Quand on vous présente une nouvelle voiture en affirmant que l'un de ses points forts est de pouvoir transporter deux pneus de course, un cric et un casque de sécurité, il faut en déduire qu'il s'agit d'un modèle qui vivra ses plus beaux jours sur le bitume d'une piste de course...

Saluons l'entrée en scène de la Scion FR-S, un coupé deux places dont la seconde vocation est d'arpenter les autodromes où l'on présente des épreuves de cette discipline du sport automobile connue sous le nom de drift racing. L'enjeu est de garder la voiture dans un dérapage contrôlé quasi permanent au cours duquel les aboiements du moteur sont remplacés par le crissement assourdissant des pneus. Cela exige du pilote une extrême dextérité.

Aux côtés de Pat Cyr, pilote officiel de l'écurie de Scion, et de Carl Nadeau, journaliste automobile qui s'adonne à ce sport, j'ai pu admirer le travail incroyable qu'exige ce genre de compétition. Cyr, par exemple, attaquait le virage autour de 120 km/h et par un brusque coup d'embrayage, il mettait la voiture en dérapage pour ensuite jouer du volant, du frein d'urgence et du pédalier pour faire presque un tour complet de l'ovale de Saint-Eustache sur le fil du rasoir, c'est-à-dire en parfait équilibre.

Le sport est peut-être l'équivalent du ski acrobatique et ce sont les juges plus que les chronos qui décident des gagnants. Au lieu de la neige qui tournoie cependant, c'est une épaisse fumée blanche qui enveloppe la voiture, un signe évident que les pneus sont soumis à un fort stress.

Les compétitions de drift ont été développées par un pilote japonais qui s'ennuyait de faire de la course ordinaire en circuit routier. Ses incroyables cascades n'ont pas mis de temps à traverser le Pacifique.

200 chevaux aux roues arrière

Revenons à notre FR-S. Le coupé n'en demeure pas moins un véhicule de tous les jours qui permettra à Toyota d'offrir un modèle dans la même veine que l'ancienne Corolla GT-S qui a connu beaucoup de succès tant sur la piste que sur la route en son époque.

L'un des secrets de la Scion FR-S est son centre de gravité très bas, un atout provenant de l'utilisation d'un moteur «boxer» (horizontal) quatre cylindres de 2 litres et 200 chevaux fourni par Subaru, dont Toyota détient 16,1% du capital-actions. Dommage que la puissance ait de la difficulté à se faire valoir sans une bordée de tours-minute en raison de la modicité du couple. Les chevaux n'ont qu'un seul régime et il est plus progressif que brutal...

Autre argument majeur de l'architecture de cette Scion: ses roues arrière motrices gouvernées par un choix de transmissions manuelle ou automatique, toutes deux à six rapports. Un différentiel autobloquant fait aussi partie de l'ensemble, mais il est essentiel de le neutraliser pour explorer les talents de glisseuse de cette machine. Idem avec l'antipatinage.

On peut pousser cette voiture à l'extrême limite sur une piste de course pour découvrir qu'elle se prête à des glissades spectaculaires que l'on peut corriger du bout des doigts. Je ne connais pas beaucoup de voitures de sport qui sont aussi faciles à conduire à l'orée du décrochage.

Tout dans la FR-S a été étudié pour offrir un agrément de conduite suprême: un petit volant fort joli, un compte-tours en plein centre de votre champ de vision, un levier de vitesse très court, un cale-pied en alu, un siège du conducteur aussi beau qu'enveloppant, une direction vive, animée et une caisse extrarigide qui inspire confiance. Il n'y a vraiment que le freinage qui pâlit un peu en usage intensif - sur une piste de course, avouons-le -, ce qui ne posera aucun problème en conduite civile.

Avec un prix de départ de 25 990$, la voiture est raisonnablement abordable et Scion compte proposer une gamme complète d'accessoires afin que la FR-S puisse être personnalisée au goût du client.

Photo fournie par Toyota

À la ville

Qu'en est-il de l'usager moyen qui aime ce type de voiture? S'il aime conduire, il sera bien servi et pourra compter sur la fiabilité légendaire des produits Toyota et sur une voiture qui, conduite modérément, a une consommation moyenne de 8,2 litres aux 100 km.

On ne peut cependant passer sous silence le mauvais ajustement de la pièce de plastique imitant la fibre de carbone à droite du tableau de bord. À part cet accroc, l'intérieur est invitant avec ses nombreuses surpiqûres rouges qui décorent l'habitacle.

Oubliez les places arrière qui sont à peu près inexistantes et sachez que les rangements se font rares.

J'oubliais: la gamme de couleurs. Risible sous la plume des traducteurs de Toyota: lave brûlante, tempête de feu ou bleu de mer profonde.

Que l'on soit en quête d'une voiture sympathique pour jouer du volant ou d'un modèle qui écarte les aides à la conduite pour ramener dans l'habitacle l'adresse du conducteur, la Scion FR-S propose un agréable cocktail de sensations à un prix engageant.

Photo fournie par Toyota

Photo fournie par Toyota