La série noire continue pour General Motors avec un nouveau rappel massif de véhicules lundi aux États-Unis, le troisième en un peu plus d'un mois, compliquant la tâche de la nouvelle patronne du groupe Mary Barra.

Déjà sur la sellette, le constructeur va rappeler 1,8 million de véhicules supplémentaires en Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique) notamment pour des problèmes de circuit d'alimentation du carburant et de non-déploiement d'airbags.

Ces rappels, qui concernent principalement les États-Unis (1,55 million de véhicules), touchent l'ensemble de ses marques phares: Chevrolet, GMC, Buick et Cadillac.

Le groupe va notamment rappeler 1,18 million de VUS, produits de 2008 à 2013 pour un défaut sur l'activation des airbags. GM va aussi rappeler 63 900 Cadillac XTS et 303 000 Chevrolet Express GMC Savana fabriqués entre 2009 et 2014.

Le constructeur a précisé à l'AFP qu'aucun accident ne lui avait encore été signalé.

Pour les analystes, la décision est davantage «stratégique», GM voulant, selon Jack Nerad de Kelley Blue Book, profiter du «mauvais cirque médiatique autour du groupe pour sortir tous les cadavres du placard».

«Situation tragique»

Depuis le 12 février, le premier constructeur américain a rappelé au total plus de 3,4 millions de véhicules, essentiellement en Amérique du Nord.

Le mois dernier, le groupe avait en effet rappelé, en deux étapes, 1,62 million de véhicules en Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique), essentiellement des compactes de marques Chevrolet, Pontiac et Saturn fabriquées entre 2003 et 2007 pour un problème de clef de contact.

Ce défaut est lié à une trentaine d'accidents, ayant causé 12 décès.

Ces problèmes mécaniques vont coûter au constructeur 300 millions de dollars au premier trimestre, selon une première estimation dévoilée lundi.

«En l'espèce, quelque chose a mal fonctionné dans nos procédures et des choses terribles sont arrivées», a déploré la directrice générale de GM Mary Barra dans une vidéo de près de quatre minutes mise sur le site internet du groupe.

Évoquant une «situation tragique», elle a promis des changements dans les procédures de rappels de voitures.

Il s'agit de la première crise grave traversée par Mme Barra depuis son arrivée à la tête du groupe le 15 janvier.

«C'est un véritable test de leadership», fait valoir M. Nerad.

La crise risque surtout de nuire à la réputation de GM, durement rebâtie après sa faillite en 2009.

«Nous sommes persuadés que l'impact sur la réputation de GM pourrait réduire la capitalisation boursière du groupe», écrit l'agence de notation Standard & Poor's dans une note.

«GM a tout fait après sa sortie de faillite pour se distancer de l'ancien GM. On ne peut plus dire, au vu de ces rappels, qu'il y ait un nouveau GM», sanctionne pour sa part M. Nerad.

Mauvais film

Le constructeur est empêtré dans un mauvais scénario dont l'issue ne semble toutefois pas être proche.

D'un côté, trois enquêtes des autorités américaines sont engagées contre lui: une de l'agence de la sécurité routière (NHTSA), une autre de la Chambre des représentants et une dernière du département de la Justice (DoJ).

Le groupe se voir reproché d'avoir trop tardé à réagir pour effectuer ses rappels. Le problème de la clef de contact avait été détecté dès 2001, mais GM a attendu février 2014 pour rappeler les véhicules concernés.

GM, qui a jusqu'au 3 avril pour produire des réponses à la NHTSA, fait profil bas dans les trois cas et assure collaborer. Il a aussi engagé une enquête interne.

De l'autre côté, le constructeur fait face à des plaintes de familles des victimes. Pour l'instant, aucun accord ni procès n'ont été annoncés.

Mais en fin de compte, tout comme Toyota l'avait fait avant lui en 2010, GM «va survivre à cette mauvaise publicité et repartir de l'avant même si les dégâts sont considérables», estime Jack Nerad.

S&P lui a conservé sa confiance, en maintenant inchangée sa note de solidité financière.