Les propriétaires de véhicules hybrides ont-ils raison de s'extasier devant les performances énergétiques de leur automobile? Et celle-ci a-t-elle réellement un avenir?

Michel Gou ne voit pas d'inconvénients propres à la technologie automobile hybride. Mais pour ce professeur en génie mécanique de l'École polytechnique de l'Université de Montréal, si les véhicules hybrides sont les meilleurs en matière de pollution, il n'est pas certain qu'ils le soient en matière de rentabilité.

 

«Est-ce qu'il y a un avantage économique? Ce n'est pas si évident que cela, dit-il. Le budget de consommation n'est pas très important par rapport au prix d'achat. Il faut faire beaucoup de kilomètres pour compenser et récupérer l'investissement. Par contre, par rapport à un véhicule standard, il y a une grosse différence - avantageuse - dans la circulation urbaine.»

En se référant aux prix à l'achat et à la pompe, M. Gou n'est pas convaincu qu'un hybride soit économiquement rentable. Même si, entre deux modèles identiques, l'un équipé de la technologie hybride et l'autre d'un moteur standard, il y a une différence notable.

Dans le dernier Guide de consommation de carburant, la Toyota Camry hybride (de 2,4 litres et quatre cylindres), par exemple, consomme en moyenne 5,7 litres aux 100 km, en ville comme sur route, pour un coût de 1140$ par année. La même Camry standard (mêmes moteur et cylindrée, avec boîte manuelle) consomme 9,6 litres et 6,4 litres aux 100 km, en ville et sur route, pour une dépense annuelle de 1640$.

Sylvain Chagnon et Marie-Hélène Dubuc ont acheté en juillet 2006 une Toyota Camry hybride 2007 au prix de 38 200$. «Les gens calculent mal l'économie d'essence qu'ils peuvent faire avec le modèle hybride, pense Mme Dubuc. Ils ont tendance à comparer le prix de la Camry hybride avec celui du modèle de base. En fait, la Camry hybride est plus équipée que le modèle de base et un peu moins que la SE. Avec les offres du gouvernement, le prix de l'essence et le kilométrage que nous faisons, nous calculons que nous avons rentabilisé la différence de coût en environ deux ans.»

Seulement voilà, les aides du gouvernement sont sur le point de disparaître et le prix du litre d'essence a baissé à la pompe. Alors, qui dit vrai?

Notre consommation d'essence dépend en fait de ce que l'on recherche comme véhicule, de notre kilométrage et, surtout, de notre conduite. «Nos habitudes de conduite font gagner de l'énergie», dit M. Gou. Sans compter que l'aérodynamisme a fait énormément de progrès. «Dans le cas de la Prius, son aérodynamisme est son gros avantage, ajoute-t-il. Si la Toyota Écho avait un tel aérodynamisme, je ne suis pas sûr qu'il y aurait une grande différence en consommation.»

L'hybride, une solution temporaire?

Quoiqu'il en soit, les véhicules hybrides n'ont pas d'avenir, selon le professeur en génie mécanique: «Le système hybride est une solution temporaire. Les moteurs thermiques avec une pile à combustible vont donner un meilleur rendement et coûter moins cher. Mais... dans 10 ans.»

C'est au contraire «le véhicule du futur», pour John-Paul Farag. Pour cet ingénieur technologie et groupe propulseur de pointe chez Toyota Canada, «le système hybride est une plateforme pour n'importe quelle technologie de l'avenir et n'est pas en compétition avec d'autres.»

«À mon avis, la réponse est que la voiture hybride est une transition qui laisse place à beaucoup de possibilités», estime Yannick Forget, propriétaire d'une Prius 2004.