Alors que General Motors s'apprête à renouer avec la location au Canada, Chrysler y propose depuis trois semaines une soi-disante «nouvelle formule novatrice permettant de devenir propriétaire», formule qui n'est nulle autre qu'une location déguisée.

Baptisée «Financement choix du client», cette formule permet aux consommateurs, depuis le 31 août, d'acquérir un véhicule avec des conditions similaires à celles d'un programme de location à long terme.

Dans un communiqué, Chrysler Canada affirme que «les clients peuvent acheter un véhicule neuf en versant des paiements mensuels peu élevés. Il permet au client d'être le véritable propriétaire de la voiture ou du camion».

Dans les faits, les acheteurs potentiels peuvent choisir un contrat de financement de 36, 48 ou 60 mois, à taux fixe. À la fin de la période, ils peuvent soit retourner le véhicule au concessionnaire, soit le conserver. Chrysler Canada est associé pour cela à la Banque TD. Une valeur de reprise garantie basée sur le Black Book est établie et liée à des conditions spécifiques (kilométrage, état du véhicule, entre autres). S'il conserve le véhicule, le consommateur verse la valeur résiduelle établie par contrat.

«C'est un programme de financement avec les caractéristiques de la location. Le client est propriétaire du véhicule. C'est vraiment nouveau», soutient Mary Gauthier, porte-parole de Chrysler Canada.

Ce programme s'apparente pourtant à la formule achat-rachat. Comme le constate également George Iny, président de l'Association pour la protection des automobilistes: «Le programme ressemble drôlement à la formule achat-rachat offerte par certaines banques et qui était innovatrice en... 1984. C'est comme une location. Si vous le faites à répétition, cela va vous coûter cher.»

En se faisant passer pour un client supposé être intéressé, L'Auto/Mon Volant s'est vu confier chez un concessionnaire Chrysler de l'île de Montréal que cette formule est «une location déguisée», «mal déguisée» même. On nous a conseillé (sans surprise) d'acheter immédiatement en contractant un emprunt si l'on avait l'intention de conserver le véhicule longtemps.

«En pratique, peu de gens conservent l'auto au moment du rachat, dit George Iny. S'ils la conservent, ils auront l'obligation de financer leur achat au taux d'intérêt du marché. Pour conserver le même paiement mensuel, il faudra probablement faire un emprunt de 4 ou 5 ans, pour amener la durée totale du financement à 84 ou 96 mois.»

Chrysler n'est pas le seul à renouer, d'une manière ou d'une autre, avec la location. «General Motors revient avec la location au Canada. D'ici peu», a confirmé Robert Pagé, porte-parole du constructeur au pays. Et ce, sensiblement de la même manière qu'aux États-Unis l'an dernier à pareille époque. C'est à dire uniquement avec des modèles haut de gamme dans un premier temps.

Au sud de la frontière, Chrysler a franchi un pas supplémentaire vers l'offre de location en signant un partenariat avec les institutions financières US Bank et Ally Financial. L'offre s'applique à une gamme restreinte de modèles.