L’hiver ! Bonheur pour les amants de plein air, angoisse pour les automobilistes. Ces derniers redoutent la saison blanche et ses défis comme une nouvelle éclosion de cas de COVID-19. Et non sans raison, croit Franck Kirchhoff, formateur professionnel de conduite au centre Mécaglisse de Notre-Dame-de-la-Merci.

Celui-ci observe « plusieurs lacunes derrière le volant ». Selon lui, de vieux réflexes demeurent trop ancrés chez la plupart des automobilistes. Pour clarifier son propos, M. Kirchhoff cite la maîtrise du dérapage. « Les jeunes savent généralement se débrouiller avec une traction. Les plus anciens, eux, connaissent bien la propulsion. Mais, ajoute-t-il, ces deux groupes ont un élément en commun : ils ne maîtrisent aucunement les dérives associées à un rouage à quatre roues motrices. Un mode d’entraînement pourtant fort prisé par les Québécois. »

Même constat auprès des propriétaires de véhicules électriques. Ceux-ci se limitent à un copier-coller de leurs expériences antérieures. Trop peu cherchent à comprendre leur véhicule et à s’adapter à ses particularités.

Éviter les pièges

Chaque année, Franck Kirchhoff dirige des ateliers d’hiver où l’on apprend comment éviter les pièges de la saison froide et mieux maîtriser son véhicule dans un environnement sûr. Parmi les quelque 300 participants accueillis chaque année, plusieurs y viennent pour parfaire leurs techniques. Et il y a les autres. Celles et ceux dont les sourcils se froncent, les dents se serrent, les mains se crispent en arpentant les routes enneigées. Ceux-là dont le pied droit hésite et panique quant à l’effort exigé pour s’arrêter à temps.

On disserte volontiers sur la maîtrise du dérapage, alors qu’on ne fait trop souvent qu’effleurer la question du freinage. Pourtant, il suffit de se poster au coin d’une rue pour constater que nombre d’automobilistes éprouvent beaucoup de difficulté à retenir les élans de leur monture.

Et pour cause, cette manœuvre représente l’un des aspects les plus complexes de la conduite hivernale, et ce, même si un véhicule équipé d’un système antiblocage (ABS) ne fait naturellement appel à aucune technique particulière. En fait, encore trop peu de gens savent que ce dispositif ne réduit pas les distances, mais permet plutôt de conserver le contrôle de la direction tout en maintenant le pied enfoncé sur la pédale de frein.

Hélas, plusieurs conductrices et conducteurs s’en remettent totalement à la technologie sans faire l’effort de la comprendre et d’en tirer pleinement profit. Face à ces évolutions, Franck Kirchhoff plaide pour une formation continue des automobilistes, mais d’ici là, il rappelle que la sécurité au volant se résume à trois points : vision, respiration et vitesse. Il importe de voir loin devant afin de détecter facilement les mouvements des autres usagers en circulation, et donc de limiter les risques d’accidents de la route. De bien s’oxygéner pour atténuer le stress et l’anxiété. Et enfin, d’adapter sa vitesse en fonction des conditions souvent changeantes.

Les pneus, nos alliés

Selon Pierre Des Marais, formateur de conduite professionnel, l’erreur la plus fréquente commise par l’automobiliste se résume à ne pas prêter attention aux informations transmises par les pneus avant de son véhicule. « Tous les contrôles sont là, ils sont plus lents, mais ils sont toujours là. Il faut seulement apprendre à composer avec cette réalité et s’y adapter. »

Il importe aussi d’expérimenter et non de s’en tenir à des idées reçues. À ce sujet, M. Des Marais invite, dès la première neige, à se familiariser avec les caractéristiques propres à son véhicule dans un endroit désert. Pas question de circuler à haute vitesse, le cerveau doit assimiler « les réactions dans chaque phase de conduite » (accélération, reprises, freinage et virages). Ces séances de tests seront plus importantes encore s’il s’agit de votre premier hiver avec ce véhicule ou avec ces pneus. « Il faut savoir oser un peu pour découvrir les limites », dit-il. Un conseil qui s’applique à tous et à toutes, peu importe le niveau d’expérience.