Renault et son partenaire Nissan ont jeté mardi les bases d'une alliance internationale avec le japonais Mitsubishi Motors, qui pourrait conduire à la fabrication en commun de véhicules et à des partages de technologies.

L'alliance franco-japonaise a dévoilé avoir signé une lettre d'intention avec Mitsubishi le mois dernier et explorer plusieurs pistes pour étendre la coopération qui existe déjà entre Nissan et Mitsubishi dans plusieurs domaines, dont celui des mini-véhicules, des voitures de moins de 660 cc très appréciées au Japon.

«Cette collaboration vise à étendre la couverture géographique des véhicules des trois partenaires et à exploiter les capacités de production dans les usines», selon un communiqué.

Renault devrait dans un premier temps fournir deux types de berlines à trois volumes (tricorps) à Mitsubishi Motors, qui les vendra sous la marque Mitsubishi. Le premier modèle, une grosse berline familiale, serait produite par la filiale sud-coréenne de Renault dans l'usine de Busan et vendue «aux États-Unis et au Canada». Suivra une berline compacte «dont le lieu de production est encore en discussion» et «d'autres projets seront par la suite étudiés».

Les trois constructeurs envisagent aussi «de réaliser un partage de technologies sur le véhicule électrique et les plateformes de dernière génération». Renault et Nissan ont beaucoup misé sur l'électrique et Mitsubishi possède aussi ce type de véhicule dans sa gamme.

La coentreprise déjà existante entre Nissan et Mitsubishi Motors, appelée NMKV, développera un petit véhicule à partir de leur plateforme commune dans les mini-véhicules, avec une version électrique. «Les détails concernant ces produits, leur production et les marchés pour lesquels ils seront destinés seront précisés ultérieurement», selon le communiqué.

«partenariat purement technologique»

«On est encore très en amont», a expliqué une porte-parole de Renault et il faudra certainement attendre encore plusieurs années avant de voir apparaître sur le marché des véhicules issus de ce rapprochement.

Cette alliance va avant tout profiter à Mitsubishi Motors qui fait figure de petit poucet dans le paysage automobile mondial avec moins d'un million d'unités vendues l'an dernier, estime Carlos da Silva, analyste chez IHS Automotive. «Mitsubishi Motors est spécialisé dans les SUV et l'Asie. Il n'est ni assez gros, ni assez international», juge l'analyste. Mais ce rapprochement devrait lui permettre de se renforcer aux États-Unis et de réaliser des économies d'échelle en profitant des plateformes de l'Alliance, poursuit-il.

Il apporte une pierre de plus à l'édifice Renault-Nissan, qui pointe déjà parmi les cinq plus grands constructeurs automobiles mondiaux en intégrant les ventes du Russe Avtovaz que l'alliance est en train d'absorber et qui bénéficie aussi du soutien de l'allemand Daimler.

Ceci «va générer de nouvelles opportunités pour Renault en plus des bénéfices tirés de la coopération existante entre Nissan et Mitsubishi», se réjouit le PDG de Renault Nissan, Carlos Ghosn, cité dans le communiqué. Le président de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko, espère de son côté «tirer les bénéfices des prochains projets réalisés en commun».

Il n'est pas question en revanche de recourir à des prises de participations croisées, comme cela a été le cas entre Renault et Nissan et avec Daimler. «C'est un partenariat purement technique et technologique, il n'est pas question d'accord capitalistique», a fait savoir un porte-parole de Mitsubishi Motors.

Ce rapprochement ne remet pas non plus en cause les coopérations existantes entre le japonais et PSA Peugeot Citroën, a assuré ce porte-parole. Mitsubishi Motors fournit des citadines électriques au Français vendues sous les marques Peugeot et Citroën. Ils travaillent aussi ensemble dans le segment des SUV et possèdent une usine commune en Russie. Les deux groupes avaient envisagé en 2010 de nouer une alliance capitalistique, mais le projet avait tourné court. PSA s'est allié depuis avec l'américain General Motors.