La patronne de General Motors Mary Barra a promis mardi de changer les pratiques du groupe, pour les centrer sur les clients et éviter une nouvelle «tragédie» comme les 13 accidents mortels à l'origine de rappels massifs de véhicules défectueux.

«GM est en train de passer d'une culture de coûts à une culture de clients», a affirmé mardi Mme Barra, 52 ans, arrivée à la tête du groupe mi-janvier, lors d'une audition très attendue devant le Congrès.

Cette transformation signifie que le constructeur va se focaliser sur la sécurité et la qualité, a expliqué Mme Barra, passée pendant deux heures et 45 minutes au grill d'élus décidés à savoir pourquoi GM a pu vendre depuis 10 ans des millions de voitures équipées d'une pièce défectueuse.

Sans céder un pouce de terrain, elle n'a apporté aucune réponse à cette question, malgré le ton parfois cassant des élus, préférant renvoyer aux conclusions à venir d'une enquête interne.

Dans la salle, les familles des victimes, qui avaient installé le long d'un mur des photos de leurs proches perdus, ont assisté sans un mot au face-à-face. La veille, elles avaient rencontré Mme Barra, qui leur a présenté excuses et condoléances.

Monsieur «Indemnisation»

En réponse aux questions sur d'éventuelles compensations, Mme Barra a annoncé le recrutement de Kenneth Feinberg, chargé d'aider le groupe à évaluer la réponse à apporter aux familles des victimes. Cet avocat de renom de 68 ans a géré le fonds d'indemnisation de 20 milliards de dollars mis en place par BP pour les victimes de la marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique.

«Nous avons 30 à 60 jours pour évaluer la situation. Nous n'avons pas encore pris de décision» sur d'éventuelles compensations, a-t-elle ajouté, promettant la transparence et assurant qu'elle avait commencé à procéder à des changements «de procédures, de pratiques et de personnes». Pour l'instant, aucune tête n'est tombée.

Entre mi-février et fin mars, GM a rappelé 2,6 millions de Chevrolet Cobalt, Pontiac 5, Saturn Ion et Sky et Solstice produites entre 2003 et 2011, pour un défaut du commutateur d'allumage ayant empêché les airbags de se déployer. Ce défaut a été lié à une trentaine d'accidents qui ont provoqué la mort de 13 personnes, selon un décompte du constructeur, ce qui lui vaut d'être au centre d'une triple enquête, du département de la Justice, de l'agence américaine de la sécurité routière (NHTSA) et du Congrès.

Depuis janvier, GM a rappelé 4 millions d'autres voitures pour différents problèmes techniques.

Selon deux documents, l'un produit par GM et l'autre par le Congrès, le groupe automobile était au courant du défaut dès 2001 lors de la pré-production d'un des modèles, la Saturn Ion.

«Ce n'est pas acceptable» 

Selon les élus, GM aurait pu éviter ces tragédies s'il avait réglé le problème au lieu de l'ignorer pour des raisons financières.

C'est l'un des rares moments où Mary Barra a paru en difficulté face à un élu républicain, Gregory Harper, qui a brandi un courriel dans lequel un ingénieur de GM estimait le coût du remplacement de la pièce défectueuse à 90 cents.

«- Comment les coûts peuvent-ils faire partie d'une discussion sur la sécurité? insiste l'élu.

- Ce n'est plus le cas, assure Mme Barra, enlevant ses lunettes. S'il y a une question de sécurité, nous la réglons d'abord. Ce n'est pas acceptable de mettre le coût avant la sécurité».

Mme Barra, qui se dit «déterminée» à mettre en place de nouvelles façons de faire les choses chez GM, a déjà nommé un «Monsieur Sécurité», Jeff Boyer, qui lui rend des comptes directement.

Egalement mise sur la sellette pour ne pas d'être inquiétée plus tôt du problème, l'agence américaine de sécurité routière (NHTSA) s'est déchargée sur GM. «Nous tiendrons General Motors responsable s'il s'avère qu'il détenait des informations cruciales qu'il n'a pas communiquées plus tôt», a déclaré aux élus le directeur par intérim de l'agence, David Friedman.

GM doit apporte jeudi les réponses à 107 questions posées par la NHTSA dans ce dossier.