La Volkswagen Passat est de ces voitures sur le passage desquelles on ne se retourne pas. Depuis sa refonte en 2011, elle poursuit une carrière honorable, mais discrète. Nul doute que l'absence d'une mécanique diesel sous son capot dépréciera le travail réalisé pour la mettre au goût du jour.

Concurrente de la Ford Fusion et de la Toyota Camry, la septième génération de ce modèle construit à Chattanooga, dans le Tennessee, aimerait pourtant sortir de sa réserve congénitale, voire - air connu - «susciter de l'émotion», dixit ses promoteurs. La Passat s'est donc mise en frais.

Ses mensurations demeurent les mêmes, mais la Passat s'enveloppe d'une carrosserie fortement remodelée, surtout dans sa partie avant. Les ailes, le capot, le carénage et la calandre ont une découpe plus nette et des lignes plus horizontales. À l'arrière, le couvercle du coffre et le pare-chocs ont droit au même traitement.

La palette des teintes intérieures s'est enrichie, et les prudes stylistes maison se sont même «lâchés» en rompant avec les habillages uniformément noirs de l'habitacle qui accueille désormais des revêtements deux tons agrémentés d'appliqués au fini noir piano ou bois.

Volkswagen, qui fait du volume intérieur de ses berlines son leitmotiv, est parvenu à préserver cet avantage, malgré l'ajout d'un certain nombre de renforts pour satisfaire aux normes de sécurité récemment révisées. Ces retouches structurelles entraînent malheureusement le poids à la hausse.

Hélas, ce que cette voiture fait à l'intérieur se voit un peu trop à l'extérieur. Pour offrir davantage d'espace aux passagers arrière - une garde au toit généreuse pour les grands gabarits - et disposer d'un coffre aussi accueillant, il faut une carrosserie dont la partie centrale sera peu ou prou taillée à la serpe, avec des lignes plus géométriques que fuyantes. Or, le remodelage de ses formes ne lui permet pas d'échapper à cette dure réalité. D'où cette architecture verticale contrariée et le profil pas vraiment aquilin d'une voiture de facture délibérément traditionnelle qui essaie de se faire passer pour plus imposante qu'elle ne l'est. À rebours de ses concurrentes qui s'efforcent de rapetisser visuellement et qui, à l'image de la Chrysler 200, de la Hyundai Sonata ou de la Honda Accord, adoptent des styles plus dynamiques et des choix esthétiques tranchés.

La très sage Passat fait du bon vieux principe du «J'en ai pour mon argent» une lecture qui n'est pas tout à fait la même que celle des autres grandes marques généralistes. Acheter cette voiture restera le fruit d'une décision hyperrationnelle, mûrement réfléchie, plutôt que le résultat d'un coup de coeur.

Tableau de bord à l'équerre



Les formes du tableau de bord nous ramènent à l'époque où ceux-ci étaient dessinés à l'aide d'une équerre. On y a intégré un bloc d'instrumentation à la fois plus clair et plus lisible. Cela présente toutefois l'avantage de créer un habitacle dégagé, loin de la forme «cocon» (plus individualiste) adoptée par les autres véhicules inscrits dans cette catégorie.

Ici, tout respire. L'ergonomie des commandes ne soulève aucune critique particulière, pas plus que la qualité de la construction.

On trouve parmi les petites douceurs une banquette arrière chauffante, une horloge analogique délicieusement rétro et un rétroviseur central dépourvu d'un encadrement, à la manière de la future A4 d'Audi.

Au chapitre des innovations, la Passat tire un trait sur le passé et se met à la page. Sur le plan de la connectivité, cette Volkswagen fait un important pas en avant (il est plus simple dorénavant d'appareiller et surtout de connecter son portable), sans pour autant devancer la concurrence dans ce domaine. À cet égard, beaucoup d'acheteurs regretteront la petitesse de l'écran de navigation.

Sur le plan de la sécurité active, on note par exemple la présence de capteurs d'angles morts, d'un régulateur de vitesse intelligent et de superflus (c'est mon opinion) correcteurs de voie.

Une routière équilibrée



Peut-être n'est-elle pas très excitante au premier abord, mais pas question de sous-estimer cette berline pour autant. Si son allure peut sembler un peu empruntée, la Passat a un comportement routier qui ne manque pas d'arguments pour se faire valoir. En phase avec une catégorie (les intermédiaires) qui vise une plus grande efficacité énergétique, cette berline propose en entrée de gamme un quatre-cylindres 1,8 L turbo. La version la plus huppée retient quant à elle un V63,6 L pour la mouvoir. À noter également que la Passat est l'une des rares intermédiaires de sa catégorie à offrir - sur le modèle d'entrée de gamme - une boîte manuelle.

Faute de pouvoir accueillir un moteur TDi (turbodiesel) sous son capot, il faut donc composer avec le quatre-cylindres 1,8 L suralimenté par turbocompresseur. Pas particulièrement véloce, cette mécanique se distingue cependant par sa souplesse (le couple se manifeste dès 1500 tr/min) et par son économie d'utilisation et n'aura aucun mal à faire oublier le rustre cinq-cylindres 2,5 L qui la mouvait autrefois.

La boîte automatique demeure au catalogue, mais on regrette toujours l'absence de palettes au volant pour faire le passage des six rapports. Volkswagen corrigera cette situation le printemps prochain avec la version R-Line, laquelle bénéficiera desdites palettes, mais aussi d'une série d'accessoires destinés à rendre la Passat visuellement plus sportive.

La combinaison 1,8-litre et boîte automatique sera privilégiée par la majorité des acheteurs. À l'accélération, ce 1,8-litre paraît plus fougueux, mais le chronomètre est sans appel: il faut près de 8 secondes pour atteindre les 100 km/h à la suite d'un départ arrêté.

Pour plus de schnell et pour un rendement plus soyeux, le V6 3,6 L fera l'envie de nombreux consommateurs. Hélas, le prix (à l'achat comme à la pompe) risque de les faire déchanter en moins de 6,3 secondes, temps que met cette version à atteindre les 100 km/h. Qu'à cela ne tienne, cette mécanique met en valeur les qualités dynamiques de cette berline.

Chaussée d'une monte pneumatique plus agressive, la version 3,6-litres colle et lit avec plus de précision la route que les modèles d'entrée de gamme (équipées de série de pneus de 16 po) inscrits au catalogue. Elle paraît mieux suspendue, plus vive et donne moins libre cours aux mouvements de la caisse. Revers de la médaille, elle est un peu plus sensible aux déformations de la chaussée. Rien d'inconfortable, seulement un peu plus raide et un brin plus sonore en raison des bruits de roulement.

Le meilleur compromis se trouve sans doute du côté de la déclinaison Comfortline (prix débutant à 29 995$), laquelle se trouve chaussée de pneus de 17 po de diamètre.

Réalisé à mi-parcours, ce remodelage permettra, au mieux, à la Passat de maintenir son rang, pour peu que Volkswagen parvienne à redorer son image sévèrement ternie.



ON AIME



• La présence d'une boîte manuelle

• Souplesse du 1,8 litre

• Habitacle spacieux et volume utilitaire

ON AIME MOINS



• Mimique d'une berline américaine

• Version V6 beaucoup trop coûteuse

• Personnalité trop «beige»

CE QU'IL FAUT RETENIR



• Marque/Modèle: Volkswagen Passat

• Fourchette de prix: 23 295 $ à 38 295 $

• Coût de transport et de préparation: 1605$

• Garantie de base: 4 ans/80 000 km

• Consommation réelle: 9,1 L/100 km

• Pour en savoir plus: www.vw.ca

• Moteur (essence): L4 DACt 1,8 litre turbo

• Puissance: 170 ch. À 6200 tr/min

• Couple: 184 lb-pi à 1500 tr/min

• Poids: 1480 kg

• Rapport poids-puissance: 8,70 kg/ch

• Mode: Traction

• Transmission de série : Manuelle 6 rapports

• Transmission optionnelle: Automatique 6 rapports

• Direction/Diamètre de braquage (m): Crémaillère/11,1

• Freins (av-arr): Disque/Disque

• Pneus (av-arr): 215/60R16 (Trendline, Trendline +)

• Capacité du réservoir/Essence recommandée : 70 litres/ordinaire