Avant la fourgonnette, il y avait la van. Vous savez, celle avec un hublot bombé à l'arrière et, accessoirement, des flammes à l'avant. Eh bien, sachez qu'elle n'a pas dit son dernier mot! Certains irréductibles lui vouent toujours un amour inconditionnel.

Mon premier contact avec la chose automobile s'est fait par la lecture répétitive du Guide de l'auto 1980. Et j'ai beau chercher, un seul souvenir me vient en tête - mis à part la Chrysler Cordoba, je ne sais trop pourquoi: le Ford Econoline, rutilant avec son étincelante peinture brune, ses décalques jaunes et orange et ses gros pneus avec lettres blanches en relief. Du haut de mes 8 ans, je m'imaginais fièrement au volant, dans une pub de Juicy Fruit. Bref, difficile de trouver un type de véhicule qui a marqué autant la fin des années 70.

Assez en fait pour avoir donné naissance à des clubs de «vanneurs», qui ont attiré à l'époque plus de 8000 vans lors des grands rendez-vous aux États-Unis. Aujourd'hui, les rassemblements américains n'attirent plus qu'un millier de vanneurs, la raison principale étant que les vans ont cédé leur place aux fourgonnettes. Mais les petits fourgons séduisent toujours, si bien que certaines expositions de voitures classiques leur réservent des sections bien à elles.

Chez nous, l'Association des clubs de vans du Québec (ACVQ) a pensé mettre la clé sous la porte au cours des deux dernières années, mais elle revient cette année avec son premier Québec Van Show, qui aura lieu à Mirabel du 17 au 19 mai. En plus des vans traditionnelles, on accepte aussi les camionnettes de tout acabit. «On a prévu accueillir une soixantaine de véhicules, mais si on atteint la centaine, on va pleurer de joie», dit Stéphane Hébert, secrétaire de l'ACVQ et grand vanneur devant l'éternel.

De son propre aveu, la relève est difficile à dénicher. Mais il sait qu'elle existe. «Je vois de plus en plus de jeunes qui se sont acheté des vans pour aller à Woodstock en Beauce et ils commencent à trouver ça trippant, soutient M. Hébert. Il y a aussi des jeunes qui affectionnent un style hybride entre le tuning et le vanning. Ils achètent un Safari, rabaissent la suspension, ça donne un look plus «exposition», mais ils peuvent néanmoins dormir dedans.»

C'est justement le côté polyvalent qui séduit les vanneurs, peu importe leur âge. Ça et son petit côté m'as-tu-vu. «C'est sûr que ça fait tourner les têtes, surtout que j'avais un beau gros afro pas mal mêlé dans le temps, illustre Marc Déposé, 28 ans. Mais je vis bien avec ça, j'ai toujours aimé être en avant, surtout quand je dis des niaiseries!»

Marc Déposé - son nom de scène est grosso modo devenu son nom d'usage - a écumé les bars de la province pendant presque 10 ans avec ses groupes punk-rock, toujours au volant de son fidèle Réjean, Chevy Van 1978. «Quand je l'ai achetée, je savais que je ne la vendrais jamais, assure le musicien de 28 ans. Mais quand bien même que je voudrais la vendre, je ne pourrais pas aller chercher plus de 15 % de sa valeur. On paie 3000 $ et si on met de 10 000 à 15 000 $ dessus, elle ne va jamais valoir plus de 8000 $.»

En effet, les vanneurs sont essentiellement des passionnés. Aucune chance d'en faire un bon investissement, contrairement à certaines voitures classiques. Mais les principaux intéressés n'en ont rien à cirer. «Dans les expos de voitures classiques, les gens arrêtent et regardent nos vans bien plus longtemps que les autos, affirme Stéphane Hébert. Parfois, les gars me traitent d'Elvis Gratton. C'est de la jalousie. Et pendant ce temps, leurs femmes leur disent: «Vends ta Camaro et achète-toi donc une van.» Les gars s'en vont en grognant, moi, je ris dans ma barbe! Ma van, elle n'a pas de prix.»

***

Le Premier Québec Van Show aura lieu du 17 au 20 mai  à la Cabane à Sucre Bertrand, 9500 Côte des Anges (Ste-Scholastique), Mirabel.

Pour plus d'informations, vous pouvez contacter Serge Cyr au 450-473-6140 ou Stéphane Hébert au 514-699-2022.