Détenir une voiture en copropriété avec son voisin ou son ex-conjoint repose sur une entente à toutes épreuves et sur une grande confiance mutuelle. Légalement, rien n'interdit un tel partage.

Comptable agréé et planificateur financier, Éric Brassard estime que «c'est une très bonne idée».

«Évidemment, s'il s'agit de personnes qui ne demeurent pas ensemble ou qui sont sans lien de dépendance, indique l'auteur du livre Finance au volant, il faut seulement que les papiers soient clairs. Ça peut virer au cauchemar si ça tourne mal: mésentente, un des deux n'est plus capable de payer sa part, accidents fréquents par l'un des deux, usage inégal de l'auto. Il faut bien gérer l'essence aussi. Bref, il faut des gens qui s'aiment et qui sont flexibles!»

Le plus grand avantage - et la raison d'être - d'une telle démarche est d'ordre financier. «En fait, ça permet de partager les coûts fixes, en particulier la dépréciation qui est le plus important coût fixe, et ensuite l'assurance, l'immatriculation, etc.», dit-il.

Pour un tel partage, il ne peut y avoir deux conducteurs principaux dans un même contrat d'assurance. «Au Québec, une seule personne est désignée conductrice principale dans une police d'assurances, mais plusieurs peuvent être désignées conductrices secondaires ou occasionnelles», rappelle Charlotte Sasseville, responsable des affaires publiques au Bureau d'assurances du Canada.

Il peut y avoir par contre deux - voire trois - propriétaires d'un même véhicule indiqués sur le certificat d'immatriculation. La Société de l'assurance automobile du Québec n'interdit pas et ne taxe pas, d'une manière ou d'une autre, ce genre de copropriété de véhicule. Ces copropriétaires doivent seulement renouveler leur immatriculation, le mois de mars venu.

Du côté des assurances, ces clients un peu particuliers n'en tirent aucun avantage ou ne subissent pas d'inconvénients propres à leur partage. Depuis le 1er avril 2009, en cas de sinistre, la responsabilité relève uniquement de celui qui est derrière le volant au moment des faits et elle n'est plus systématiquement inscrite dans le dossier du conducteur principal.

Une raison de plus pour avoir un véhicule en copropriété avec son voisin ou son meilleur ami?

Combien sont-ils?

Il est presque impossible de savoir combien de personnes au Québec détiennent un véhicule en copropriété avec un voisin, un ami ou un ex-conjoint. «À partir du moment où un véhicule est enregistré sous deux noms, c'est une copropriété», explique Audrey Chaput, porte-parole de la Société d'assurances automobile du Québec. Un couple peut donc être dans cette catégorie. Ces copropriétaires particuliers sont difficiles à dénombrer pour une autre raison simple : deux amis partageant la même voiture peuvent décider de l'enregistrer sous un seul nom. Résultat, au Québec, il y a officiellement 101 516 véhicules appartenant à 93 668 copropriétés ou associations de personnes. On a bien dit: «officiellement».

Le prêt entre personnes

Communauto évalue actuellement ce qui pourrait devenir un nouveau programme de son service d'auto-partage. Dénommé «PEP» (pour Prêt entre personnes), ce service pourrait permettre à des propriétaires d'automobiles de rendre disponible leur voiture aux abonnés de Communauto. En échange, ces propriétaires participant au programme recevraient une rémunération quotidienne, en plus d'un revenu pour chaque kilomètre parcouru. Ils disposeraient d'une couverture d'assurance adéquate qui leur éviterait d'entacher leur dossier d'assurance en cas d'accident de l'utilisateur de Communauto. Une fois son évaluation faite, Communauto lancera un projet pilote cet automne dans certains quartiers de Montréal et de Québec.