Après des mois de pression, l'équipementier nippon Takata a finalement décidé mardi de doubler à environ 34 millions le nombre de véhicules au total qui vont être rappelés aux États-Unis, en raison de ses coussins gonflables défectueux.

Cette décision va entraîner le retour chez les concessionnaires de quelque 17 millions de voitures supplémentaires à l'échelle du pays, qui viennent s'ajouter à une première vague de 17 millions déjà concernés, a annoncé le secrétaire aux Transports américain Anthony Foxx au cours d'une conférence de presse.

C'est le plus gros rappel de produits aux États-Unis depuis que le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson avait en 1982 rappelé 31 millions de boîtes de comprimés Tylenol empoisonnés au cyanure.

Produits dans les années 2000, les coussins gonflables défectueux peuvent exploser, même en cas de collision mineure, et projeter des fragments de métal et de plastique sur les passagers, selon les autorités américaines. L'agent gonfleur utilisé - du nitrate d'ammonium -  est notamment susceptible de se détériorer en cas d'exposition à une humidité excessive.

Ces coussins de sécurité sont associés à «au moins cinq décès» sur le sol américain et à de nombreux blessés, a précisé le ministre. Le bilan total dans le monde, y compris les États-Unis, s'établit à six morts et 105 blessés, selon des documents soumis aux élus américains par Takata en avril.

Le groupe nippon a aussi pour la première fois «reconnu» que ses équipements étaient défectueux. Selon des documents adressés à l'Agence américaine de la sécurité routière (NHTSA), Takata admet en outre que les coussins gonflables mis en cause peuvent laisser échapper de l'air. Le groupe indique toutefois qu'il poursuit ses tests pour identifier la véritable source du défaut.

«Depuis le début, notre but a toujours été simple: un coussin gonflable sûr dans chaque véhicule», s'est réjoui Mark Rosekind, l'un des responsables de la NHTSA. «Les mesures que nous prenons aujourd'hui sont des progrès importants pour atteindre ce but».

Saluant les bonnes dispositions de l'équipementier nippon, les autorités américaines ont décidé de suspendre la pénalité financière de 14 000 dollars par jour qu'ils lui avaient infligée en février pour refus de coopérer «totalement» avec la NHTSA. À ce jour, le montant des sanctions dépasse le million de dollars.

Les réparations vont prendre des mois, voire des années avant d'être complètement effectuées d'autant qu'il y a une pénurie des pièces de remplacement. La société japonaise, qui emploie plus de 43 500 personnes dans le monde et existe depuis plus de 80 ans, a décidé de doubler ses capacités de production, à 900 000 kits par mois à compter de septembre. Depuis janvier, Takata produit 450 000 kits par mois, contre 300 000 en décembre.

Le groupe nippon travaille aussi avec des concurrents pour répondre à la demande des constructeurs.

«Ce problème doit être résolu illico presto», a enjoint mardi Bill Nelson, sénateur démocrate de Floride (sud-est), un État dont les habitants sont particulièrement touchés par ces problèmes de coussins gonflables à cause de la forte humidité présente dans la région.

Une dizaine de groupes automobile sont concernés: BMW, Fiat Chrysler, General Motors, Ford, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Subaru, Toyota et surtout Honda, qui a déjà fait revenir à lui seul 19,6 millions de véhicules à travers le monde chez ses concessionnaires, dont 5 millions jeudi dernier.

Le premier groupe automobile mondial Toyota en est lui à 8 millions de véhicules rappelés tandis que Nissan en a fait revenir 4 millions au total.

Outre la pression des régulateurs l'accusant de sa mauvaise gestion du scandale, Takata est visé par une enquête pénale du département américain de la Justice (DoJ), qui soupçonne l'équipementier d'avoir masqué le problème pendant des années.

Si son image en a pris un coup, les dégâts sur sa performance financière sont aussi importants. Il est tombé dans le rouge lors de son exercice fiscal 2014/15, accusant une perte de 314 millions de dollars CAN.