Le PDG des constructeurs Nissan et Renault, Carlos Ghosn, a assuré vendredi à l'AFP que les ventes de véhicules électriques continuaient d'augmenter malgré un démarrage plus lent que prévu, après avoir signé pour Nissan un accord avec le Bhoutan.

Q: Pourquoi être venu au Bhoutan où le marché est encore balbutiant ?

R: Je veux appuyer la volonté du premier ministre d'y implanter les véhicules électriques. Ce pays dit : «l'avenir, ce sont les véhicules électriques, je veux baser mon transport dessus pour préserver mon environnement». C'est un point important, car c'est le premier pays qui le dit de manière aussi claire, et qui met en place les législations, les réglementations, les taxations nécessaires pour que ça marche. On veut encourager cette politique qui consiste dès le départ à dire: à la veille de mon développement, je fais le choix clair des véhicules électriques.

Il a tout pour réussir , car il produit de l'électricité via l'hydro-électrique et n'émet donc pas de CO2. Il ne veut pas importer de pétrole car il se préoccupe de sa balance des paiements. C'est donc un showcase mondial (une vitrine, ndlr), mais c'est aussi un business: d'abord, les véhicules officiels, les taxis, les familles aisées. On commence par ce créneau, mais le Bhoutan va se développer: on parle de centaines de voitures, mais j'espère bien qu'il y aura quelques milliers derrière.

Q: Les ventes mondiales de véhicules électriques n'ont pas décollé aussi vite que vous l'espériez. Qu'est ce qui vous fait demeurer confiant ?

R: On avait fixé 1,5 million d'unités vendues en cumulé pour Renault et Nissan d'ici 2016, on l'a repoussé à l'horizon 2020. On admet tous que le développement des ventes est plus lent qu'on ne le pensait, mais les chiffres continuent d'augmenter. La Leaf a passé les 100.000 et atteint un rythme de pratiquement 60 000 par an. Du côté de Renault, le volume de ventes des Zoé va augmenter en 2014. Tout est très corrélé au développement des infrastructures, mais les concurrents arrivent, c'est un signe qui ne trompe pas.

Q: Les nouvelles synergies annoncées entre Renault et Nissan préfigurent-elles une intégration des deux entreprises ?

R: Ces synergies laissent les marques et cultures intactes et très distinctes, les entreprises autonomes. On ne s'arrêtera pas là, mais c'est une logique de développement de synergies et pas d'intégration. Les marques sont en effet très liées au pays, avec une identité japonaise forte, une identité française forte, et liées aussi à l'implantation locale. L'objectif est de dégager 4,3 milliards d'euros de synergies en 2016. En 2013, on estime avoir atteint 2,8 milliards.

(Propos recueillis par Patrice Novotny)