Le téléphone mobile est plus que jamais omniprésent dans notre quotidien. Même au volant. Et ce, malgré l'interdiction depuis 2008 de l'avoir en main. Qu'il soit indissociable de la conduite pour la moitié des Québécois est une source de préoccupation à la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ).

Lorsque l'utilisation du téléphone cellulaire tenu en main a été interdite au volant à partir du 1er avril 2008, l'effet sur le comportement des automobilistes a été presque immédiat. Le taux de distraction au volant liée au téléphone a été divisé par trois entre 2007 et 2008.

Cette observation faite sur les routes par la SAAQ trouve un écho que la société d'État juge aujourd'hui «un peu préoccupant». Datée de novembre dernier, la dernière étude sur les comportements des conducteurs utilisateurs d'un cellulaire révèle que 50% d'entre eux parlent au téléphone en conduisant, que ce soit avec un système mains libres ou non. De cette proportion, 56% utilisent exclusivement pour ce faire une technologie mains libres, justement.

Ces proportions, qui s'améliorent, ne satisfont pas pleinement les pouvoirs publics. «Cinquante pour cent, c'est un peu préoccupant. Car le risque d'accident est établi maintenant avec le téléphone cellulaire. Et ce risque est assez semblable que l'on utilise un appareil en main ou une technologie mains libres», souligne Lyne Vézina, directrice des études et stratégies en sécurité routière à la SAAQ.

Le mode mains libres a beau être l'action la plus populaire de ces conducteurs au volant, il n'est pas pour autant un gage de sécurité. «Téléphoner en voiture, c'est une distraction cognitive engendrée par la conversation que l'on a avec quelqu'un qui n'a pas conscience des conditions de circulation dans lesquelles on est», précise Mme Vézina.

L'avènement des téléphones intelligents a aggravé les comportements des conducteurs utilisateurs d'un cellulaire. Bon an, mal an, de 17 à 19% d'entre eux écrivent ou lisent des messages textes en conduisant. Même si une très grande majorité de ces derniers (88%) affirment le faire rarement ou occasionnellement, ils sont tout de même 30% à reconnaître avoir été distraits au volant et avoir fait une manoeuvre dangereuse. Ils sont même 51% à reconnaître qu'ils n'ont pas toujours une conduite sûre.

Ces proportions sont trop importantes encore aujourd'hui, aux yeux de la SAAQ. «Les gens sont accrochés à leur téléphone, le signal sonore les porte à aller voir leur écran», dit Mme Vézina.

La meilleure illustration de ce comportement réside dans cette proportion de 54% des conducteurs utilisateurs des messages textes qui affirment ne pouvoir s'empêcher de lire un message lorsqu'ils sont au volant.

Cette dernière proportion renvoie à l'omniprésence du téléphone cellulaire - surtout du téléphone intelligent - dans notre quotidien. Il est présent dans notre auto comme partout ailleurs. Il a un impact sur nos comportements, notamment au volant. C'est pourquoi, son utilisation en voiture est difficile à modifier.

«Les gens semblent plus sensibles aujourd'hui [à l'impact du téléphone en voiture]. Mais en même temps, il y a eu une augmentation des utilisateurs des téléphones de manière générale», observe Lyne Vézina.

Pour cette dernière, le téléphone au volant est «une mauvaise habitude qui a la vie dure, d'autant plus que les gens sont attachés à leur téléphone cellulaire».

20 %

Parmi les conducteurs utilisateurs des messages textes, 20 % ne peuvent s'empêcher de répondre à un texto en conduisant.

Que dit la loi?

Depuis le 1er avril 2008, l'utilisation d'un téléphone cellulaire tenu en main - sans la fonction mains libres - est interdite. La loi vise tous les appareils «munis d'une fonction téléphonique, activée ou non». Ce qui signifie que le conducteur qui tient en main un téléphone est présumé en faire usage, ce qui constitue une infraction, peu importe l'utilisation qui en est faite. Il est donc aussi interdit de lire ou d'écrire des messages textes.

Dans la dernière étude de la SAAQ sur le sujet, 73% des conducteurs utilisateurs d'un cellulaire qui emploient les textos au volant profitent du fait d'être à un feu rouge pour lire un message. Ils sont en infraction. Car en s'arrêtant pour respecter la signalisation, ils continuent de conduire.

Sanctionné de trois points d'inaptitude et d'une amende pouvant aller jusqu'à 115$, cette infraction est réévaluée par la SAAQ qui va recommander au gouvernement d'augmenter considérablement la peine imposée.

Avec la collaboration de William Leclerc