Certains automobilistes n'ont pas froid aux yeux, d'autres ne doutent absolument de rien. Et beaucoup se montrent négligents à l'égard de leur véhicule. Des interventions insolites, des réparations saugrenues, les garagistes en ont parfois de bonnes à raconter sur leurs clients et leurs voitures. Voici quelques exemples savoureux.

Une vidange après 68 000 km!

Fabien Pelletier a une longue expérience de la mécanique. Des clients négligents, il en a vu souvent. Et il se souvient particulièrement de ce propriétaire d'un Dodge Dakota qui trouvait que son moteur faisait un bruit étrange. «Il s'est présenté en disant que le moteur claquait, mais il était déjà trop tard. Je me suis aperçu que le moteur avait besoin d'huile et que le filtre était d'origine. Une semaine après, le moteur était brûlé», se remémore le propriétaire de cet atelier de réparation de Chambly. Le Dakota avait 68 000 km au compteur alors que la vidange était nécessaire après 6000 km. «Le client ajoutait de l'huile à l'occasion», explique M. Pelletier.

Une attelle à la direction

La réparation la plus saugrenue qu'ait vue Pedro Laurenceau en 32 ans de pratique est un bras de direction rafistolé avec un morceau de bois. La barre qui relie la crémaillère à la rotule de direction de la roue avant avait brisé. «Le client avait mis un morceau de bois pour rattacher la crémaillère à la rotule, il avait fait une sorte d'attelle pour être capable de tourner», raconte cet employé de Saint-Léonard Toyota. Pas gêné du tout de son bricolage lorsqu'il s'est présenté au garage, le client s'était dépanné comme il avait pu. La pièce brisée en deux a été remplacée.

Un chat dans le tableau de bord

Une intervention exceptionnelle mais pas si rare que cela. Les mécaniciens du concessionnaire Chassé Toyota Scion, à Montréal, ont secouru l'an dernier un chaton qui s'était faufilé derrière la boîte à gants d'une Matrix par une petite fente. L'animal avait été récupéré sur le bord de la route. Au garage, les mécanos ont d'abord retiré la boîte à gants, puis le recouvrement supérieur du tableau de bord. Le fugitif, passé derrière la radio puis les cadrans, a forcé le retrait du système de ventilation. Après s'être extirpé du poste de conduite par les pédales, le félin a finalement pu être récupéré. Le chaton a été baptisé... Matrix par sa nouvelle propriétaire.

Un disque comme une lame de rasoir

C'est un classique chez les garagistes: le client qui entend un bruit sourd au freinage. Chaque fois, la raison est la même: les plaquettes de freins sont complètement usées. Et pas seulement les plaquettes, parfois! «J'ai vu des disques usés et affutés comme des lames de rasoir, raconte Fabien Pelletier, garagiste à Chambly. Quand la plaquette est usée, sa partie métallique touche au disque et le disque peut être usé jusqu'à ce que le piston de l'étrier soit au bout de sa course, sorti de sa cavité. J'en ai vu usés au point où il n'y avait plus de disque.» Bien souvent, l'automobiliste se doute fort bien du problème mais repousse l'échéance de la réparation... avec le danger évident que cela représente.

Comment briser des boulons de route

Certains automobilistes ne changeraient même pas un pneu crevé, mais d'autres qui s'y essaient trouvent le moyen de casser les boulons. C'est ce que Yannick, d'un garage NAPA AutoPro à Montréal, a vu quelques fois. «Ils cassent les boulons des roues en les changeant. Au lieu de dévisser, ils vissent. Ils cassent le boulon et viennent au garage après.» Ces bricoleurs du dimanche y parviennent le plus souvent en enfilant une barre métallique au bout de la clé et en forçant comme des bagnards. «J'en ai vu un qui a cassé jusqu'à trois boulons sur cinq avant de se décider enfin à venir au garage», témoigne Yannick.

Comment recharger sa batterie...

En voulant recharger une batterie, il n'est pas rare que l'on inverse le raccordement aux bornes positive et négative. Mais on peut faire pire, d'une certaine façon. Comme ce client qui a fait remorquer sa voiture jusqu'au garage de Martin Ferland, à Saint-Lambert. «Le monsieur a voulu recharger sa batterie lui-même. Il l'a rebranchée mais la voiture ne démarrait pas», explique le propriétaire du garage Wallace. L'origine de la panne? «Il n'avait pas enlevé les protections de plastique qu'il y a sur les bornes», affirme M. Ferland. Ça fait cher la recharge...

Un cas juteux

Tous les moyens sont bons pour éviter de passer au garage. Directeur adjoint du service chez Touchette pneu et mécanique, à Montréal, Jacques Boisselle garde en mémoire une Honda dont le système d'échappement était fait de boîtes de conserve. «Ça allait du centre de la voiture jusqu'à l'arrière. Les cans étaient emboîtées les unes dans les autres, serrées et attachées avec des collets», se souvient-il. Pas gêné, l'automobiliste s'est résolu à aller au garage lorsqu'il a vu que ça ne tenait plus et que ça faisait du bruit. «C'est le cas le plus juteux que j'aie vu», dit M. Boisselle, amusé.

«Je suis capable»

Toujours dans la catégorie «je suis capable de réparer ma voiture moi-même», on trouve le patenteux, tel cet automobiliste qui a voulu changer lui-même la conduite des freins arrière de sa voiture. Au lieu d'utiliser un tuyau en métal, il a eu recours à un tuyau de caoutchouc. «Ça ne fonctionnait pas, évidemment. Si la pression est trop forte, le tuyau peut exploser», explique le garagiste Martin Ferland, témoin de ce bricolage.