(Imola) À Imola, le temps passe, mais le souvenir ne s’estompe pas, ou à peine. Vingt-cinq ans après la mort d’Ayrton Senna sur le circuit italien, ils étaient encore plusieurs milliers mercredi venus rendre hommage au champion brésilien.

Il y a 25 ans jour pour jour, Teddy Borring était déjà là, à Imola, dans la ligne droite des stands. Pour cet ancien cadre d’une équipe de Formule 3000, le vacarme des Formule 1 de l’époque, « c’était de la musique ». Mais ce qu’il a gardé en mémoire, c’est le silence.

« Soudainement, Imola est devenu totalement silencieux. On ne comprenait pas ce qui s’était passé, mais on savait que c’était quelque chose de spécial. C’était tellement silencieux… », se souvient-il.

Un peu plus loin, dans le virage de Tamburello, Senna a perdu le contrôle de sa Williams FW16 et a percuté un mur de plein fouet. Évacué vers l’hôpital de Bologne, il sera déclaré mort peu après 18 h.

« On est partis vers 19 h et on savait qu’il était mort. Ma tête était vide, mes yeux trempés. Il y avait des larmes dans mes yeux et dans ceux de ma femme. On ne pouvait pas comprendre et aujourd’hui encore, on ne comprend pas », raconte M. Borring.

« Ciao Légende »

Mercredi, lui et les milliers de fans venus souligner le 25e anniversaire de la mort de l’idole ont vu la fameuse Lotus noire JPS que pilotait le Brésilien en 1985 faire quelques tours de piste.

Sa McLaren de 1990 et la Williams de 1994, la saison de l’accident, étaient également exposées dans le paddock. Derrière, un grand panneau a été installé, pour que chacun puisse laisser sa dédicace.

« Au meilleur des meilleurs », « Ciao Légende », « Toujours dans nos cœurs », autant de messages venus de partout, du Brésil bien sûr, mais aussi de Pologne, du Mexique ou de Grande-Bretagne.

On trouve aussi quelques lignes et quelques drapeaux autrichiens pour Roland Ratzenberger, l’autre victime de ce sinistre week-end de mai 1994, mort la veille de Senna, pendant les qualifications. L’Autrichien n’est pas oublié. Simplement, le souvenir de Senna est infiniment plus fort.

« On sent toujours sa présence, surtout ici sur ce circuit. On sent sa présence, comme si son esprit était resté », assure ainsi Riccardo Giorgi, 18 ans, qui s’est penché sur la vie et la carrière du triple champion du monde à force d’entendre sa mère lui parler du « plus grand champion de l’histoire ».

« Quand ils ont mis en route sa Lotus, j’ai commencé à pleurer. Pour ce champion qui n’est plus là et qui ne méritait pas de finir comme ça », raconte-t-il.

Messe et balade

Sur et autour du circuit dominent le jaune et le vert des drapeaux brésiliens, des t-shirts à la gloire du champion pauliste et des produits dérivés en vente partout, aussi.

Ruggero Fioravanti porte lui un maillot de Santos, le club de Pelé et de Neymar. Mais il est là pour Senna. « Ayrton Senna était un brave type, honnête. Il aurait même pu devenir président du Brésil », pense-t-il.

« Il continue à être respecté et les Brésiliens l’ont apprécié encore plus. Pour son caractère, pour sa valeur sportive. Il est devenu une idole mondiale, une idole mondiale », martèle le Brésilien.

Un peu avant 14 h mercredi, la foule est entrée sur la piste et s’est dirigée vers le virage de Tamburello, drapeaux « Ordem e Progresso » sur les épaules, certains acharnés déambulant même en combinaison de pilote.

Puis tout le monde s’est massé dans cette courbe où le Brésilien a trouvé la mort pour une messe en plein air, célébrée par deux prêtres, celui d’Imola et celui de Maranello, siège historique de l’écurie Ferrari et autre « lieu saint » de la Formule 1.

Elle a commencé à 14 h 17, l’heure exacte de l’accident de 1994. Derrière, les cyclistes du dimanche profitaient de la piste ouverte, contournant la foule réunie et poursuivant leur balade jusqu’à la ligne d’arrivée.