Au volant comme chez le concessionnaire, les femmes doivent encore faire face à des préjugés. Heureusement, les choses changent. Les premiers à s'en rendre compte? Les constructeurs qui ne lèvent plus le nez sur cette clientèle informée et puissante...

Quand Nathalie Aumont a commencé à travailler dans le domaine de l'automobile, il y a plus de 20 ans, certains vendeurs regardaient de haut les clientes qui osaient s'aventurer seules dans une salle d'exposition.

«Les temps ont bien changé, souligne la propriétaire de Joliette Toyota, aussi présidente de la Corporation des concessionnaires d'automobiles des Laurentides. Maintenant, plusieurs de nos modèles sont achetés en majorité par des femmes, alors les vendeurs ont laissé tomber le côté macho. Ils n'ont pas le choix d'être à l'écoute des clientes.»

En effet, elle est loin, l'époque où monsieur choisissait seul la voiture familiale. Dorénavant, les femmes achètent autant d'autos que les hommes. Le magazine américain Road&Travel affirme même qu'elles seraient responsables de 65% des achats de voitures neuves, mais qu'elles influenceraient 95% des décisions d'achat. D'autres recherches sont plus prudentes: la firme américaine CNW Marketing Research attribue 44% des achats aux femmes.

Une chose est certaine: elles sont de plus en plus nombreuses chez les concessionnaires d'automobiles. Selon Nathalie Aumont, elles sont généralement plus exigeantes et mieux informées. Pas étonnant, donc, que les constructeurs automobiles se creusent les méninges depuis quelques années pour connaître leurs préférences et y répondre. Parce que les femmes n'achètent pas une voiture de la même façon que les hommes.

Quels sont leurs critères de sélection? D'abord la sécurité, ensuite l'aspect pratique, puis, de plus en plus, la consommation d'essence, pour des raisons économiques et écologiques, selon Carole Leblanc, copropriétaire de Mercedes-Benz Laval, qui a présidé l'an dernier le Salon international de l'auto de Montréal, après avoir été présidente de la Corporation des concessionnaires d'automobiles de Montréal. Les considérations esthétiques, le confort et la puissance viennent ensuite.

Plus petites, plus économes

La firme américaine True Car est aussi arrivée à cette conclusion, en 2010, au terme d'une vaste étude auprès des concessionnaires d'automobiles. Les femmes préfèrent les petites voitures économiques.

Nathalie Aumont cite des statistiques éloquentes au sujet de sa marque: au Québec, 74% des Toyota Yaris à hayon sont vendues à des femmes, tout comme 69% des Yaris berlines, 58% des Corolla et 57% des Matrix.

Le look et la consommation

Marie-Annick Boisvert, qui roule en Mini Cooper Mayfair depuis un an, personnifie l'acheteuse type de cette marque: célibataire, au début de la quarantaine, elle a eu un coup de foudre pour cette petite voiture sportive au look singulier. Après avoir passé deux ans au volant d'un VUS BMW X3, cette consultante en médias sociaux avait trois critères de sélection au moment de choisir une nouvelle auto: belle allure, fiabilité et faible consommation d'essence. Après s'être informée auprès de connaissances et avoir sélectionné le modèle qu'elle désirait, Mme Boisvert a fait appel à un courtier en voitures pour trouver le meilleur prix. Elle n'a mis les pieds chez le concessionnaire d'automobiles que pour signer son contrat.

Sièges chauffants, intérieur en cuir, toit ouvrant panoramique, bandes blanches sur le capot... Elle aime plusieurs caractéristiques de sa petite voiture urbaine. «Les femmes sont souvent sensibles aux détails», note Carole Leblanc. Par exemple, ses clientes lui parlent souvent de l'ouverture automatique du hayon sur les VUS et du déverrouillage/démarrage sans clé, qui évite d'avoir à fouiller au fond de son sac à main par les froides journées d'hiver...

Photo fournie par Citroën

L'éternel problème du sac à main...

D'ailleurs, lorsqu'on leur demande ce que les constructeurs pourraient ajouter à leurs voitures pour plaire à leur clientèle féminine, la plupart des femmes donnent la même réponse: un espace où déposer le sac à main. «On a toujours le même problème, quand on fait monter un passager: il n'y a pas de place pour mettre notre sac», souligne Marie-Annick Boisvert.

«C'est vrai que beaucoup de femmes m'en parlent», dit Carole Leblanc, qui souligne qu'un espace à cet effet existe sur certains modèles.

Ann Lemieux, conseillère chez CAA-Québec, indique également qu'il serait pratique d'avoir un espace prévu pour une boîte de mouchoirs et pour un sac-poubelle. «Comme le sac à main, ce sont des choses que les conductrices aiment avoir à portée de la main, dit-elle. Les constructeurs devraient y penser, au même titre que les porte-gobelets et les espaces pour ranger les CD.»