(Sotchi) Et si en 2020, certaines des qualifications en F1 ne se disputaient plus au chrono sur un tour, mais lors de courses courtes dont le résultat déterminerait la grille de départ du Grand Prix ? L’idée, en tout cas, ne séduit pas les pilotes.

Reprise en 2017 par le groupe américain Liberty Media, la F1 tente depuis de faire de la place au spectacle dans le but de faire revenir les fans.  

Et avec l’inflation du nombre de courses (22 en 2020 contre 19 en 2015, 20 en 2017 et 21 en 2016, 2018 et 2019), changer le format des week-ends pour préserver les équipes, mais aussi lutter contre l’ennui devient une préoccupation.

L’une des pistes envisagées, qui ne peut être adoptée qu’à l’unanimité des écuries, est de tester la saison prochaine, lors de trois ou quatre courses, un nouveau format de qualifications le samedi.

Depuis 2006 (à l’exception des premières courses de 2016), les « qualifs » sont découpées en trois parties : les deux premières voient les pilotes les plus lents éliminés, jusqu’à ce que les dix plus rapides se partagent les premières places sur la grille.

« Connerie totale »

Le nouveau format les verrait prendre dans l’ordre inverse du classement du Championnat du monde le départ d’une course au format réduit dont le résultat déterminerait la grille dimanche. Une grille potentiellement moins prévisible, les plus rapides se trouvant dans l’obligation de remonter tout le peloton.

Unanimement, les pilotes proclament toutefois leur attachement aux qualifications disputées au chrono sur un tour – une occasion de « pousser les voitures jusqu’à la limite » très appréciée notamment du Finlandais Valtteri Bottas (Mercedes). Ils dénoncent aussi un pansement sur une jambe de bois.

Voire « une connerie totale » dans le cas de Sebastian Vettel (Ferrari). « Nous savons tous que si nous voulons améliorer les choses en F1, il faut réduire les écarts de performance entre les écuries pour produire de meilleures courses », plaidait l’Allemand la semaine dernière à Singapour.  

« Ça semble être une solution facile à un problème bien plus large », abonde Daniil Kvyat (Toro Rosso), interrogé jeudi en marge du GP de Russie à Sotchi.  

« L’écart est encore trop grand entre les trois meilleures équipes (Mercedes, Ferrari et Red Bull) et les autres. Si cinq ou six écuries luttaient pour les podiums et les victoires, les courses seraient bien plus excitantes, estime le Russe. Si cette solution peut régler le problème à court terme, faisons-le, mais plus que ça, c’est le tableau dans son entier qu’il faut retoucher. »

« Une course très ennuyeuse »

« Une course courte serait très ennuyeuse, ajoute le Canadien Lance Stroll (Racing Point). Aujourd’hui, les courses de F1 se jouent à la stratégie, ce qu’une course de 25 tours ne pourrait pas offrir. Je pense que ça serait une procession du début à la fin. »

« Nous faisons déjà 22 courses par an, imaginez 44 ! Cela diluerait en quelque sorte le produit », s’inquiète pour sa part Daniel Ricciardo (Renault).  

Et l’Australien de pointer aussi « la question des coûts, avec potentiellement plus de dommages liés à des accidents. Je ne sais pas comment les équipes pourraient gérer cette situation financièrement, s’interroge-t-il. Ça me semble un peu désespéré, or, nous ne sommes pas dans une situation désespérée. »

La F1 doit en effet s’accorder en octobre sur un nouveau règlement sportif, technique et commercial qui entrera en vigueur en 2021 et dont l’objectif annoncé est de resserrer les écarts de performance entre les écuries, notamment en standardisant certaines pièces et en redistribuant les revenus de manière plus équitable.

Reste à voir si la nécessité du compromis entre écuries ne videra pas ces réformes d’une grande partie de leur substance.