(Paris) Au départ d’un Grand Prix de Formule 1, ce sont les 21e et 22e véhicules : la voiture de sécurité et la voiture médicale sont prêtes à intervenir, derniers et plus visibles maillons d’une chaîne destinée à assurer la sécurité en piste.

En cas d’accident, de débris à dégager ou de conditions météorologiques dangereuses, la voiture de sécurité, pilotée par l’Allemand Bernd Mayländer depuis 2000, se place devant le peloton pour le ralentir et permettre aux commissaires de piste ou aux secours d’œuvrer sans risque.

Le Sud-Africain Alan Van Der Merwe, au volant de la voiture médicale depuis 2009, transporte un médecin de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), le Britannique Ian Roberts, et son homologue local.

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La voiture médicale de la F1 est sans doute l'ambulance la plus rapide au monde.

Ceux-ci sont sollicités du simple choc à haute vitesse jusqu’à l’accident grave, comme celui qui a coûté la vie au pilote français de Formule 2 Anthoine Hubert à Spa-Francorchamps le 31 août.

« Ce qui s’est passé à Spa est la raison même de notre existence », rappelle d’ailleurs Roberts.

Les week-ends de Grand Prix, Mayländer et Van Der Merwe sont les premiers en piste dès le jeudi, à la veille des essais libres, et chaque matin du vendredi au dimanche.

« Il y a vingt ans, c’était pour reconnaître le tracé et tester la voiture », explique le pilote de la voiture de sécurité. « Maintenant, il y a beaucoup d’autres choses à vérifier à l’intérieur (GPS, radios…) et à l’extérieur (panneaux lumineux, dégagements…). On se coordonne avec les commissaires de piste, la direction de course et les équipes médicales pour que tout fonctionne parfaitement. »

« Surcharge complète »

Si la voiture médicale est de service dès les essais, la voiture de sécurité l’est uniquement en course.  

PHOTO FORMULA ONE MANAGEMENT

Le Sud-Africain Alan Van Der Merwe est au volant de la voiture médicale depuis 2009. Il fut notamment pilote d’essai pour BAR-Honda en F1. 

Positionnés à la sortie de la voie des stands (la voiture médicale suit également les monoplaces au premier tour), les deux véhicules interviennent en F1 mais aussi dans plusieurs autres catégories au programme des GP (Formule 2, Formule 3, Porsche Supercup).

« Ce sont toujours les mêmes procédures, seule la vitesse diffère, continue Mayländer, lui-même ex-pilote de course. En F1, on est toujours plus ou moins à la limite mais il faut rester du bon côté, rapide mais concentré, car tu dois écouter la direction de course et leur faire ton rapport. »

PHOTO LILLIAN SUWANRUMPHA, AFP

Il y a aussi une voiture de sécurité dans d'autres sports motorisés, comme celle du Moto-GP de Thaïlande, qu'on voit ci-haut durant l'inspection de la piste après qu'un orage eut forcé l'interruption de la course le 5 octobre 2019.

Ce fonctionnement « extrêmement routinier » permet de « limiter le risque d’erreur », précise Van Der Merwe.

Autre défi, « nous passons jusqu’à sept ou huit heures dans la voiture. Ca peut être épuisant », avoue le Sud-Africain, qui fut notamment pilote d’essai pour BAR-Honda en F1. « Souvent, vous passez d’aucune stimulation à une surcharge complète. C’est un basculement total mais ça s’apprend. »

PHOTO ANTON VAGANOV, REUTERS

La voiture de sécurité roule devant la Mercedes de Lewis Hamilton après avoir été envoyée sur la piste de l'autodrome de Sotchi lors du GP de Russie le 29 septembre 2019.

« C’est aussi pourquoi il est bien d’être deux dans les voitures », estime son acolyte Ian Roberts, ancien médecin du circuit de Silverstone et du GP de Grande-Bretagne.  

« Depuis quelques années, nous avons aussi plus de communications et d’informations sur des écrans dans l’habitacle, ce qui nous permet d’être mieux organisés », ajoute Mayländer, qui est toujours accompagné d’un copilote.

Le pilotage, s’accordent l’Allemand et le Sud-Africain, n’est qu’une « petite » partie de leur rôle, la plus « simple ».  

« Opération de sauvetage »

« Il s’agit surtout de rechercher constamment comment être plus efficaces et ne pas commettre d’erreurs dans des situations auxquelles on ne peut pas être entièrement préparés », précise Van Der Merwe.

En cas d’accident, les deux véhicules entrent en piste à la demande de la direction de course.

PHOTO NACHO DOCE, REUTERS

Les voitures suivent la voiture de sécurité durant une grosse averse lors du GP du Brésil le 13 novembre 2016.

« Mon premier problème est logistique : où allons nous et comment le faire au plus vite sans prendre de risque, détaille le pilote de la voiture médicale. Sur place, cela devient une opération de sauvetage dirigée par Ian. »

« Nous n’avons pas vu l’accident, donc il faut très vite comprendre ce qu’il s’est passé, continue Roberts, qui doit aussi briefer et coordonner les équipes locales de secours. Il faut identifier où sont le ou les pilotes impliqués, les urgences à traiter et les ressources dont nous avons besoin : une seconde voiture médicale, une ambulance, une équipe d’extraction… »

Commencent alors les traitements sur place, au centre médical du circuit ou à l’hôpital selon la gravité de la situation.

Van Der Merwe ne participe pas aux secours mais, fort de son expérience de la course, il peut en coordonner la logistique. « Il faut faire en sorte que les sauveteurs aient un accès facile à la scène, s’assurer qu’il n’y a pas de danger, comme du carburant qui fuit », détaille son collègue médecin.

Le tout avec la voiture de sécurité qui passe à quelques mètres, suivie de 18 ou 19 monoplaces.