En clôture de la conférence sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables tenue à Montréal la semaine dernière, les constructeurs automobiles ont rappelé que, dans ce créneau, la partie n'est pas gagnée d'avance. Loin de là. Il va falloir éduquer et convaincre les consommateurs. Et pour réussir, il n'y arriveront pas seuls.

Gestionnaire pour l'ingénierie chez Ford, Nancy Homeister a été la première à soulever le problème. S'appuyant sur un sondage mené par le constructeur aux États-Unis, elle a constaté que les gens ne sont pas prêts à mettre dans un véhicule électrique ou hybride plus de 3000$ supplémentaires par rapport à un véhicule ordinaire comparable. «Les batteries font augmenter les coûts. Le client ne veut pas payer à long terme, il veut une période d'amortissement de trois à cinq ans, a-t-elle dit. Est-ce que les clients veulent acheter ce genre de véhicule? Le problème est le suivant: comment faire des améliorations dans ce contexte?»

 

Mme Homeister a prévenu que les aides financières à l'achat ne sont pas la panacée. «Les incitations ne dureront pas.» Un avis partagé par Stephen Beatty. «La technologie est là, mais sa progression peut être ralentie s'il n'y a pas d'incitations, dit le directeur général de Toyota Canada. Mais il faut aussi un jour se départir de ces incitations, car la nouvelle technologie ne peut pas dépendre uniquement de celles-ci. Il faut un véritable plan d'affaires.

 

Directeur des relations avec les gouvernements et des politiques publiques pour GM Canada, Phil Petsinis constate pour sa part que «le client veut être vert, mais il n'est pas prêt à sacrifier la performance». Les véhicules hybrides et électriques ont pourtant fait énormément de progrès dans ce domaine ces dernières années. Certains modèles n'ont pas grand-chose à envier à leurs homologues à essence. Nancy Homeister répond qu'il va falloir éduquer dans un premier temps le consommateur pour qu'il ne soit pas déçu par les performances de sa voiture le jour où il l'utilisera.

 

Si le parc automobile de demain (dans 30 ou 40 ans?) se résume à une propulsion entièrement ou partiellement électrique, il faudra alors fournir les infrastructures de recharge nécessaires. «Il faut convaincre le consommateur qu'il n'y aura pas de délais dans l'installation des infrastructures intelligentes», insiste Nancy Homeister.

 

C'est pourquoi «les politiques doivent appuyer la conversion», affirme Phil Petsinis.