(Montréal) Le directeur de l’équipe Mercedes Toto Wolff a tempéré du mieux possible les déclarations de la veille de son protégé Lewis Hamilton, qui s’est fait remarquer pour les mauvaises raisons, vendredi après-midi, lors des essais libres du Grand Prix de Formule 1 du Canada.

Le pilote Mercedes, qui a signé le sixième chrono de la deuxième séance d’essais libres en une minute et 12 938 secondes, a vu son après-midi prendre fin de manière abruptement après seulement 30 minutes en piste.

Hamilton a mal négocié le virage no 9 et percuté de plein fouet le muret de sécurité, entraînant un bris du côté arrière droit. Le Britannique a néanmoins pu rallier les puits, où ses mécaniciens l’attendaient pour travailler sur la voiture. Il n’est pas revenu en piste.

« Je suis désolé », s’est limité à dire Hamilton sur les ondes de la radio. L’incident s’est produit au même endroit où le pilote Alfa Romeo Antonio Giovinazzi a endommagé sa voiture en matinée, provoquant brièvement un drapeau jaune pendant la première séance d’essais.

L’ambiance chez Mercedes contrastait avec celle qui régnait au sein de l’écurie Ferrari, qui espère relancer la course au championnat ce week-end sur un circuit qui lui convient parfaitement. La’Scuderia’s’est signalée en signant les deux meilleurs temps de la deuxième séance.

Charles Leclerc l’a dominée avec un chrono de 1 : 12 177, tandis que son coéquipier, Sebastian Vettel, lui concédait seulement 74 millièmes de seconde. L’Allemand est le champion en titre du Grand Prix du Canada.

Le Monégasque s’est dit optimiste pour la suite du week-end, mais est suffisamment rusé pour savoir qu’il ne doit pas encore vendre la peau de l’ours.

« Je ne pense pas que notre rythme est aussi bon que nos résultats pendant la deuxième séance d’essais, mais voilà, il faut bosser, a dit Leclerc. Nous sommes encore loin de Mercedes, alors il faudra attendre voir les qualifications demain (samedi).

PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Lance Stroll

“Certes, Lewis a tapé aujourd’hui, mais je ne suis pas inquiet pour lui, a-t-il ajouté. Je sais qu’il est très bon pour être là au bon moment, quand les qualifications arriveront. Ce ne sera pas facile, mais on va essayer de faire le’job’et d’être le plus à l’avant possible. »

Le coéquipier de Hamilton, Valtteri Bottas, s’est contenté du troisième temps, en 1 : 12 311, alors que Carlos Sainz (McLaren) et Kevin Magnussen (Haas) complétaient dans l’ordre le top-5.

Lance Stroll n’a pu faire mieux que le 10e chrono au volant de sa Racing Point, à près d’une seconde de Leclerc.

De son côté, le pilote Red Bull Max Verstappen — que plusieurs considèrent comme un prétendant à la victoire ce week-end — s’est offert une belle frousse en effleurant le « mur des champions » alors qu’il était sur un tour lancé. Il y a eu plus de peur que de mal, et le Néerlandais a enregistré le 13e temps en 1 : 13 388.

« Je suis arrivé un peu trop rapidement dans la chicane et j’ai embrassé le mur, ce qui a brisé mon rythme, a commenté Verstappen. De manière générale, nous avons un bon rythme, mais nous aurions pu faire mieux. La piste était cependant très poussiéreuse, ce qui n’a pas joué en notre faveur. Nous apporterons quelques ajustements, et je crois que nous serons compétitifs demain (samedi). »

Jeudi, Hamilton n’avait pas mâché ses mots quant à l’état actuel de son sport, en déclarant que « les courses ne sont pas divertissantes, (parce qu’) il existe encore un fossé entre les équipes les plus riches et les autres ». Le Britannique avait alors offert quelques pistes de solution afin de ranimer l’intérêt des spectateurs.

Il avait notamment évoqué la possibilité de revenir à des moteurs V12, à des transmissions manuelles ainsi qu’à l’abandon de la direction assistée — « pour compliquer la tâche des pilotes », avait-il expliqué.

Wolff n’a pas voulu rabrouer son pilote étoile, préférant plutôt dire qu’il faut trouver l’équilibre entre l’exploit sportif des athlètes et la nécessité de poursuivre le développement technologique en course automobile.

« On pourrait leur rendre la tâche bien plus difficile de manière artificielle, en abolissant la direction assistée par exemple, mais nos pilotes deviendraient des culturistes, a expliqué Wolff. Ils auraient donc de la difficulté à terminer les courses parce qu’ils seraient épuisés, sans compter que ce serait un recul au niveau de la technologie. Ceci étant dit, peut-être qu’il faudrait l’envisager, afin de rendre les courses plus divertissantes. »

Wolff en a aussi profité pour dire qu’il y avait tellement de règlements aujourd’hui en F1 que ceux-ci agissaient comme un frein au développement. Cette réalité s’est reflétée dans la livraison du nouveau moteur sur lequel comptera Mercedes ce week-end, selon le principal intéressé.

« À une certaine époque, le moteur était la marque de commerce de Mercedes, a rappelé Wolff. Aujourd’hui, c’est davantage le châssis qui fait la différence dans les performances des équipes. Puisque les règlements ont été peaufinés au fil des ans, c’est devenu de plus en plus difficile d’extraire le plein potentiel (d’une voiture) tout en préservant sa fiabilité. Notre équipe a cependant fait du bon boulot pour y parvenir. »

Hamilton avait d’ailleurs bouclé le meilleur tour du circuit Gilles-Villeneuve en 1 : 12 767 lors de la première séance, en matinée.

Les pilotes seront de retour en piste samedi matin pour la troisième séance d’essais libres.