La compacte électrique brièvement produite par le petit constructeur automobile CODA, de Los Angeles, a enfin un nom : Chapter 11.

La compagnie californienne s'est déclarée insolvable mercredi matin et s'est mise sous la protection du chapitre 11 de la Loi américaine sur la faillite. Selon les documents remis à la cour des faillites de l'État du Delaware (où CODA s'était incorporée), seulement 100 voitures ont été vendues en un an d'opération.

La compacte tout électrique cinq places avait une autonomie plus grande que celle de la Nissan Leaf, mais c'était son seul avantage concurrentiel : on lui reprochait son style extérieur dépassé et anonyme, son prix élevé (37 250 $ US), son intérieur sans luxe et terne, la bouche triste que lui faisait sa calandre et, en général, son manque de personnalité : la voiture n'avait pas de nom.

Cet échec commercial est un autre signe que l'auto électrique a plus de difficulté que prévu à se tailler un créneau dans le marché. Fisker Automotive est insolvable et son fournisseur de batteries au lithium-ion, A123, du Michigan, a fait faillite. Les ventes de Leaf sont bien en deçà des prévisions originales, mais les chiffres récents sont encourageants : Nissan a vendu 2236 Leaf aux États-Unis et 80 au Canada en mars dernier.

Par ailleurs, dans le marché du luxe, Tesla a l'air de tirer son épingle du jeu avec sa supervoiture à 100 000 $ Tesla S et son Roadster. GM compte encore lancer sa sous-compacte Spark EV cette année, mais seulement dans quelques États et elle sera construite en petite série.

Les nouvelles sont meilleures du côté des véhicules hybrides essence-électricité.

La compagnie CODA ne cessera pas d'exister, mais la firme financière Fortress Invesment, qui rachète sa faillite pour 25 millions, va la diriger vers la conception de batteries industrielles et commerciales.

La voiture était basée sur la petite berline chinoise Hafei Saibao, lancée en 2004, mais à laquelle on avait greffé un moteur électrique et une batterie lithium-ion. Toutes les pièces étaient faites en Chine et CODA faisait l'assemblage en Californie.

Dans ces pages, on trouvait la CODA fascinante, du point de vue marketing, parce que cette auto simple 100 % électrique visait précisément un segment de consommateurs très sensibles à l'environnement et très réfractaires à l'automobile telle qu'elle existe dans la publicité (performance, glamour, vitesse). Techniquement, elle était correcte, sans plus, mais on l'avait surnommée ici la voiture zéro-émission et zéro-sex-appeal.

Le pari a échoué

L'an dernier, CODA a eu une mauvaise évaluation de sécurité après les tests d'impact des autorités routières américaines et la compagnie a dû faire un rappel en rapport avec les ceintures de sécurité suspectes. Les clients craignaient aussi d'acheter une auto à un petit constructeur non établi.

La clientèle de CODA se tourne naturellement vers la Nissan Leaf MY 2013, une version de base simplifiée qui se vend 6400 $ de moins qu'avant aux États-Unis et peut être acquise pour aussi peu que 19 000 $, compte tenu de crédits d'impôt remboursables dans certains États.

En musique, une coda est le mouvement sur lequel s'achève une pièce musicale. Les fondateurs de CODA Automotive avaient choisi ce nom parce que l'auto électrique représentait, selon eux, la fin du moteur à combustion interne et le début d'une nouvelle ère automobile.

Ça ne s'est pas passé comme prévu.