L’hiver, bon nombre d’automobilistes québécois jurent qu’ils ne mettront plus une roue dehors sans un véhicule équipé d’un rouage à quatre roues motrices. Vrai que cette aide à la conduite offre une marge de sécurité additionnelle pour affronter les routes glissantes et enneigées. Mais est-elle pour autant indispensable ?

« Absolument pas », pense Pierre Des Marais, formateur en conduite et ancien coureur automobile. « Le rouage intégral présente un réel avantage pour les consommateurs qui doivent régulièrement gravir une grande pente. » Comme celle du Beaver Hall à Montréal ? « Non, le rouage intégral n’est pas essentiel. Les propulsions et tractions peuvent contourner cet obstacle en empruntant la rue Berri », ajoute-t-il un sourire dans la voix.

M. Des Marais reconnaît cependant que les tractions et (surtout) les propulsions ont des limites, mais celles-ci sont généralement atteintes selon qui se trouve au volant. « Ça demande parfois une certaine planification pour sortir d’un espace de stationnement enneigé ou encore pour gravir une pente, mais cela demeure tout à fait possible dans de nombreuses circonstances », soutient-il.

Pas nécessaire

Franck Kirchhoff, formateur et propriétaire de Mécaglisse, abonde dans le même sens.

Pour peu que la dimension et la qualité des pneumatiques soient les bonnes et que la garde au sol soit suffisamment élevée, propulsions et tractions ont peu à envier aux intégrales dans des conditions hivernales normales.

Franck Kirchhoff, formateur et propriétaire de Mécaglisse

M. Kirchhoff affirme que cela s’applique également aux véhicules électriques, « dont le poids plus élevé et le centre de gravité plus bas ne requièrent pas forcément le recours à un rouage intégral ».

PHOTO FOURNIE PAR TOYOTA CANADA

Le rouage intégral n’est peut-être pas aussi essentiel qu’on le croit.

Yvan Jérôme, lecteur de la section Auto de La Presse, le confirme. Propriétaire depuis trois ans d’une Tesla Model 3 à roues arrière motrices, il reconnaît avoir eu des craintes sur son choix au début. « Ayant toujours eu des véhicules à quatre roues motrices, nous doutions un brin des performances d’une propulsion durant la saison blanche, surtout sur une berline plutôt basse. Jamais je ne comparerai ses prouesses avec nos véhicules antérieurs, mais je dois dire qu’avec de bons pneus d’hiver, et une conduite appropriée, nous n’avons eu aucun problème dans des conditions de neige moyenne. »

Plus grande vigilance

Qu’à cela ne tienne et malgré une croyance répandue, la propulsion (roues arrière motrices) a encore sa place sur notre échiquier automobile et pas seulement pour satisfaire les puristes ou les amateurs de voitures sport. Grâce aux progrès réalisés en matière de sécurité active, prendre le volant d’une propulsion est loin d’être aussi périlleux que certains le laissent sous-entendre. En revanche, elle se révèle parfois plus délicate et exige par conséquent une plus grande vigilance.

Quant à la traction, l’un de ses précurseurs, la marque française Citroën, aimait rappeler à ses détracteurs que la propulsion, c’était comme « mettre le cheval derrière la carriole ». Outre ses gains en motricité, cette architecture à la nature sous-vireuse (train avant qui tire tout droit) est aujourd’hui parfaitement maîtrisée par les automobilistes et les aides à la conduite. Et mieux encore, propulsion et traction ont deux autres atouts dans leur manche : elles consomment moins d’énergie qu’une intégrale, se remorquent plus aisément et coûtent moins cher à entretenir et à réparer.