L'autopartage conventionnel - lancé en Amérique par Communauto - et la voiture en libre-service - initiée dans le monde par car2go - détourneraient les consommateurs américains des concessionnaires automobiles et des marchands de véhicules d'occasion. Un phénomène qui n'a toutefois pas gagné le Canada.

Aux États-Unis, chaque voiture empruntée à un service d'autopartage comme Zipcar ou à un parc de véhicules en libre-service comme car2go se traduit automatiquement par la perte de 32 ventes d'automobiles. S'ils n'avaient pas eu accès à ce genre de service, les Américains auraient acheté pas moins de 500 000 voitures neuves ou d'occasion entre 2006 et aujourd'hui.

C'est ce que soutient AlixPartners dans un rapport. Après avoir interrogé 2000 automobilistes utilisant l'autopartage ou le libre-service dans 10 grandes villes américaines, la firme de conseils et de consultants installée à Detroit estime que ces services ont un impact sur le marché automobile au sud de la frontière. Et que cet impact sera encore plus grand dans les années à venir.

À peine un million d'Américains pratiqueraient d'une manière ou d'une autre le partage de voitures. Ils pourraient cependant être quatre millions d'ici 2020, estime AlixPartners.

«Les faibles coûts et le peu de tracas que représentent ces services conduisent à leur adoption. Ce ne sont pas des considérations environnementales ou des manies qui dictent leur adoption. Ça ne doit donc pas être perçu comme une mode», a affirmé Mark Wakefield, directeur associé d'AlixPartners, à nos confrères d'AutomotiveNews.

Selon Mark Wakefield, les constructeurs automobiles auraient tort de minimiser cette sorte de concurrence. «Je pense qu'à l'avenir, cela aura un impact plus grand sur le marché que ce qu'imaginent les constructeurs.»

Aux États-Unis, la voiture en libre-service de car2go est implantée dans 9 villes, alors que Zipcar, plus grande entreprise d'autopartage, rayonne dans 26 villes.

Ce constat et ces perspectives chez nos voisins ne semblent pas concerner le marché automobile canadien.

«J'oserai dire que l'on ne voit pas d'effets néfastes de l'autopartage sur le marché canadien. Je n'ai pas eu connaissance d'effet négatif sur les ventes de voitures au pays d'un océan à l'autre», affirme Richard Gauthier, président de la Corporation des associations de détaillants d'automobiles du Canada.

Il en veut pour preuve le record de ventes de tous les temps établi l'an dernier. «Le marché américain est substantiellement différent du nôtre. Et il n'a pas retrouvé encore son rythme d'avant 2008. Chez nous, 2014 va être similaire à l'an dernier, peut-être même meilleure. Et on entrevoit une reprise de la location», dit-il.

Pour ce dernier, l'autopartage et le libre-service concernent seulement les grands centres-villes du pays que sont Toronto, Vancouver et Montréal. «Ce n'est pas suffisamment significatif pour influencer un marché comme le nôtre», conclut M. Gauthier.

Sans autopartage ni libre-service, les Américains achèteraient 1,2 million de véhicules de plus entre 2006 et 2020, selon AlixPartners.

Environ 48 % des utilisateurs américains de l'autopartage et du libre-service finissent par ne pas acheter ou vendre de voiture, selon AlixPartners.