Des fabricants de véhicules électriques ont relativisé vendredi la lenteur du déploiement d'infrastructures de recharge, jugeant pour l'instant les prises de courant standard suffisantes même si à terme l'absence de bornes publiques risque de freiner l'essor du secteur.

«Il faut pouvoir déployer dans les villes ces infrastructures et il faut le faire assez vite si on veut que le marché se développe comme on le prévoit. Mais on a la solution immédiate, il ne faut pas arrêter la commercialisation parce qu'il n'y a pas de bornes dans la rue», a jugé Joseph Beretta, responsable des énergies et des technologies chez PSA Peugeot Citroën.

PSA a vendu l'an dernier 4000 voitures électriques qui «se chargent au quotidien. On utilise ce qui est disponible, les prises standard», a-t-il souligné.

«La recharge à domicile va contribuer à 95% des usages et des modes de recharge», estime aussi Jérome Perrin, responsable des projets liés à l'énergie et à l'environnement chez le concurrent Renault.

Les deux hommes s'exprimaient lors d'une présentation faite à Paris aux journalistes de véhicules électriques développés par plusieurs constructeurs avec le soutien de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).

L'entreprise en démarrage Xor a notamment conçu un scooter pliable doté d'une batterie amovible «qu'on retire et qu'on charge sur une prise secteur chez soi ou au bureau», explique son PDG Fabrice Marion. Pour lui, «c'est la première étape», en attendant le déploiement d'un réseau de bornes dont l'absence est «le frein majeur au développement de l'électrique aujourd'hui».

En France, un plan gouvernemental, présenté en octobre 2009, prévoit 75 000 points de recharge publics en 2015. «Il y en a très peu pour l'instant, reconnaît Patrick Coroller, chef de service transport et mobilité à l'Ademe. Ca va venir progressivement, les collectivités ne vont pas investir s'il n'y a pas de véhicules.»

Mais «ce n'est pas la condition nécessaire. On peut démarrer les véhicules électriques sans qu'il y ait un grand réseau», a-t-il insisté.

«Pour nous, la charge idéale, c'est la charge lente, le soir à domicile. On fait rarement plus de 100 km par jour», a-t-il souligné en référence à l'autonomie moyenne de la plupart des véhicules électriques.

Selon des données du comité des contructeurs automobiles français (CCFA), 2630 voitures purement électriques ont été immatriculées l'an dernier dans le pays, 12 888 hybrides électricité/essence et 401 hybrides électricité/diesel.