Le rallye Aïcha des Gazelles, qui vient de s'achever, a fait un tour de roue supplémentaire en direction d'une certification environnementale. Beaucoup de gestes en ce sens ont été faits au cours de la 20e présentation. Si le sport automobile n'était encore jamais allé aussi loin pour se mettre au vert, le parcours reste néanmoins semé d'embûches.

Sandra Dallaire et Marie-Christine Guay ont participé cette année pour la première fois à ce rallye relativement populaire auprès des Québécoises. Comme une centaine d'autres, cet équipage a dû respecter un principe unique à cette course: rallier chaque jour l'arrivée en parcourant le moins de kilomètres possible. Condition sine qua non pour gagner. L'objectif est à la fois simple et complexe: consommer et polluer le moins possible. Pour l'atteindre, il faut adopter autant que faire se peut une éco-conduite.

 

«Tout est axé là-dessus, témoigne la pilote Sandra Dallaire. Ce n'est pas de la vitesse pure. Il faut maintenir une vitesse constante pour être le moins polluant possible et consommer le moins possible. Les obstacles, comme les crevasses, les rochers, font qu'on n'a pas le choix de rouler tranquillement. C'est moins facile à faire dans les dunes car on ne peut pas les traverser à vitesse constante. Mais la course est conçue pour que cela soit le plus écoénergétique possible.»

 

Emprunter le chemin le plus court sans rouler vite, tel est le mot d'ordre.

 

L'éco-conduite anime les discussions de tous les réunions précédant chaque départ. Le soir au bivouac ou le lendemain, un bilan est fait. Et le classement des équipes les plus écoénergétiques est continuellement mis à jour. Soixante des 110 véhicules du rallye étaient cette année équipés d'un dispositif de lecture de leur taux de CO2.

 

À ce petit jeu, si l'on peut dire, la pilote Josée Roberge et sa navigatrice Julie Vivier ont pris le troisième rang du classement. «Je coupais le moteur chaque fois que l'on s'arrêtait, que ma coéquipière descendait pour repérer où on était ou regarder les cartes, dit Josée Roberge. Il ne fallait pas trop pousser le moteur non plus. Ce n'est pas la force du moteur qui nous fait sortir des dunes, mais le pelletage et les plaques de désensablement, il faut vraiment y aller tout doucement.»

 

 

Certification ISO

 

Ce rallye automobile est en passe d'être le premier du monde à obtenir la certification environnementale internationale ISO 14 001, certification qui reconnaît l'intégration des préoccupations environnementales dans les activités de l'épreuve. Pour décrocher ce sésame, il n'a pas seulement fallu rallier à cette course des participantes sensibles à l'environnement ou mettre des mouchards sur leurs véhicules. Les organisateurs ont fait signer aux concurrentes une charte de bonne conduite environnementale, déterminé les impacts environnementaux de la course, réduit les déchets à la source, mis sur pied un tri sélectif sur le bivouac, et, surtout, ont décidé de verser à une association une compensation pour les émissions de CO2 générées par le rallye.

 

«On calcule l'ensemble des émissions émises durant tout le rallye. Ce CO2 a une valeur en tonne et est transformé en compensation. On paye alors à l'organisme selon un rapport», explique Jean-Pierre Berthet, directeur sportif de la compétition et instigateur du volet environnemental.

 

Mais le rallye ne peut évidemment être totalement vert avec des dizaines de véhicules qui parcourent des centaines de kilomètres en zone désertique. Dans cette démarche, «c'est la partie la plus difficile à aborder et à gérer», reconnaît Jean-Pierre Berthet. Et il y a de grands obstacles à contourner.

 

«À l'avenir, on va essayer d'inciter les constructeurs à venir avec leurs véhicules les plus propres. Et de faire venir des véhicules électriques, au moins un», ajoute-t-il.

 

On est tenté d'imaginer que dans un avenir lointain, le rallye automobile Aïcha des Gazelles sera peut-être le premier à rassembler uniquement des voitures électriques.

Photo fournie par Maïenga

Pour avoir la conduite la plus économique et la plus écologique possible au cours du rallye, Josée Roberge et Julie Vivier coupaient le moteur chaque fois qu'elles s'arrêtaient, peu importe la raison de leur arrêt.