Le PDG de Honda, Takanobu Ito, annonce mardi dans une interview au quotidien économique Nikkei, une nouvelle extension dans le monde des rappels de voitures dotées de coussins gonflables de son compatriote Takata, qu'il se dit prêt à soutenir financièrement si nécessaire.

«Nous aurions dû prendre des mesures en considérant qu'il s'agissait d'un problème lié au véhicule au lieu d'un problème de pièces», a reconnu le dirigeant de Honda, premier client et également actionnaire de Takata (à hauteur de 1,2%).

«Takata est responsable de la qualité de ses coussins de sécurité, et lui demander d'identifier la cause du problème est la procédure normale dans l'industrie», s'est justifié M. Ito qui prévoyait à l'origine d'attendre cette étape.

Mais, face aux critiques grandissantes aux États-Unis, où le constructeur fait l'objet d'une enquête et de plusieurs plaintes, Honda a décidé de passer à la vitesse supérieure, à rebours de Takata qui a refusé de se plier aux injonctions des autorités.

Dans le seul cas américain, le groupe va élever le total des rappels par précaution à près de six millions pour ce pays qui se trouve en première ligne, la plupart des coussins gonflables défectueux ayant été fabriqués au Mexique. Plus de trois millions de voitures y avaient déjà auparavant été convoquées pour réparation, a précisé à l'AFP un porte-parole.

Ailleurs dans le monde, Honda va rappeler un million d'automobiles, notamment en Chine et Japon, selon les déclarations de M. Ito au Nikkei. Ce chiffre va porter le cumul mondial à 13 millions, sur les 20 millions recensés pour l'ensemble de l'industrie.

Les coussins de sécurité mis en cause présentent un risque de projection sur les passagers de fragments de métal et plastique. Au coeur du problème, se trouve l'agent gonfleur utilisé - du nitrate d'ammonium -, qui tend à se détériorer, notamment en cas d'exposition à une humidité excessive.

«Nous ne pouvons pas dépendre de Takata pour trouver la raison» des explosions de coussins gonflables, responsables de cinq décès à ce jour (quatre aux États-Unis et un en Malaisie), a souligné Takanobu Ito qui a décidé de se joindre à une initiative lancée par Toyota afin que les investigations soient menées par une tierce partie.

Honda lui demandera de prendre en charge les coûts s'il devait être déclaré responsable par les autorités américaines et écoper d'une amende.

Mais il ne laissera pas tomber l'équipementier qui subit de lourdes pertes du fait de ces rappels et réparations massives. «Si personne d'autre n'aide, nous devrons faire quelque chose», a assuré M. Ito. «Si Takata ne peut plus fournir de coussins gonflables, tous les constructeurs, pas seulement Honda, se retrouveront en difficulté».

À la Bourse de Tokyo, les investisseurs ont salué cette promesse de soutien: l'action de Takata a bondi de 7,8% à l'ouverture, avant de céder du terrain pour finir en hausse de 0,30%. Honda a perdu en revanche 0,36% à 3716,5 yens.

Le patron du groupe japonais a par ailleurs pointé la nécessité de revoir «la culture d'entreprise», alors qu'un audit indépendant a révélé sur la dernière décennie 1729 cas de sous-déclaration d'incidents, pas forcément liés aux coussins gonflables de Takata, et dus à «des erreurs variées».

«Nous tombons parfois dans l'illusion que nous faisons notre travail correctement quand les profits augmentent», a reconnu M. Ito.