Le fabricant automobile de véhicules de luxe électriques Tesla, objet d'une bulle boursière après les bonnes ventes de sa berline Model S, compte bien continuer sur sa lancée, mais son succès occulte un marché encore embryonnaire aux États-Unis.

Le fabricant automobile de véhicules de luxe électriques Tesla, objet d'une bulle boursière après les bonnes ventes de sa berline Model S, compte bien continuer sur sa lancée, mais son succès occulte un marché encore embryonnaire aux États-Unis.

Tesla a écoulé au 4e trimestre près de 6900 exemplaires de sa luxueuse berline, vendue environ 70 000 dollars. Ce chiffre reste modeste mais c'est un record pour la société californienne qui a lancé le modèle S l'an dernier.

«C'est un bon résultat dont nous nous félicitons», a souligné le Français Jérôme Guillen, responsable des ventes pour le groupe, lors de la conférence de presse mardi au salon automobile de Detroit. 25 000 exemplaires de cette voiture sont à présent en circulation.

M. Guillen s'est gardé de donner des objectifs de vente pour 2014 mais il a promis «de la croissance, de la croissance et de la croissance». Tesla prévoit aussi de lancer la production d'un crossover, dénommé Model X, à la fin de l'année.

Tesla est sous le feu des projecteurs depuis que des célébrités comme l'acteur Leonardo di Caprio ont adopté son premier modèle, la Roadster, et son entrée en Bourse en juin 2010. Le petit poucet du monde automobile a connu un tel engouement de la part des investisseurs que sa capitalisation a dépassé l'an dernier les 20 milliards de dollars, soit plus que le français PSA Peugeot Citroën ou l'italien Fiat.

L'enthousiasme est un peu retombé après des incendies en octobre et en novembre sur trois de ses berlines. Et Tesla a encore dû procéder à un rappel de certains véhicules à cause d'un risque de surchauffe sur un adaptateur mardi.

Le constructeur très «branché», fondé par le charismatique Elon Musk, devrait pourtant continuer à profiter de l'intérêt des médias et du public ainsi que de la politique de subventions généreuses de l'État californien pour soutenir l'essor des véhicules électriques.

La Californie s'est aussi associée récemment à sept autres États pour promouvoir ce mode de motorisation. Ils prévoient par exemple de faciliter la construction de stations de recharge et ils visent au moins 3,3 millions de véhicules «propres» d'ici 2025.

Changer le regard sur l'électrique

«Nous voyons Tesla comme un acteur de niche qui reste ultra-luxe» mais «qui a changé l'attitude des gens vis-à-vis de l'électrique», son succès lui ayant donné une crédibilité, estime Art St-Cyr, vice-président du planning produits chez Honda USA.

Pour autant, la part de marché des véhicules «verts» reste anecdotique aux États-Unis: 3,2% d'un marché total de 15,6 millions de véhicules. Tom Libby, analyste de la maison de recherche IHS, souligne toutefois que la croissance est forte puiqu'en 2008 leur part n'était que de 0,1% et en 2012 de 0,9%. «La bonne nouvelle, c'est que ça a plus que triplé, la mauvaise c'est que c'est encore minuscule», remarque l'analyste.

Les ventes pâtissent d'un prix encore élevé, d'infrastructures de rechargement insuffisantes et de craintes des consommateurs sur le rayon d'autonomie. Le prix du carburant, fortement en baisse comparé à il y a cinq ans, n'est plus une incitation, d'autant que les voitures à essence ont vu leur consommation fortement baisser en raison de normes plus strictes.

Pour Mark Ruses, chef des produits de Général Motors interrogé par l'ADP, il n'y a toutefois «pas de limite à leur croissance, la question c'est à quelle vitesse».

«Comparé aux débuts de l'hybride il y a une douzaine d'années, la progression est plus forte», renchérit Jean-François Tremblai, directeur du centre automobile de ET.

Ian Robertson, responsable des ventes chez le constructeur allemand BMW, est également optimiste: «l'envie que montrent les consommateurs californiens, couplée aux incitations financières, va donner aux voitures électriques une présence très forte sur la côte ouest», a-t-il assuré.

BMW s'est notamment lancé sur le segment de l'hybride rechargeable avec sa petite citadine i3 et son coupé sportif i8, exposés à Detroit. Il rejoint ainsi le japonais Nissan, pionnier avec sa citadine Leaf, ou encore l'américain Chevrolet avec sa Volt.

Les tout-électrique voient aussi leurs prix commencer à baisser, comme la Leaf de Nissan, vendue 6000 dollars de moins depuis qu'elle est produite aux États-Unis.