David Bensadoun ne se fait pas d'illusions: l'objectif de son copilote Patrick Beaulé et lui se limite (!) à devenir le premier duo canadien à finir le rallye Dakar en auto. Tout en récoltant des fonds pour la recherche pour vaincre le sida.

Pour David Bensadoun, vice-président aux ventes internationales du Groupe Aldo, affronter le Dakar est un rêve. «Je me sens comme un petit garçon de 12 ans qui a volé la voiture familiale pour faire un joy ride!», a dit le pilote de 41 ans, qui a fait ses classes en course auto notamment en terminant cinquième au classement du Championnat canadien de voitures de tourisme en 2009 et 2010.

Cela dit, en bon homme d'affaires, il a mis toutes les chances de son côté pour réussir. Joint quelques jours avant son départ pour l'Amérique du Sud, il n'apparaissait d'ailleurs pas trop nerveux. «C'est la première fois en sept ans que je vais fermer mon Blackberry... et c'est ça qui m'inquiète le plus!» a-t-il blagué. Une assurance qui s'explique sans doute par l'approche méthodique du gentleman-driver, qui a travaillé pendant près de cinq ans à mettre sur pied l'opération qui l'a amené à Buenos Aires quelques jours après Noël.

Il a d'abord embauché Patrick Beaulé comme copilote. «Patrick est un champion de motocross enduro, c'est un gars sérieux, en forme, qui veut vraiment. C'est aussi un navigateur hors pair», a-t-il assuré.

Ensuite, il a convaincu son mécano Yvan Turcotte, qui a déjà fait le Dakar en plus d'avoir touché à presque toutes les formes de course auto, de la Formule 1600 au Champ Car en passant par les voitures de tourisme. «On est tellement chanceux d'avoir Yvan, c'est l'un des rares au Québec qui a autant d'expérience, a dit David Bensadoun. En plus, c'est un aventurier; il est content de ne pas dormir pendant deux semaines et il a toujours des solutions. C'est ça que ça prend.»

En français à bord

Ont suivi plusieurs mois de préparation; David et Patrick se sont d'abord inscrits au Rallye Touareg, en mars dernier, histoire d'aller défier les dunes du désert marocain. Le duo a terminé troisième sur les 42 concurrents inscrits à l'épreuve de huit jours.

Patrick s'est ensuite familiarisé avec les méthodes de navigation en vigueur au Dakar. «Comme il s'agit d'une organisation française, les symboles du carnet de route sont faits à partir de la langue française, ce qui pourrait nous faciliter la tâche par rapport à d'autres équipes, a expliqué le copilote. Par exemple, la présence de cailloux est indiquée par les lettres 'CX', 'RLT' nous prévient de ralentir, etc. C'est pourquoi David et moi avons décidé de communiquer en français dans le véhicule.»

De son côté, David a contacté chacun des Canadiens qui ont déjà fait le Dakar. «J'ai constitué une base de données pour détailler tous les problèmes qu'ils ont eus. On a établi un plan de contingence d'urgence pour déterminer quel outil utiliser, quelles pièces, de quelles connaissances on a besoin pour pouvoir surmonter les problèmes», a-t-il énuméré.

Le Desert Warrior du duo québécois est donc chargé de près de 100 kilos de matériel: freins, suspension avant, unité de contrôle électronique, pompe à eau, turbocompresseur et moyeux de roue. Il y a aussi assez d'huile à moteur pour faire une vidange complète.

Malgré tout, le Dakar n'a pas de pitié, surtout pour les débutants. «On est là pour le finir, a répété David Bensadoun. On révisera nos objectifs quand on reviendra... ou plutôt quand ma femme va me permettre de revenir!» a rapidement corrigé David Bensadoun, qui passait des vacances en famille dans les Antilles quand Auto l'a joint au téléphone. «Cela dit, je suis curieux de voir si notre véhicule peut nous amener dans le top 40.»

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