Renault-Nissan est le constructeur automobile qui se montre le plus dynamique pour mettre en marché sa voiture électrique, la Leaf. L'alliance franco-japonaise a déjà signé 30 partenariats avec des gouvernements et administrations municipales. À tort ou à raison?

D'aucuns diront que Toyota a pris tellement d'avance avec sa voiture hybride - la Prius - que la concurrence est obligée de faire directement le saut au tout électrique. «Non! rétorque Didier Marsaud, porte-parole de Nissan Canada. Nous sommes simplement prêts, nous avons une voiture compacte cinq places avec une autonomie de 160 km, une voiture urbaine. L'objectif, ce n'est pas moins d'émissions, comme les hybrides, c'est zéro émission. C'est notre stratégie, un choix d'entreprise.»

 

Ce point de vue n'impressionne pas le physicien Pierre Langlois, pour qui la voiture électrique est un marché de niche, et qui considère que l'autonomie affichée sera moindre en hiver au Québec.

 

«Si le parcours est bien défini, que l'on ne dépasse pas un certain kilométrage et que l'on s'approche de l'autonomie, cela peut avoir du sens, pense-t-il. Mais la grande majorité des gens ne fera pas ce choix. Et le fait que c'est une grosse batterie, cela va coûter cher et ajouter du poids.»

 

Renault-Nissan frappe fort. Il s'est engagé à livrer d'ici 2016 à Israël et au Danemark pas moins de 100 000 exemplaires de sa berline électrique Fluence ZE. Un projet vient d'être lancé simultanément dans cinq États américains avec une flotte de 4700 Leaf. Vancouver est la dernière en date à figurer sur son tableau de chasse.

 

«On vise 10% du marché mondial des voitures électriques, dans 10 ans. Il en reste 90% quand même», commente M. Marsaud.

 

Pour Karim Zaghib, chercheur spécialisé sur les batteries à l'Institut de recherche d'Hydro-Québec, le choix de Nissan est «un pari risqué, mais intelligent».