuilles et les urbains. «C'est une réponse pour payer moins cher pour les gens qui ne roulent pas beaucoup», qui parcourent moins de 6000 kilomètres par année, affirme Nelly Brossard.

Jusqu'à maintenant, l'assurance télématique restait marginale. Avant de faire la manchette?