Le moment est bien choisi pour dresser l'inventaire des occasions manquées par le Tiguan de Volkswagen. Ce modèle appelé à se renouveler - et à s'américaniser puisqu'il sera dorénavant conçu et assemblé aux États-Unis - avait les qualités d'un meneur. Hélas, ses tarifs sont demeurés trop longtemps élevés et la mécanique turbodiesel - dont bénéficiait pourtant la version européenne - n'a jamais été sérieusement poursuivie.

À quelques kilomètres de la retraite, le Tiguan retrouve une dernière fois les feux des projecteurs à la faveur de tarifs revus à la baisse. Une réduction attribuable à la morosité encore toute récente du marché européen, explique-t-on chez Volkswagen Canada. Appréhendant un recul de ses ventes sur le Vieux Continent et, naturellement, une baisse de sa production, Volkswagen a consenti de meilleures conditions à sa filiale canadienne en retour d'un plus grand volume d'unités. Voilà qui explique la compétitivité nouvelle du Tiguan sur le marché.

Ce repositionnement de prix ne touche malheureusement pas de façon spectaculaire l'ensemble de la gamme.

La version haut de gamme (Highline), par exemple, demeure incroyablement chère, tout comme certains groupes d'accessoires offerts en option. En revanche, le modèle d'entrée (Trendline) représente une belle occasion à saisir. On retrouve, de série, l'essentiel comme la climatisation (manuelle), les glaces à commande électrique, le verrouillage centralisé et les jantes en alliage. Il ne manque pour ainsi dire que l'ensemble «commodités» (975$), lequel comprend certains indispensables comme la connectivité mains libres et les sièges chauffants.

Perles scintillantes

Depuis sa mise en service, le Tiguan n'a guère évolué esthétiquement. Hormis la calandre et plus récemment les phares désormais sertis d'un filet de perles lumineuses DEL. Ce dernier ajout confère à cette carrosserie empreinte de classicisme, une impression de qualité.

Malgré son âge et contrairement à certains de ses concurrents, le Volkswagen Tiguan est un utilitaire doux qui n'en rajoute pas. Ses lignes sont soignées, avec ce qu'il faut de chrome pour faire chic et quelques coups de biseau pour donner du punch aux surfaces latérales.

Techniquement parlant, sa parente la plus proche est incontestablement la Golf (la version actuelle et non la prochaine appelée à apparaître prochainement). Du moins dans sa partie avant, car la partie arrière a été empruntée à la Passat du temps où celle-ci nous venait d'Allemagne. Le Tiguan n'est cependant pas un simple collage de solutions techniques déjà anciennes et il ne se comporte pas non plus comme une Golf grimpée sur des échasses.

Sans bouleverser les lois du genre, le Tiguan est proposé en deux modes d'entraînement (deux ou quatre roues motrices). Chez lui comme chez ses concurrents, la présence de quatre roues motrices répond à des impératifs de sécurité.

Il ne s'agit pas de grimper aux arbres ni même de sortir des ornières (avec les pneus d'origine, ce serait peine perdue de toute façon), mais de se déplacer du point A au point B en toute circonstance et sans trop s'inquiéter. Sophistiquée, la transmission 4-Motion répartit automatiquement et électroniquement l'effort de traction selon le degré d'adhérence. En usage normal, 90% du couple est transmis aux roues avant.

Si la chaussée devient glissante, la contribution de chacun des deux essieux est modifiée sans intervention du conducteur.

Il ne fait pas son âge

Le Tiguan vire à plat, freine court, braque bien, et son gabarit le rend très facile à vivre en milieu urbain, même si son fort diamètre de braquage ne le rend pas des plus agiles. Sur route aussi, pas grand-chose ne diffère de la conduite de la compacte de VW, hormis, bien sûr, la position surélevée des occupants. La tenue de route se révèle avisée et la maîtrise du roulis très réussie, au prix malheureusement d'un amortissement un peu ferme qui nuit au confort.

Le moteur, un 2 litres suralimenté par turbocompresseur (200 ch.), le seul disponible, affiche une belle vivacité, mais nous l'apprécions encore davantage avec la boîte semi-automatique à six rapports, qui permet notamment de meilleures cotes de consommation, mais exige cependant de se faire abreuver en essence à fort indice d'octane.

Sa fluidité diminue la sensation de pesanteur ressentie avec la conduite d'un Tiguan à boîte manuelle (six rapports, elle aussi), dont la commande s'avère aussi imprécise et caoutchouteuse. Notons cependant que cette dernière n'est proposée qu'aux acheteurs de la livrée Trendline à roues avant motrices.

Impossible d'aborder le sujet du Tiguan sans discuter de l'absence d'une motorisation turbodiesel. Voilà l'autre occasion manquée par ce modèle.

La raison: les coûts très élevés liés à l'homologation de cette version. Les ingénieurs auraient à redessiner une partie de la structure du véhicule actuel (très coûteux) et soumettre ces modifications à une série de tests auprès des agences gouvernementales dans le but d'homologuer ce «nouveau» modèle (aussi très coûteux). Le jeu n'en vaut pas la chandelle puisque le modèle actuel se trouve en fin de carrière.

En revanche, la deuxième génération du Tiguan bénéficiera d'entrée de jeu de cette mécanique. Reste à voir qui de Volkswagen, Kia (Sportage) ou Mazda (CX-5) sera le premier constructeur à proposer pareille mécanique à bord d'un multisegment compact.

Pas très joyeux

À bord, la présentation est assez terne et certains plastiques manquent de noblesse, surtout sur la version d'entrée de gamme (Trendline). La qualité est globalement très bonne, toutefois.

On est surpris de constater l'exiguïté des places arrière et la faible surface vitrée qui encourage le recours au toit ouvrant en verre panoramique (une option que je ne vous recommande pas en raison de notre climat) pour ensoleiller tout cela. Un effort de clarté a été consenti avec un tableau de bord grège en partie basse et une sellerie assortie. Les sièges avant apportent le concours attendu, mais au prix d'un confort très germanique c'est-à-dire assez ferme.

La banquette arrière coulisse sur 16 centimètres et son dossier peut s'incliner en plusieurs positions, mais elle ne peut accueillir et transporter confortablement trois personnes sur un long trajet, en raison d'une place centrale étriquée et dure. Le volume du coffre est correct pour la catégorie, mais la soute est mal aménagée: l'imposant rebord ne permet pas de glisser les objets dans le coffre, mais impose de les y déposer. Et il est impossible d'obtenir un plancher plat lorsque la banquette arrière est rabattue. La fonctionnalité est donc perfectible, malgré la possibilité de rabattre le siège avant droit pour le transport d'objets longs.

Au final, le Tiguan représente globalement une bonne affaire dans sa version Trendline. Il s'agit d'un véhicule offrant une garantie généreuse par rapport à plusieurs autres marques généralistes et surtout d'une fiabilité éprouvée. Voilà de quoi vous mettre en confiance.

On aime

> Fiabilité éprouvée

> La version Trendline

> Comportement dynamique

On aime moins

> Version Highline trop coûteuse

> Technique vieillissante

> Places arrière étriquées

Ce qu'il faut retenir

> Marque/Modèle : Volkswagen Tiguan

> Fourchette de prix : 24 990 $ à 37 340 $

> Frais de transport et de préparation: 1610 $

> Garantie de base : 4 ans/80 000 km

> Consommation réelle : 9,6 L/100 km

> Pour en savoir plus : www.vw.ca

> Moteur (essence) : L4 DACT 2 litres turbocompressé

> Puissance : 200 ch entre 5500 et 6000 tr/min

> Couple : 207 lb-pi entre 1700 et 5000 tr/min

> Poids : 1629 kg

> Rapport poids-puissance : 8,14 kg/ch

> Mode : Intégral

> Transmission de série : Manuelle 6 rapports (traction)

> Transmission optionnelle : Semiautomatique 6 rapports (de série avec AWD)

> Direction/Diamètre de braquage (m) : Crémaillère/11,9

> Freins avant/arrière : Disque/Disque

> Pneus : 225/40R19 (R-Line)

> Capacité du réservoir/Essence recommandée : 63,5 litres/Super