Les voitures neuves vendues dans l'UE à partir de 2020 seront beaucoup moins polluantes avec des rejets de CO2 réduits de 27% par rapport à 2015, conformément à une réforme définitivement validée mardi par le Parlement européen.

Le texte massivement approuvé par les eurodéputés à Strasbourg (par 499 voix pour, 107 contre et 9 abstentions) est le résultat d'un compromis avec les États membres. L'Allemagne, qui s'est longtemps battue contre des normes trop contraignantes pour défendre les intérêts de son industrie automobile spécialisée dans les grosses cylindrées, a finalement consenti des concessions en novembre pour boucler cet accord.

À partir du 1er janvier 2020, les véhicules particuliers neufs vendus dans l'UE devront émettre au maximum 95 grammes de CO2 par kilomètre, au lieu de 130 g/km en 2015, sous peine de pénalités financières imposées aux constructeurs.

Il s'agit d'un objectif «accessible», à un coût raisonnable, et qui suppose de mettre en oeuvre «des technologies qui sont déjà disponibles aujourd'hui», a souligné la commissaire européenne chargée du climat, Connie Hedegaard.

En partant de l'hypothèse de 12,5 millions de voitures vendues chaque année dans l'Union, ce texte pourrait permettre de réduire de 15 millions de tonnes par an les émissions de CO2 des véhicules en Europe, a calculé le rapporteur du texte au Parlement, le conservateur allemand Thomas Ulmer.

Cette norme de 95 g/km sera une moyenne imposée à chaque constructeur: ainsi, pour pouvoir continuer à écouler de grosses cylindrées émettant beaucoup de CO2, sans pénaliser leur moyenne globale, les industriels devront également vendre des voitures électriques ou très peu polluantes.

Pendant un an, c'est-à-dire jusqu'au 1er janvier 2021, les constructeurs bénéficieront toutefois d'une tolérance: ils pourront exclure du calcul de cette moyenne leurs 5% de véhicules les plus polluants. Les industriels allemands, dont les revendications ont été relayées par la chancelière Angela Merkel en personne, avaient initialement réclamé une telle tolérance pendant quatre ans, jusque début 2024.

Autre tolérance finalement incluse dans l'accord: pendant trois ans, jusque fin 2022, les véhicules particulièrement «propres», émettant moins de 50 g de CO2 par km, compteront double dans le calcul de la moyenne par constructeur.

Cette disposition a été critiquée, certains estimant qu'elle risquait d'affaiblir l'efficacité de l'ensemble du texte. Mais d'autres ont souligné qu'elle aurait au moins le mérite d'inciter les constructeurs à se lancer sur le créneau des voitures électriques ou hybrides.

Les élus du groupe des Verts jugent que le texte comporte de trop nombreuses flexibilités «qui le vident largement de son ambition». L'eurodéputé français Yannick Jadot a fustigé une «caricature du conservatisme industriel qui règne en Europe aujourd'hui», et un accord dicté par les «injonctions de l'industrie allemande des grosses berlines».