Communauto a dévoilé jeudi les premiers résultats de son évaluation des véhicules en libre-service. Ceux-ci conduisent l'entreprise montréalaise d'autopartage à adresser un «oui, mais» à ce service. Et reste prudente quant à sa mise en application.

Le projet-pilote de l'entreprise d'autopartage, mené en collaboration avec la Ville de Montréal depuis juin dernier, a en effet montré que la voiture en libre-service remplacerait «en nombre significatif de trajets» les autres modes de déplacement d'une population urbaine comme celle de Montréal.

Si ce libre-service n'avait pas existé, 28 % des utilisateurs ayant participé au projet-pilote auraient pris les transports en commun, selon un sondage réalisé auprès d'eux. Pas moins de 19 % auraient pris un véhicule d'autopartage de Communauto, 13 % auraient fait leurs trajets en vélo et 11 % auraient pris un taxi. Voilà pour l'essentiel des réponses.

Des réponses qui laissent cependant entrevoir que la voiture en libre-service consoliderait les offres de transport concurrentes à la propriété individuelle d'une voiture. Ainsi, 45 % des utilisateurs de la voiture en libre-service en ont profité pour faire des courses (épicerie, magasins), 16 % pour retourner chez eux, 12 % pour rendre visite à un ami et 8 % pour se déplacer dans le cadre du travail. Quant au nombre de trajets faits avec cette voiture à chaque utilisation, 52 % des usagers n'en ont fait qu'un seul.

«Si les objectifs d'une ville sont de diminuer le taux de motorisation des ménages et de diminuer l'usage de l'auto, ce service-là peut apporter sa pierre à l'édifice», dit Benoît Robert, président de Communauto.

Le principe de la voiture en libre-service est comparable à celui du vélo. À l'aide d'un téléphone intelligent ou du web, on repère une voiture libre et garée près de chez soi. On la bloque le temps de la récupérer et on la déverrouille à l'aide d'une carte de membre. Une fois la voiture utilisée, on la gare n'importe où - à l'exception des stationnements payants et des zones de parcomètres.

Comme avec le BIXI, la distance parcourue et la durée d'utilisation de la voiture en libre-service sont relativement courtes, selon les observations de Communauto. En moyenne, la distance parcourue est de 6,3 km et le temps d'utilisation est de 48 minutes. À titre de comparaison, avec une voiture en autopartage, cette distance est de 35 km et l'utilisation est de 11 heures. Ce qui fait dire à Communauto que l'autopartage «n'est pas un service concurrent du libre-service».

L'autre grande conclusion de ce projet-pilote est que l'utilisation de véhicules électriques pour le libre-service «semble viable économiquement». Et représenterait un grand atout environnemental. Sans compter qu'un parc de voitures électriques en libre-service constituerait «une excellente vitrine pour Montréal à l'étranger», fait remarquer M. Robert.

Selon l'évaluation, chaque voiture électrique en libre-service est utilisée presque deux heures par jour à raison de presque deux fois par jour. «Avec de courts trajets, il y a un potentiel pour la voiture électrique», souligne M. Robert.

Une vingtaine de voitures électriques, des Nissan Leaf pour la plupart, sont mises en service pour ce projet-pilote jusqu'à la fin du mois d'octobre, dans l'arrondissement Plateau-Mont-Royal, à Montréal.

Communauto suggère d'approfondir cette première évaluation. «Il s'agit, pour le moment, uniquement de bénéfices potentiels. La prudence s'impose donc», dit l'entreprise d'autopartage.