«Maman, regarde, sans les mains ! » Quel gamin n'a pas un jour voulu faire le fin finaud en roulant sans tenir le guidon de son vélo ? Parfois, la modeste acrobatie s'accompagnait de petits wheelies plus ou moins réussis. Bien sûr, cette tendance à faire des folies finit par passer. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde ; certains grands enfants gagnent aujourd'hui leur vie à faire des cascades à deux roues !

On les voit souvent s'entraîner dans un stationnement montréalais. Bien que leurs motos aient deux roues, Félix Famélard et Éric Meslier en utilisent souvent qu'une seule, celle d'en avant ou celle d'en arrière, c'est selon. Ils pratiquent ce qu'on appelle le stunt.

En voie de devenir un sport extrême reconnu - le championnat américain XDL attire les amateurs et, dans la foulée, les commanditaires -, le stunt a encore un statut confidentiel au Québec. À peine une dizaine d'adeptes le pratiquent, et si Félix et Éric peuvent en vivre, c'est qu'ils sont aujourd'hui cascadeurs à part entière.

Cela dit, Félix Famélard et Éric Meslier restent fidèles à la moto. Après avoir participé à de nombreuses compétitions, sur circuit routier ou en motocross, ils ont fait leurs premiers spectacles de stunt il y a une dizaine d'années. Mais comment diable fait-on pour apprendre à se tenir debout sur une moto qui roule sur sa seule roue arrière?

«J'ai pas mal appris ça moi-même, explique Félix Famélard. Il n'y a pas de secret; ça prend de la pratique. C'est un peu comme n'importe quel autre sport extrême. Quand on veut inventer un nouveau truc, c'est de l'essai-erreur. Et quand ça ne fonctionne pas, on tombe.»

Heureusement, les manoeuvres, aussi spectaculaires soient-elles, se font presque toujours à basse vitesse. Les blessures se limitent généralement à des ecchymoses.

«Il y a quand même certains risques, admet Éric Meslier. Mais quand on fait ça au bon endroit, avec le bon équipement et une bonne approche, on minimise les risques. Il faut aussi y aller graduellement, sans tourner les coins ronds. Apprendre une manoeuvre se fait en deux ou trois jours, il ne faut surtout pas brûler les étapes.»

Par contre, les dégâts à la moto peuvent être plus sévères. C'est pourquoi il existe aujourd'hui des bécanes adaptées pour le freestyle. Les modifications, qui devaient être faites maison il y a quelques années encore, sont aujourd'hui proposées en kit par quelques entreprises spécialisées.

Par exemple, les poignées sont redressées, un peu à la manière des motocross, il y a des barres de protection pour protéger la moto en cas de chute et un frein à main est installé sous l'embrayage, très pratique lorsque le pied droit n'est pas à sa place habituelle.

Même si nos deux acrobates à deux roues ont atteint la mi-trentaine, pas question pour eux d'arrêter. En plus de multiplier les cascades - Éric a doublé Stéphan Bureau dans une cascade sur scène lors du tout récent Gala du 30e anniversaire du festival Juste pour rire, et l'on peut encore voir Félix à l'oeuvre dans une pub-choc de la SAAQ -, ils font une bonne vingtaine de spectacles au Québec et en Ontario.

Prochaine représentation: ce week-end, au Ottawa Valley Motorcycle &Tattoo Show.

Pour plus d'information: www.stunt.ca