Conduire en hiver n'est pas une sinécure et peu d'entre nous savent réellemment maîtriser leur véhicule dans ces conditions. Michelin enrichit cette année son «Académie de conduite hivernale» en ligne. Cette initiative, louable mais insuffisante, souligne l'absence des écoles de conduite sur ce terrain.

Une société multinationale qui sensibilise - ou éduque - les automobilistes à la conduite hivernale par le biais d'un site internet. Des écoles de conduite de la province qui font la promotion de ce dernier dans leurs cours. Le monde à l'envers? Peut-être. Toujours est-il que l'Association des écoles de conduite du Québec (AECQ) a signé un partenariat en ce sens avec Michelin. Le but? «Donner l'opportunité aux élèves de comprendre la conduite hivernale et d'y être sensibilisé. D'autre part, c'est un plus pour les écoles dans leur offre de services», justifie Marc Thompson, directeur général de l'AECQ.

L'AECQ a demandé à ses 300 écoles membres de faire part de l'existence du site internet et de son contenu. Un site qui, depuis l'an dernier, donne - vidéos à l'appui - des conseils sur la conduite en hiver, aborde les équipemements électroniques ou encore indique comment préparer sa voiture et se préparer à la conduite. Nouveautés cette année, les grandes craintes des automobilistes sont mises en exergue: glace noire, perte de contrôle et intempéries sont évoquées.

Carotte au bout du bâton, pour pousser les élèves à aller sur le site, Michelin invite à participer à un petit test de cinq questions sur cette interface. Ce «test de certification», disponible jusqu'au 22 décembre, offre la possibilité de gagner deux ensembles de quatre pneus d'hiver d'une valeur de 2500$. Le concours est ouvert à tout visiteur.

«Ce site, c'est un besoin. Les conditions de conduite ici sont difficiles tous les hivers. Les gens prennent pour acquis qu'ils peuvent et savent conduire, même en hiver. Les gens ne sont pas assez éduqués. C'est justement le but du site. Je considère que les gens n'en savent pas assez», explique Richard Spénard, pilote et instructeur professionnel de course automobile.

Démarche insuffisante

Concepteur du site de Michelin, il reconnaît, tout comme l'AECQ, les limites de la démarche: «C'est sûr que ce n'est pas suffisant. Ce n'est pas comme pratiquer, évidemment.» C'est néanmoins beaucoup mieux que ce qui se fait actuellement. Ou ne se fait pas, devrait-on dire. «La conduite hivernale n'est pas enseignée au Québec, c'est effleuré dans les cours obligatoires», rappelle Marc Thompson.

C'est là que le bât blesse. Une telle action devrait être idéalement assumée par les écoles de conduite et non par une entreprise. Une situation qui illustre le manque de moyens des établissements. Richard Spénard lui-même reconnaît que cela devrait revenir au gouvernement et aux écoles.

«C'est à l'association de s'occuper des cours de conduite hivernale, pas à la SAAQ, qui n'en a pas les moyens, ni le personnel, tranche le directeur général de l'AECQ. Et les assureurs sont prêts à suivre.»

M. Spénard pense que les gens ne se déplaceront pas dans les écoles pour cela, d'où la pertinence d'outils comme le site web.

Il est pourtant possible de suivre une série de cours de conduite dite «avancée» ou «préventive». De rares écoles au Québec ayant des moniteurs accrédités le proposent. Le Conseil canadien de la sécurité en fait de même. Sans compter les quelques constructeurs automobiles possédant leur propre programme de formation. Problème, rien de tout cela n'est évidemment obligatoire.