Ken Block. Encore méconnu du grand public, il est une vedette immense dans l'univers parallèle où se mêlent sports extrêmes et course auto. Ses films ont été vus par près de 220 millions d'internautes. Il est au Québec ce week-end. Entrevue.

Ken Block au Rallye-Défi de Sainte-Agathe. Mais pourquoi diable un pilote de ce statut déciderait-il d'aller rouler sur les tortueuses routes des Laurentides?

«Il y a quelques rallyes que je n'ai pas encore réussi à compléter, et le Rallye-Défi est l'un de ceux-là, a expliqué Ken Block en entrevue téléphonique. C'est aussi l'un des meilleurs rallyes en Amérique du Nord. Tout le monde veut bien faire là-bas.»

Le fait d'y avoir passé en coup de vent en 2009 n'est peut-être pas étranger à son désir de revenir dans les Laurentides. «Je veux en effet venger mon échec de 2009, a reconnu le fantasque pilote de 44 ans. J'y étais allé avec une très vieille voiture - une Ford Escort 1978 - et nous l'avions chaussée de pneus plus gros qu'à l'habitude. Dès le premier virage, la suspension s'est comprimée et l'un des pneus a stoppé net, bloqué dans le passage de roue. On a fait un tout droit et c'en était fait de notre course.»

Block ne s'attend néanmoins pas à une promenade du dimanche. Les grosses gommes du rallye canadien l'attendent de pied ferme. «Je connais Antoine [L'Estage] et Pat [Richard] depuis plusieurs années. Il s'agit de pilotes exceptionnels, a-t-il affirmé. Ce sera tout un défi d'aller les battre chez eux.»

Sur le terrain, on peut d'ores et déjà parler d'un effet Block: «Sur les médias sociaux, c'est infernal, je reçois toutes sortes de courriels, des demandes d'autographes, etc., affirme B. Gilles Lacroix, coordonnateur du Rallye-Défi. Normalement, on a de 4000 à 5000 personnes qui viennent assister au rallye; on pense en attirer deux fois plus. S'il fait beau, bien sûr.»

Calendrier éclectique

Le Rallye-Défi est l'une des deux épreuves du circuit canadien disputées cette saison par Ken Block. Il participe aussi à deux épreuves du championnat américain - il a remporté pour une sixième fois en sept ans le Rally in the 100 Acre Wood, au Missouri, en février dernier.

Il roule par ailleurs à temps plein dans la série américaine Global Rallycross Championship, organisée en marge de courses NASCAR ou IndyCar sur de petits circuits temporaires. S'il a connu certains pépins dans les trois premières épreuves de la saison, il a néanmoins terminé 5e au New Hampshire, mais il a surtout remporté la médaille d'argent lors des X-Games, derrière un certain Sébastien Loeb, octuple champion du World Rallye Championship (WRC). Block s'est d'ailleurs frotté à Loeb à trois autres reprises cette saison en WRC, terminant neuvième au Mexique et en Nouvelle-Zélande, un résultat qu'il aurait pu répéter en Finlande n'eût été d'un bris mécanique.

«Je suis vraiment chanceux de pouvoir participer à toutes sortes d'épreuves, a indiqué Block. C'est un mélange exceptionnel, et la saison se déroule particulièrement bien. Bien sûr que j'aimerais faire une campagne complète en WRC, mais mes commanditaires préfèrent quand je roule aux États-Unis.»

Lucide, Block est mieux placé que quiconque pour comprendre les prérogatives de ses commanditaires. Avant de découvrir à 35 ans (si, si!) sa passion pour le pilotage, il était déjà un homme d'affaires prospère : il a en effet lancé l'entreprise de chaussures DC Shoes, populaire auprès des jeunes amateurs de sports extrêmes.

Mais, actuellement, ce qui le branche, c'est piloter. «Je me sens privilégié de pouvoir gagner ma vie en tant que pilote de course, et le rallye est selon moi la façon la plus agréable de conduire une auto. Le NASCAR, la F1, ça ne m'intéresse pas!»

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Rallye-Défi

Le Rallye-Défi est l'une des trois épreuves québécoises du Championnat canadien, les autres étant le Rallye Perce-Neige, de Maniwaki, et le Rallye de la Baie-des-Chaleurs. L'événement, dont c'est la 20e édition, se déroule vendredi et samedi sur quelque 175 km de routes et chemins de la MRC de Papineau, entre Sainte-Agathe et Montpellier, à cheval entre les Laurentides et l'Outaouais. « On a une bonne réputation, soutient B. Gilles Lacroix, coordonnateur de l'événement. Contrairement à la majorité des rallyes, les équipages peuvent faire eux-mêmes la reconnaissance du circuit le jeudi précédant l'épreuve. Ça leur permet d'avoir des notes de parcours beaucoup plus précises qu'aux États-Unis, par exemple. Ça plaît beaucoup aux pilotes.»

www.rallyedefi.com

Photo fournie par Monster World Rally Team