Survoler les Antilles de Fort Lauderdale à la Grenade tout en subissant une série d'épreuves de navigation, de précision et de connaissances aéronautiques, c'est le défi proposé du 13 au 27 avril par le Rallye aérien international, événement organisé et imaginé par des Québécois.

Des îles luxuriantes, l'étendue bleu turquoise de la mer des Antilles, la chaleur, le soleil. Tout ce qui, pour le vacancier, est synonyme de paradis représente pour des pilotes amateurs tout autant de facteurs de stress. Généralement habitués à voler dans leur cour arrière, les voilà lancés à la conquête de la Coupe du Gouverneur, au-dessus de territoires jamais survolés, avec de surcroît des épreuves quotidiennes à subir.

Camil Dumont et Catherine Tobenas ont organisé leur premier rallye aérien en 2002, au Québec. «J'étais premier vice-président des pilotes de brousse du Québec et on cherchait quelque chose à faire pour rassembler tout le monde, explique Camil Dumont. Comme ma femme Catherine avait connu l'expérience des rallyes en Europe, on a eu l'idée d'en organiser un au Québec.»

Le Rallye aérien international est né quant à lui en 2009, à l'occasion du centenaire de l'aviation au Canada. Les équipages ont alors traversé le pays en 17 jours, du nord au sud et d'est en ouest. Depuis 2010, le rallye se déroule dans les Caraïbes.

La compétition suit généralement les règles de la Fédération aérienne internationale. Les équipages doivent, par exemple, évaluer leur temps de vol, repérer des secteurs selon des photos remises au décollage, répondre en vol à des questions de connaissances aéronautiques.

Il y a par ailleurs une épreuve de précision où les pilotes doivent tenter de poser les roues de leur appareil entre deux lignes tracées sur le tarmac. Selon M. Dumont, seulement le quart des pilotes réussit cette épreuve. Enfin, les équipages devront réussir la vérification mécanique d'un appareil lors de leur escale en Martinique. Un mécano se chargera de causer trois anomalies sur un appareil - rassurez-vous, cet avion n'est pas celui de l'un des concurrents - et chaque équipe devra les identifier.

Facile, tout ça? Pas si l'on se fie à Martin Hivon. L'ancien pilote de chasse a passé 12 ans au sein de l'escadron canadien de CF-18 et il participera au rallye à titre de mentor de l'animatrice télé Carole St-Denis, dont l'expérience fera l'objet de la deuxième saison de l'émission Air, à TVA Sports, à partir de septembre prochain. «Le défi est très réel; tu voles d'une île à l'autre à bord d'un monomoteur, au-dessus de l'eau, où il est impossible de planer, explique M. Hivon, qui dirige aujourd'hui une école de voltige à Rivière-du-Loup. En carrière, j'ai expérimenté deux pannes de moteur: une fois avec un monomoteur, et l'autre avec un multimoteur. Je vous laisse deviner laquelle des situations est la plus stressante!»

La question planification est aussi cruciale. «Voler de Drummondville à Sherbrooke ne représente pas un gros défi, illustre le pilote de 43 ans. Là, il faut voler d'un pays à l'autre, d'une île à l'autre. Il y a des règles à suivre et les gens ne sont pas familiers avec ça.

«La météo est généralement prévisible dans les Antilles, mais on doit néanmoins composer avec les alizés, des vents assez forts en après-midi, poursuit-il. Il y a aussi beaucoup de chaleur et d'humidité, ce qui encourage la formation de nuages de convection. Plus on avance dans la journée, plus il y a de nuages, le vol à vue peut donc être difficile.

«Bref, il n'y a rien dans le rallye qu'un pilote ne devrait pas savoir, mais on met tout dans une seule et même expérience de vol. C'est vraiment un beau défi», conclut le pilote de chasse.

Photo fournie par le Rallye aérien international

Le Rallye aérien international est né en 2009, à l'occasion du centenaire de l'aviation au Canada. Depuis 2010, le rallye se déroule dans les Caraïbes.

Programme de mentorat

Coup de pouce pour aspirants pilotes

En marge de la compétition, les organisateurs du Rallye aérien international ont eu l'idée de jumeler certains participants à des aspirants pilotes de ligne qui n'ont pas encore obtenu un nombre suffisant d'heures de vol pour être embauchés par des compagnies aériennes de renom.

Ainsi, cette année, trois jeunes, dont deux Québécois, pourront ajouter sans frais une cinquantaine d'heures de vol à leur fiche, une occasion qui est loin d'être négligeable. «Louer un monomoteur coûte plus de 140$ de l'heure dans les aéroports de la région de Montréal, explique Catherine Tobenas. Et pour des bimoteurs, on parle de 400$ de l'heure. Il en coûte donc très cher aux jeunes pilotes pour accumuler de l'expérience de vol.»

Le calcul est facile à faire quand on sait que l'on demande aux aspirants pilotes d'accumuler un minimum de 1500 heures de vol avant de pouvoir être embauchés par une compagnie aérienne, selon l'Association du transport aérien du Canada. «Les jeunes pilotes doivent aussi préparer des plans de vol autrement plus complexes à cause des couloirs aériens internationaux. Ce sont les jeunes qui déposent les plans de vol, sous la supervision de leurs mentors», renchérit de son côté Camil Dumont.

https://airrally.wordpress.com/

Photo fournie par le Rallye aérien international

Les organisateurs du Rallye aérien international ont eu l'idée de jumeler certains participants à des aspirants pilotes de ligne.

Le rallye en chiffres

QUAND: du 13 avril au 27 avril.



QUI: 20 équipages provenant de sept pays, dont quatre du Québec.



: de Fort Lauderdale à la Grenade, aller-retour, en passant par les îles Turks et Caicos, la République dominicaine, Porto Rico, Anguilla, et la Martinique.



DISTANCE: 5630 kilomètres.



APPAREILS: monomoteurs et bimoteurs de marque Beachcraft, Cessna, Piper, Lake, Vans, Cirrus et Pilatus.



COÛT: 1850$ par personne, plus 450$ de frais d'inscription des appareils. Le logement, les repas, les frais de douanes et de stationnement des appareils sont inclus. Le carburant est à la charge des concurrents.

SUR LE WEB: www.airrally.com

Photo fournie par le Rallye aérien international