Les voitures «vertes», hybrides ou électriques, suscitent optimisme chez les uns et scepticisme chez d'autres au salon automobile de Detroit: leurs ventes piétinent même si les possibilités de débouchés à moyen terme sont réelles.

«Il y a probablement eu un optimisme excessif au sujet des voitures vertes. Économiquement, elles ne sont pas encore très attractives pour le consommateur moyen. Elles représentent peut-être 3% des ventes de véhicules», remarque David Cole, directeur du «Center for Automotive Research» (Centre pour la recherche automobile), interrogé par l'AFP.

Nissan n'a écoulé que 9700 voitures électriques Leaf l'an dernier aux États-Unis et depuis son lancement fin 2010, General Motors n'avait vendu en décembre que 6400 Volt, sa voiture hybride rechargeable sur secteur, loin de son objectif de 10 000 modèles pour la première année.

En outre, la Volt a fait l'objet d'une mauvaise presse ces derniers mois, trois batteries ayant brûlé lors de tests de sécurité menés par l'agence américaine de sécurité routière.

«Le gouvernement a voulu pousser» en avant le développement de ces voitures, notamment en conditionnant des aides à la fabrication aux États unis de voitures hybrides ou électriques, mais «la technologie n'est pas prête pour la production de volumes élevés» de voitures, ajoute M. Cole.

Les véhicules hybrides contiennent deux systèmes de propulsion, «ce qui augmente nécessairement leur coût» encore dissuasif pour beaucoup de consommateurs, remarque Michelle Krebs, analyste du site spécialisé Edmunds.com.

Sergio Marchionne, patron de Fiat et Chrysler, a réitéré au salon de Detroit ses doutes sur le potentiel des voitures électriques, qui selon lui ne peuvent rester qu'un segment de niche, notamment à cause des problèmes de coût et de disponibilité des batteries au lithium.

«Le problème pour l'instant, c'est l'approvisionnement, et le goulot d'étranglement sur les batteries, qui sont importées du Japon», a reconnu à Detroit le patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.

«Nous allons résoudre ce problème en produisant la Leaf et sa batterie aux États-Unis», a-t-il ajouté.

Elle représente un pari important pour Nissan qui a investi avec son partenaire français Renault environ 4 milliards d'euros  (5,23 milliards de dollars) dans le développement de véhicules électriques. L'alliance Renault-Nissan veut mettre sur le marché huit modèles de ce type d'ici au début 2017, voitures particulières et véhicules utilitaires confondus.

«Je suis beaucoup plus optimiste au sujet des voitures électriques que la plupart des gens. Nous sommes encore très loin du potentiel du marché», a assuré M. Ghosn, ajoutant que «les infrastructures arrivent» et vont permettre de «dépasser la peur» de ne pas pouvoir recharger sa voiture.

Alors que la disponibilité de la Leaf, actuellement vendue dans seulement sept États américains, va s'étendre aux États-Unis cette année, Nissan table sur un doublement de ses ventes en 2012.

Dans un contexte de prix élevés du pétrole, les dirigeants de GM gardent aussi foi dans les voitures vertes.

«C'est un engagement à long terme, je pense qu'il y a eu un changement définitif de comportement d'achat dans le monde, vers plus de responsabilités face à l'environnement», a affirmé Mark Reuss, directeur de GM en Amérique du Nord devant un groupe de journalistes à Detroit.

Comme Sergio Marchionne, il croit en l'avenir du gaz naturel liquéfié comme carburant alternatif, arguant du fait que le prix du gaz naturel est au plus bas et que la technologie de la fracturation hydraulique devrait donner accès à d'énormes ressources aux États-Unis.

Chrysler présentera en mars un premier véhicule lourd fonctionnant au gaz naturel liquéfié, avec une technologie développée par son partenaire Fiat.