En quittant l’équipe Williams l’hiver dernier après une saison difficile, Lance Stroll rejoignait une équipe qui devait en principe lui permettre de faire un pas en avant dans sa carrière.

Désormais la propriété de son père Lawrence et d’un consortium d’hommes d’affaires, Racing Point se présente un peu comme une équipe « canadienne » et la présence du pilote montréalais est logique, même si Stroll a pris la place d’un pilote doué et apprécié, le Français Esteban Ocon.

En février, lors de la présentation de la nouvelle identité de l’équipe à Toronto, c’est un jeune homme enthousiaste qui nous avait parlé de ses ambitions : « Il y a vraiment beaucoup d’énergie dans cette équipe, beaucoup d’excitation aussi avec les changements à la direction. Ils ont toujours obtenu d’excellents résultats avec des moyens limités et je suis convaincu que nous aurons la possibilité de nous battre pour des places sur le podium dès cette saison. »

Un peu plus de trois mois plus tard, c’est un pilote sur la défensive que nous avons retrouvé à Monaco. Après un début de saison correct, les Racing Point ont régressé et elles n’étaient vraiment pas dans le coup sur l’étroit circuit monégasque. Avec seulement 4 points et une modeste 16e place au championnat, Stroll est loin du compte.

Son explication ? « Un mélange de malchance et d’adaptation à l’équipe, a-t-il estimé en entrevue à Monaco. J’ai marqué des points en Australie, les deux voitures en ont marqué à Bakou et nous étions tout près de le faire aussi en Chine. Mais la voiture n’était pas aussi compétitive en Espagne et ici.

« Nos performances varient beaucoup d’un circuit à l’autre. Parfois nous sommes plus à l’avant, parfois non. Mais c’est très serré entre cinq ou six équipes en milieu de peloton, comme on l’a vu ici aux essais. »

— Lance Stroll

« On est là, parmi elles, et il ne nous manque pas grand-chose pour obtenir de meilleurs résultats. Et nous n’en sommes encore qu’au tiers d’une longue saison. »

Après avoir côtoyé un pilote néophyte la saison dernière, le Russe Sergey Sirotkin, Stroll doit se frotter cette année à l’expérimenté Sergio Pérez. « Ça se passe bien entre nous, assure-t-il. Je crois qu’il représente un élément de comparaison intéressant pour moi ; c’est un pilote rapide, avec beaucoup d’expérience en F1 et dans cette équipe. À Barcelone, il ne m’a pas laissé beaucoup de place au départ, mais c’est bien quand nous pouvons nous battre entre coéquipiers en restant bien sûr respectueux et en pensant à l’équipe. C’est un défi qui me plaît. »

VIVEMENT MONTRÉAL

Stroll espère évidemment qu’un passage au Canada va l’aider à retrouver son allant. À Monaco, il demandait des nouvelles de Montréal, du Grand Prix, et voulait des détails sur les nouveaux paddocks, cherchant des photos sur son téléphone mobile.

« C’est un Grand Prix très spécial pour moi. C’est à la maison et ça me donne beaucoup d’énergie, tout au long du week-end. J’aime beaucoup le défilé des pilotes, avec tous les drapeaux canadiens dans les gradins, les casquettes avec mon nom ; oui, c’est vraiment spécial ! »

— Lance Stroll

« Montréal est un circuit très différent de Monaco, même si les murs sont aussi près de la piste. Le tracé est à la fois rapide et technique. Certains virages sont très techniques, comme la chicane, où il faut attaquer les vibreurs et venir effleurer le mur, ce qui est toujours un peu risqué.

« Avec les lignes droites et de bons freinages, il y a plusieurs possibilités de doubler, ce qui est excitant et permet habituellement d’avoir des courses spectaculaires le dimanche. Et c’est l’un des circuits où l’équipe a habituellement bien performé, ce qui est de bon augure pour cette année. »

PÉREZ ATTEND DES PROGRÈS

Déjà à sa septième saison avec l’équipe, Sergio Pérez est évidemment heureux de la nouvelle stabilité financière de Racing Point. La fin de l’aventure Force India a été difficile et c’est le pilote mexicain qui a provoqué la crise finale en portant l’affaire en justice.

Le vétéran de 29 ans espère toutefois que l’équipe va vite sortir de la mauvaise passe dans laquelle elle s’enlise depuis quelques courses.

« La voiture était mauvaise en Espagne, encore pire que ce que nous craignions. Nous pensons toutefois que c’était plus lié au circuit lui-même et que nous devrions être plus près de notre niveau habituel à partir du Canada avec les améliorations que nous avons apportées récemment à la voiture.

« Nous sommes encore au plus fort de la lutte pour la quatrième place au championnat et ce sera important de maximiser toutes les occasions de marquer des points. C’est tellement serré entre plusieurs équipes, nous ne pouvons gâcher la moindre chance, continuer d’aller chercher tous les points possibles. Et quand nous aurons une voiture plus compétitive, nous pourrons viser de meilleurs résultats. »

EN PENSANT À WILLIAMS

Lance Stroll a passé deux saisons chez Williams et, si la seconde a été plus difficile, il a gardé des liens avec plusieurs membres de l’équipe. « J’y ai passé deux saisons et c’est difficile pour eux. La F1 est un milieu très difficile. Tous les morceaux doivent fonctionner ensemble pour que les résultats soient au rendez-vous et il suffit parfois d’une seule mauvaise décision pour que tout s’écroule. C’est un peu ce qui est arrivé chez Williams, même si je ne peux pas vraiment en dire davantage. C’est dommage pour eux, Williams a été une grande équipe et j’espère qu’ils vont bientôt sortir de cette mauvaise passe. »

Lance Stroll en bref

Canadien, 19 ans

Salaire en 2019 : environ 1,5 million

Débuts en F1 : 2017, chez Williams

Grands Prix : 47

Podiums : 1

Sergio Pérez en bref

Mexicain, 29 ans

Salaire en 2018 : environ 3,5 millions

Débuts en F1 : 2011, chez Sauber

Grands Prix : 161

Podiums : 8