Le coût est toujours le facteur déterminant qui retient les consommateurs d'acheter des véhicules électriques, et tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas trouvé des batteries moins chères à produire, les véhicules à émission zéro resteront des produits de niche.

C'est du moins ce que soutient Dave Pascoe, le vice-président de la division E-Car Systems de Magna International, la multinationale canadienne de pièces automobiles. «Quand les voitures électriques afficheront des performances et un coût équivalents aux autos à essence, on verra les consommateurs se tourner en grand nombre vers les modèles hybrides et électriques. On pourra alors parler de produits destinés au grand public», a-t-il indiqué lundi à Toronto à l'occasion d'une conférence sur la voiture électrique.

Pour l'instant, il faudrait selon M. Pascoe que le prix de l'essence franchisse la barre des 5$ le gallon (1,36$ le litre) pour que les consommateurs envisagent sérieusement l'achat d'un véhicule hybride. À ce prix, M. Pascoe estime qu'il faut environ trois ans pour amortir le prix supérieur d'une voiture hybride. Au prix de l'essence en vigueur aujorud'hui - environ 1$ le litre - la surprime associée à l'achat d'une voiture hybride est plutôt amortie en six années.

Selon M. Pascoe, plusieurs problèmes liés à la technologie des voitures électriques ont été récemment éliminés, mais les batteries demeurent très chères. «La durée de vie (des batteries) s'est améliorée, l'autonomie s'est améliorée, mais leur coût est demeuré prohibitif, a-t-il soutenu. Aux prix en vigueur aujourd'hui, les voitures électriques ne réussiront pas à percer le marché. Mais les coûts baissent, il y a donc de l'espoir.»

Magna E-Car Systems, qui est dirigé par le fondateur et président du conseil d'administration de l'équipementier canadien, Frank Stronach, a néanmoins annoncé lundi l'ouverture d'un centre de développement de véhicules électriques et hybrides à Auburn Hills, au Michigan. Le centre de développement travaille déjà sur plusieurs projets, dont la mise au point conjointe avec Ford d'une version électrique de la Focus. M. Pascoe a indiqué que Magna E-Car Systems avait au moins un autre projet en branle. Certains informations ont laissé entendre que l'entreprise canadienne a entrepris des pourparlers avec l'entreprise japonaise GS Yuasa Corp. dans le but de produire de nouvelles batteries destinées au marché européen.

«On va travailler avec des partenaires stratégiques, s'inspirant de leurs idées tout en développant nos technologies propres, a dit M. Pascoe. Les batteries étant la clé du succès des voitures électriques, c'est là-dessus que nous allons nous concentrer.»

75 modèles électriques d'ici 2015

Les voitures hybrides et électriques devraient représenter entre 7% et 12% du marché d'ici 2020, a indiqué de son côté Sarwant Singh, vice-president de Frost and Sullivan's, une firme de consultation automobile. Il estime que 47 constructeurs automobile vont lancer jusqu'à 75 modèles différents de véhicules électriques d'ici 2015, 35 d'entre eux venant de constructeurs chinois. «La Chine est une menace, et si on tient compte de leur technologie et de leurs plans d'affaires, ce pourrait représenter une menace pour l'avenir également, a soutenu M. Singh.

Pour permettre une économie d'échelle, M. Singh estime par ailleurs que le niveau de production de batteries devra atteindre 100 000 unités par année, un volume qui permettrait au manufacturiers de réduire leurs coûts de 50% à 70%.