L'équipementier japonais Takata a refusé mercredi de lancer aux États-Unis un rappel national de véhicules équipés de ses coussins gonflables  défectueux associés à plusieurs morts mais semble lâché par Honda, son plus gros client.

L'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) avait donné jusqu'à minuit (heure de Montréal) mercredi à Takata pour lancer un rappel national de véhicules équipés de ses coussins de sécurité sous peine d'une amende pouvant atteindre 35 millions de dollars.

«Au vu des données à notre disposition, nous continuons de penser que nous devons rester concentrés sur les zones à forte humidité», a déclaré devant des élus de la Chambre des représentants américaine, Hiroshi Shimizu, le vice-président du groupe chargé de la qualité.

«Si Takata et les constructeurs automobiles continuent de refuser de s'exécuter, nous allons les poursuivre en justice», a menacé David Friedman, le responsable de l'agence fédérale, devant les mêmes élus. Pour ce faire, la NHTSA aura besoin de l'aide du ministère de la Justice, a-t-il ajouté.

Les coussins gonflables  défectueux peuvent exploser et projeter des fragments de métal et plastique sur les passagers. L'agent gonfleur utilisé --du nitrate d'ammonium-- est notamment susceptible de se détériorer en cas d'exposition à une humidité excessive. La Floride, Porto Rico, l'île de Guam, les îles Vierges et Hawaï sont les plus affectés.

Ce défaut est à l'origine de nombreux incidents et de cinq décès finalement confirmés mercredi par Takata, qui ne reconnaissait que trois morts jusqu'à présent. «Cinq personnes sont mortes suite à ce problème», a affirmé Hiroshi Shimizu.

À ce jour, entre 16 et 20 millions de véhicules ont d'ores et déjà été rappelés à travers le monde, dont 10 millions aux États-Unis.

Honda prend ses distances

Dans une lettre adressée à l'organisme de sécurité routière envoyée mardi et obtenue par l'AFP, Takata affirme avoir procédé à des tests sur 1057 trousses de coussins gonflables  passagers et chauffeurs en dehors des régions humides. «Il n'y a eu aucune rupture», assure le groupe.

Lors des derniers mois, Takata a effectué au total des tests sur 4000 coussins gonflables , dont 3600 côté passagers, le reste côté chauffeur, selon Hiroshi Shimizu. Des explosions se sont produites sur 60 trousses tous côté passager.

Toutes les «anomalies» constatées ont été observées dans des voitures en Floride et à Puerto Rico, a affirmé le responsable.

La position de l'équipementier nippon pourrait être difficile à tenir après que son plus gros client, le constructeur automobile Honda eut annoncé mercredi qu'il étendait ses rappels de voitures équipées d'coussins gonflables  Takata à l'échelle du pays.

«Nous voulons vous informer que nous étendons notre campagne de rappel régionale sur le plan national», a déclaré aux élus américains Rick Schostek, vice-président du groupe automobile en Amérique du Nord. Cette décision s'explique, a-t-il ajouté, par le fait que «nos clients sont inquiets».

Autre signe négatif pour Takata: M. Schostek a annoncé que Honda discutait avec deux fournisseurs d'coussins gonflables  pour pallier la pénurie des kits de remplacement.

L'un des équipementiers est la société américano-suédoise Autoliv, qui a révélé dans un communiqué mercredi qu'elle allait fournir des coussins gonflables  de remplacement à Honda. Si elle n'indique pas quelle quantité, Autoliv dit simplement que les premières livraisons sont prévues dans six mois.

Depuis que le scandale a éclaté, Honda, groupe automobile le plus affecté par le problème, est resté solidaire de Takata en se gardant de rejeter publiquement la faute sur l'équipementier.

Le troisième constructeur américain Chrysler a pour sa part décidé de rappeler 149 150 véhicules dans sept États et cinq territoires, cédant ainsi quelque peu à l'injonction de la NHTSA d'étendre et d'accélérer les rappels des véhicules équipés de coussins gonflables Takata défectueux.

Les autres grands constructeurs mondiaux (BMW, et Ford) maintiennent toujours leur confiance en l'équipementier même si mardi Toyota, premier groupe automobile du globe, a appelé à des tests de fiabilité indépendants des coussins gonflables Takata.

Visé par une enquête pénale du département de la Justice, Takata déploie des efforts pour essayer de limiter les dégâts de cette affaire sur sa réputation. Il a recruté trois anciens ministres des Transports américains pour l'aider dans cette affaire.