Dans son dernier budget, Québec a annoncé timidement qu'il encourageait l'achat de véhicules hybrides et de véhicules électriques, autrement que par le remboursement partiel de la TVQ qui n'était de toute façon plus accessible. Les crédits d'impôts dorénavant accordés sont appréciés des groupes environnementaux. Mais correspondent-ils réellement à la réalité du marché et à l'efficacité de la technologie?

La réponse est non, selon Pierre Langlois. Le physicien auteur de Rouler sans pétrole dénonce une forme de discrimination dans les sommes accordées.

 

Pour une voiture hybride conventionnelle, on aura droit à un crédit d'impôts de 2000$ dès cette année. Ce crédit sera dégressif jusqu'en 2014. Pour un véhicule hybride rechargeable, comme la Volt, il sera de 3000$, dégressif lui aussi d'ici 2014. Pour une voiture tout électrique à basse vitesse, telle que la Zenn et la Nemo, ce crédit sera de 4000$, et sera dégressif d'ici 2015. Enfin, pour une voiture 100% électrique, le montant sera de 8000$, dégressif d'ici 2016. Ces crédits d'impôts s'appliquent aux véhicules admissibles achetés depuis le 1er janvier dernier.

Pierre Langlois considère que l'on ne met pas les hybrides branchables (sur 110 V.) et rechargeables sur le même pied que les tout-électriques, ce qui est une erreur.

Une erreur parce que d'une part on privilégie indirectement un véhicule qui ne sera pas commercialisé à grande échelle au Québec avant peut-être plusieurs années. Alors que la Volt, par exemple, est espérée pour la fin de l'année 2010 et que Toyota doit livrer une Prius branchable d'ici là. D'autre part, parce qu'en matière de performance et d'autonomie, les hybrides rechargeables n'ont pas à rougir face aux tout-électriques. En motorisation électrique, une hybride rechargeable peut parcourir quotidiennement la même distance en milieu urbain qu'une tout-électrique. Son gros avantage réside dans sa génératrice qui lui évite les pannes en prenant le relais des batteries si nécessaire. Une hybride de ce type n'impose pas un réseau de stations de recharge et de remplacement des batteries. Ces dernières seraient d'ailleurs moins chères que sur une auto électrique.

André Bélisle se réjouit de cette aide à l'achat de véhicules tout électriques ou hybrides rechargeables. «Il vaut mieux avoir un programme perfectible que d'en voir un disparaître», dit-il. Mais le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique est aussi d'avis qu'il faut «favoriser les hybrides branchables qui sont à portée de main. Il faut favoriser ce qui marche.»

Membre de la direction de la Coalition Québec-Kyoto, Arthur Sandborn a favorablement accueilli les crédits d'impôts. Mais, «le tout-électrique n'est pas l'option la plus intéressante pour l'instant au Québec», dit-il.

Il faut s'inspirer de ce qui a été adopté au sud de la frontière, précise Pierre Langlois. Depuis février, le crédit de base à l'achat d'un véhicule électrique branchable y est de 2500$US. Selon la capacité de la batterie, ce crédit peut atteindre un maximum de 7500$US. Une hybride rechargeable y est admissible comme une tout-électrique.