Après cinq ans de tergiversations, le constructeur de Boucherville Campagna Motors dévoilera plus tard ce mois-ci un prototype de ce qui pourrait devenir son premier véhicule tout électrique.

Estimant que l'électrification des transports n'est pas qu'une mode passagère, les dirigeants de Campagna Motors se sont finalement entendus avec le constructeur californien de motos électriques Zero Motorcycles afin de concevoir un premier T-Rex propulsé à l'électricité. Ce prototype, le premier d'une série qui pourrait mener, ou pas, à une éventuelle commercialisation, sera dévoilé en primeur au Salon du véhicule électrique de Montréal, le 20 avril prochain.

« Ça fait depuis 2013 qu'on suit l'évolution de l'électrification avec attention. Notre prototype est encore en assemblage en ce moment, mais il sera présenté au salon. Nous désirons connaître l'appétit des éventuels acheteurs pour un tel véhicule avant de parler de mise en marché. »

- André Morissette, président de Campagna Motors

Un comportement inchangé

Pour un grand constructeur comme General Motors, ou même pour une société comme Tesla Motors, construire un véhicule électrique « abordable » n'est pas simple, mais demeure tout de même plus facile que pour une petite société comme leur modeste homologue de la banlieue sud de Montréal.

« On ne peut pas perdre d'argent ni amortir les coûts dans le reste de notre gamme, souligne M. Morissette. Et de par la nature de notre T-Rex, il y a des défis particuliers si on veut respecter un certain niveau de performance et de comportement. Les gens ne sautent pas dans leur T-Rex pour aller acheter du lait à l'épicerie ! »

Selon l'homme d'affaires, les acheteurs de T-Rex se tiennent loin des grands axes, où se trouvent la plupart des bornes de recharge électrique, et voyagent généralement en groupe. Un T-Rex électrique doit donc non seulement avoir une autonomie suffisante pour une journée typique de randonnée, il doit aussi se comporter de façon comparable à sa contrepartie à essence.

C'est là tout le défi de conception pour ce véhicule sportif, à mi-chemin entre une moto et une voiture, dont le prix de détail devrait rester dans la même gamme de prix que les modèles à essence actuellement en marché.

« C'est d'ailleurs pour ça que nous avons décidé de prendre la technologie de Zero Motorcycles, explique le président de Campagna. Ils fabriquent des composants de motos électriques depuis une douzaine d'années, et ils ont trouvé l'équilibre entre la technologie de pointe et un prix raisonnable. »

Une filière électrique à Boucherville ?

Pas très loin des bureaux montérégiens de Campagna Motors, de l'autre côté de l'autoroute 20, se trouve un autre constructeur qui produit déjà ses propres véhicules électriques. Lito Green Motion détaille depuis quelques années déjà la Sora, une moto électrique qui est peu connue au Québec, mais qui semble populaire en Europe et en Asie.

Deux exemplaires de la Sora ont été mis à l'essai par la police de Longueuil, au cours des dernières années, afin de voir leur performance sur les routes québécoises. Les ingénieurs de Lito sont impliqués dans l'émergence du transport électrique dans le grand Montréal ; d'anciens employés ont notamment contribué au développement des Téo Taxi de Taxelco.



Campagna Motors aurait bien aimé travailler avec Lito. « Ça n'a pas marché comme on l'aurait voulu », déplore son président. N'empêche : si le constructeur décide de procéder à la mise en production de cette version électrique de son véhicule de loisir, il semble qu'on pourra parler de la naissance d'une filière du transport électrique dans l'agglomération de Boucherville, manifestement axée sur le plaisir de piloter des engins de haute performance...