Deux ans après nous l'avoir servie sous forme de concept au salon de l'auto de Montréal, la ménagerie Volkswagen s'enrichit - enfin - d'une Golf R au Canada. L'attente a été longue pour les amateurs de «voitures boules de nerfs». Trop longue peut-être pour que tous les désirs soient comblés.

À l'oeil, on dirait une Golf comme les autres. Elle a les mêmes dimensions. Pourtant, un examen plus attentif nous fait voir autre chose. Comme ces deux «canons» nickelés qui tailladent la partie centrale de son carénage. Mais cette sortie d'échappement double n'est pas seulement là pour le plaisir des yeux. Il suffit d'appuyer sur le bouton et d'exciter un tant soit peu l'accélérateur pour apprécier sa sonorité qui ne ressemble en rien à celle de la Golf de tous les jours. Il y a aussi la hauteur de la caisse, abaissée d'une quinzaine de millimètres. Et il y a la partie avant. Le bouclier est plus agressif et modelé pour avaler la route et mieux faire respirer la mécanique, cachée derrière. Voilà la Golf R. Et Volkswagen se charge de nous le rappeler en apposant un petit écusson aux deux extrémités du véhicule.

Ce modèle vient chapeauter la gamme de cette compacte, pour la première fois au Canada. Une seule carrosserie au catalogue, la cinq-portes. L'acheteur peut la choisir en bleu, en rouge, en blanc, en gris ou en noir. En matière d'équipement, tout y est, y compris le système de navigation, le toit ouvrant ou la sellerie de cuir.

Trapue et parfaitement équilibrée, la R se place sans broncher dans les virages. Sa direction, précise, permet de l'inscrire avec autorité dans la trajectoire. La R sous-vire ou, si vous préférez, elle a cette tendance à tirer tout droit à la limite d'adhérence. Il suffit de soulager temporairement la pédale d'accélérateur pour reprendre contact avec la chaussée et corriger l'angle du volant.

Mais cette R n'est-elle pas une traction?

Vrai, elle compte quatre roues motrices, ou 4 motion comme on dit chez VW. Mais ce dispositif est de type réactif, c'est-à-dire qu'il fonctionne sur demande. Donc, il faut lui laisser le temps de répondre. En sortie de courbe, elle change d'attitude. Maintenant, c'est le train arrière qui cherche à passer devant (survireuse). Comme une propulsion. Malgré sa mauvaise humeur, le quatre-cylindres 2 litres suralimenté, la R ne part pas en toupie pour peu que l'on ait certaines notions de contrebraquage.

Sans être dénué d'intérêt, ce rouage à quatre roues motrices n'offre pas les performances atteintes par un dispositif à prise permanente. En fait, sa présence ajoute un filet de sécurité supplémentaire aux aides à la conduite déjà en place pour éviter que les roues (avant) patinent ou se mettent (les quatre) en travers.

Une autre vision du sport

La R n'est pas une boule de nerfs pour autant. Les accélérations sont vigoureuses sans être hargneuses. Il faut dire que la version qui nous est destinée ne compte pas autant de chevaux-vapeur que celle proposée en Europe. C'est voulu. En raison des vitesses atteintes - en toute légalité - dans certains pays européens, la puissance pure prime le couple. En Amérique du Nord, c'est l'inverse. On préfère un véhicule qui s'arrache promptement de sa position statique plutôt que de se voir remettre une contravention pour grand excès de vitesse. De cette logique, on peut comprendre pourquoi «notre» Golf R libère 10 chevaux de moins que celle vendue de l'autre côté de l'Atlantique.

C'est moins clair sur le plan du couple, lui aussi inférieur. Volkswagen Canada invite à aller au-delà des chiffres. Les modifications apportées à la gestion électronique visent à rendre la plage de régime plus extensible, plus linéaire. De fait, dans sa configuration nord-américaine, ce moteur n'a plus à tourner aussi vite pour faire étalage de sa puissance. Dommage qu'il ne soit possible de l'exploiter que par une transmission manuelle. La boîte automatique à double embrayage (DSG) aurait été non seulement mieux adaptée à la courbe de puissance de cette mécanique suralimentée, mais aussi plus rapide et plus économique à la pompe. Qu'à cela ne tienne, la manuelle propose un embrayage facile à doser, un étagement correct de ses six rapports et un levier relativement précis.

 

Autre particularité du modèle vendu chez nous: l'absence de la suspension pilotée, offerte en option, de l'autre côté de la grande mare. On est déçu? Oui. Étant donné le prix affiché par ce modèle (39 000$) et la compétitivité de la catégorie dans laquelle il est inscrit, on veut tout. Même si cela ne procure pas toujours un avantage décisif. En revanche, la monte pneumatique de 18 pouces enveloppe de jolies jantes qui laissent entrevoir les mâchoires des freins à disques.

Au volant de la R, le sentiment d'urgence qui anime la mécanique se fait sentir, mais pas de manière excessive. Si vous aviez l'envie de vous faire botter les fesses, vous n'êtes pas assis au bon endroit.

La R offre une expérience différente. Contrairement à une Subaru STi ou encore une Mitsubishi Evo, ses deux principales rivales, la R se presse sans se hâter, si vous voyez ce que je veux dire. Elle est féroce, mais jamais sauvage. En un mot, elle est homogène. Un peu lourde aussi, si on la compare à une GTi, l'autre «excitée» de la famille Golf, qui est bien sûr moins rapide, mais propose un plus grand éventail de choix (boîte automatique et carrosserie trois portes), est vendue à meilleur prix et consomme l'essence avec plus de modération.

Plus méchante qu'elle ne paraît, cette Golf R propose, contrairement à certaines à ses rivales, une conception différente de la sportivité: du muscle, mais avec une certaine rondeur, de la vigueur, mais sans brutalité. Ce modèle, dont la production sera limitée à 500 unités pour le Canada, vise à donner à l'ensemble de la gamme Golf l'occasion de faire un dernier tour d'honneur avant la retraite. De fait, une génération toute neuve attend le Mondial de l'auto à Paris, à l'automne, pour faire sa sortie. La R n'en sera que plus belle ce jour-là.

Les frais de transport et d'hébergement liés à ce reportage ont été payés par Volkswagen Canada.

 

Banc d'essai - 20 mars - Volkswagen Golf R. Photo fournie par Volkswagen.

CE QU'IL FAUT RETENIR

- Prix : 39 675$

- Frais de transport : 1365 $

- Garantie de base : 48 mois/80 000 km

- Consommation obtenue dans le cadre de l'essai : non mesurée

- Pour en savoir plus : www.vw.ca

SURVOL TECHNIQUE

- Moteur : L4 DACT 2 litres - Turbo

- Puissance (incluant motorisation électrique) : 256 ch entre 4300 et 6000 tr/mn

- Couple (incluant motorisation électrique) : 243 lb-pi entre 2400 et 5200 tr/mn

- Poids : 1508 kg

- Rapport poids-puissance : 5,89 kg/ch

- Mode : Intégral (4 roues motrices)

- Transmission de série : Manuelle 6 rapports

- Transmission optionnelle : Aucune

- Direction/Diamètre de braquage : Crémaillère/10,9 mètres

- Freins : Disque/Disque

- Pneus : 225/40R18

- Capacité du réservoir/essence recommandée : 80 litres/Super

NOUS AIMONS

- Équipement complet

- Exclusivité du modèle

- Châssis affûté

NOUS AIMONS MOINS

- Absence d'une boîte DSG (automatique)

- Rouage intégral réactif

- Gain de poids et consommation

Banc d'essai - 20 mars - Volkswagen Golf R. Photo fournie par Volkswagen.